Zaoui sous le coup d’une expulsion

Même blanchi par la Cour suprême de Nouvelle-Zélande

Zaoui sous le coup d’une expulsion

par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 7 février 2005

L’ancien dirigeant du Front islamique du salut (FIS dissous) Ahmed Zaoui est menacé d’expulsion, si sa présence en Nouvelle-Zélande constituerait un risque pour la sécurité de ce pays. C’est la raison retenue par les services de sécurité néo-zélandais pour renvoyer l’ancien élu du FIS dans un pays tiers ou éventuellement en Algérie, selon la presse néo-zélandaise.

Ayant obtenu le statut de réfugié en août 2003 et étant blanchi de soupçons de terrorisme, M. Zaoui, 44 ans, avait été libéré récemment sur décision de la Cour suprême néo-zélandaise après deux ans de détention dans une prison de haute sécurité à Auckland, sans la moindre accusation.

Il a été incarcéré au motif qu’il représentait une menace pour la sécurité nationale, une charge qui reposait sur des soupçons classés secrets fournis par les services de renseignements français, selon lesquels il serait lié au Groupe islamique armé (GIA).

Le procureur général, M. Terence Arnold, cité par le journal New Zealand Herald, a affirmé avant-hier que sa libération n’empêchait pas pour autant le gouvernement d’envisager son expulsion si sa présence sur le sol néo-zélandais constituait une «réelle menace» pour la sécurité nationale.

Le ministère public avait introduit, hier, un recours auprès de la cour d’appel de Wellington pour qu’elle se prononce en faveur de son expulsion vers l’Algérie au cas où cette procédure s’avérerait être la seule issue pouvant éviter à Zaoui d’être une menace.

L’audience est prévue, a fait savoir Me Arnold, au mois d’avril prochain. Selon le procureur Sian Elias, représentant le ministère public, «il n’est pas concevable de laisser les choses en l’état» et que le cas de M. Zaoui «devrait être définitivement réglé».

Toutefois, selon ses avocats, il est du ressort de l’inspecteur général des renseignements et de la sécurité, Paul Neazor, de fournir à l’ancien dirigeant du FIS dissous une copie de l’attestation de risque pour la sécurité qui a servi à son incarcération et dans laquelle figurent les motifs de cette menace justifiant son éventuelle expulsion.

Lors de sa détention, ni lui ni son avocat n’ont eu accès à ce document avant qu’il ne soit annulé par la haute cour pour sa «partialité manifeste». Gardée secrète, cette attestation n’a pas été présentée par les services de sécurité à la justice, lors de l’incarcération de Zaoui en décembre 2002.

Mais, cette fois, souligne Me Deborah Manning, son avocate, Neazor est tenu, conformément à la loi sur l’immigration néo-zélandaise, de présenter lors de l’audience de la cour d’appel le document pour apporter la preuve que son client constitue une menace.

Me Manning a estimé que la cour d’appel ne pourrait rendre son verdict qu’à la fin de l’année, étant donné que plusieurs témoins venant de l’étranger seront appelés à la barre durant les audiences, précisant que la cour aura à se prononcer sur la validité de l’attestation de sécurité.

Hébergé depuis sa libération dans un centre caritatif épiscopal à Auckland, M. Zaoui bénéficie d’un large soutien de la classe politique locale et des associations de défense des droits civiques. Il fait toutefois, selon le quotidien New Zealand Herald, l’objet de surveillance des services de sécurité et de renseignement néo-zélandais qui ont, indique le journal, mis son téléphone sous écoute.

Z. M.