Protection des droits de l’enfant

PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT

L’Algérie épinglée

Le Soir d’Algérie, 24 juin 2012

Le Comité des Nations unies des droits de l’enfant a épinglé l’Algérie sur un nombre important de points relatifs au non-respect des droits de l’enfant. Le Comité se dit notamment préoccupé par le fait que les enfants nés hors mariage se voient souvent refuser le nom de famille de leur mère. Il mettra aussi l’accent sur le fait que les mères soient obligées d’obtenir l’accord d’un juge de la famille afin de transmettre leur nationalité à leurs enfants.
F.-Zohra B. – Alger (Le Soir) – Le Comité de l’ONU a établi un rapport sur l’Algérie lors de sa session du 29 mai au 15 juin dernier. Il a passé en revue notamment, la situation des droits de l’enfant, relevant un grand nombre de lacunes qui pénalisent et portent atteinte au bien-être de cette tranche vulnérable de la société. Ainsi, le comité, tout en se félicitant de l’amendement du code de la nationalité en 2005, donnant aux femmes algériennes le droit de transmettre leur nationalité à leurs enfants nés d’un père étranger, «constate avec préoccupation que dans certains cas, cependant, les mères algériennes doivent obtenir l’accord d’un juge de la famille afin de transmettre leur nationalité à leurs enfants». Le Comité s’est dit également préoccupé par le fait que les enfants nés hors mariage se voient souvent refuser de prendre le nom de famille de leur mère et sont enregistrés avec deux noms de famille. «Une situation qui conduit à leur identification comme des enfants nés hors mariage et de leur stigmatisation ultérieure», commentent les membres du comité. Ils se disent également préoccupés par le fait que dans certaines villes, «les familles berbères soient privées de leur droit d’inscrire leurs enfants sous un nom amazigh». Par ailleurs, et si le comité se félicite du processus de généralisation de l’éducation préscolaire initiée par le ministère de l’Education, du programme pilote de dépistage précoce et l’éducation préscolaire pour les enfants souffrant d’un handicap, il constate avec regret que certaines des recommandations qui y sont contenues n’ont pas été pleinement prises en compte. L’instance de l’ONU prie donc instamment l’État algérien à «prendre toutes les mesures nécessaires pour donner suite aux recommandations figurant dans les observations finales du deuxième rapport périodique en vertu de la convention qui n’ont pas été mises ou pas assez en œuvre». Le Comité recommande aussi d’accélérer le processus d’adoption du code de protection de l’enfance et de veiller à ce que les organisations de la société civile et les enfants soient pleinement impliqués dans les étapes d’élaboration à venir du présent code. Ceci tout en demandant l’abrogation sans délai du code de la famille et toutes les autres dispositions qui sont discriminatoires à l’égard des filles et des femmes et qui ont un impact négatif sur tous les enfants, telles que les dispositions juridiques concernant la garde des enfants, l’héritage, le divorce, la polygamie et la répudiation. Le rapport dénonce, par ailleurs, «le rejet social et la stigmatisation qui conduisent souvent les femmes et les filles enceintes hors mariage à recourir à l’avortement clandestin au péril de leur vie à abandonner leurs enfants ou à vivre dans la rue sans aucune autre possibilité que de se prostituer pour nourrir leurs enfants». Le Comité évoque également les châtiments corporels qui, observe-t-il, «demeurent largement acceptés dans la société algérienne et couramment utilisés comme mesure disciplinaire dans les écoles et ailleurs».
F.-Z. B.