Le 2e congrès de la LADDH est fixé pour le 15 septembre
LE 2E CONGRES DE LA LADDH EST FIXE POUR LE 15 SEPTEMBRE
«L’amnistie doit être une suite logique de la paix»
Le Quotidien d’Oran, 10 avril 2005
«Les cicatrices de la décennie 90 ne vont pas se fermer sur une simple décision d’amnistie générale», a déclaré, hier, Me Ali Yahia Abdennour, président de la Ligue algérienne pour la défense des Droits de l’homme (LADDH). Il faut, selon lui, «instaurer la paix d’abord», ensuite envisager «peut-être» une amnistie qui doit découler d’un processus de «vérité et justice» pour mettre à plat «tout ce qui s’est passé durant les années 90», a-t-il ajouté lors de la conférence de presse, organisée au siège de la LADDH, en compagnie d’autres membres de la ligue dont son vice-président, Me Hocine Zehouane et le Dr Kamel Daoud.
L’objet principal de la conférence de presse était d’annoncer la date du 2e congrès de la LADDH qui se tiendra les 15 et 16 septembre prochains et qui sera précédé, le 9 juin 2005, d’un pré-congrès. Ces échéances ont été arrêtées lors de la réunion des bureaux de wilaya de la ligue qui s’est déroulée les 6 et 7 avril derniers à Alger. Le congrès s’annonce déjà avec une contrainte financière. A ce propos, la LADDH compte, bientôt, lancer «un appel à contribution» (financière) à l’attention des Algériens. Sur le plan de la représentation, la LADDH juge sa couverture de «respectable» tout en avouant une «faiblesse dans les wilayas de l’Est du pays». Me Zehouane a expliqué que «la ligue a sciemment refusé la structuration selon le système pyramidal de l’organisation pour éviter toute bureaucratie, et a préféré faire confiance à ses membres dans la gestion de leurs activités».
Par ailleurs, Me Ali Yahia Abdennour estime que le prochain congrès (le premier a eu lieu en 1989) doit marquer «une autre étape dans la lutte pour les Droits de l’homme en Algérie» et de faire en sorte, notamment, que ces principes «soient acceptés par tous les Algériens». Tout en faisant siens les principes universels des Droits de l’homme, la LADDH compte élaborer une «charte de refondation des Droits de l’homme». Ce sera sa contribution et sa «part d’humanité» dans le chapelet de principes qui ont été «adoptés pendant que nous étions sous le joug de la domination coloniale», a expliqué Me Zehouane qui constate que le discours dominant en matière de Droits de l’homme «impulsé par la mondialisation» ne «s’adresse pas à nos sociétés». D’où l’idée d’«ajouter notre vision et notre perception des droits humains selon notre culture, nos principes et notre religion», a ajouté Me Ali Yahia.
Sur les questions d’actualité, les conférenciers ont également évoqué celles relatives à l’amnistie et à l’état d’urgence.
Outre le fait que l’état d’urgence «interdit les libertés démocratiques d’expression, de réunion et d’exercice du droit syndical», le président de la LADDH a rappelé que ce régime est «illégal» étant donné qu’il a été «indéfiniment décrété» et «sans l’avis de l’APN». Par ailleurs, il a noté la contradiction dans le discours officiel qui fait de la «menace terroriste» un argument pour le maintien de l’état d’urgence tout en déclarant que le «terrorisme est vaincu».
A propos de «l’amnistie générale», la LADDH estime que «la démarche du pouvoir aura pour conséquence de transférer la crise à d’autres générations et non pas de la régler».
Pour Me Ali Yahia Abdennour, «l’amnistie ne peut être que la suite logique de la paix». C’est cette dernière qu’il faut décréter «en ouvrant les médias publics à un large débat sur la crise des années 90, ses origines et ses conséquences». Un débat auquel «devrait prendre part l’ensemble de la classe politique et de la société civile» afin de dégager des «solutions politiques à la crise» et, éventuellement, donner lieu à la constitution d’une «commission» qui devra prendre en charge les «violations aux Droits de l’homme» qui ont été perpétrées durant la précédente décennie.
Une sorte de commission de «vérité et justice» pour «faire état de tous les crimes contre l’humanité qui ont été perpétrés durant cette période aussi bien par le terrorisme islamiste que celui de l’Etat», a déclaré le président de la LADDH en rappelant l’imprescriptibilité de ces crimes (tortures, massacres collectifs, disparitions et viols). A cet effet, il propose de méditer l’exemple argentin «où le nouveau président a fait annuler la loi d’amnistie avant de mettre en prison l’ex-président Videla et 17 autres généraux», conclut-il.
Mohamed Mehdi