L’état d’urgence était proclamé

IL Y A 12 ANS

L’état d’urgence était proclamé

L’Expression, 9 février 2004

«Le maintien de l’état d’urgence est une forme d’atteinte aux droits de l’homme.»

Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh), Me Ali Yahia Abdenour anime aujourd’hui au siège de son organisation une conférence-débat sur l’état d’urgence. Le premier responsable de la Laddh n’arrête pas de tirer à boulets rouges sur les autorités du pays en disant que «le maintien de l’état d’urgence est une forme d’atteinte aux droits de l’homme». Douze ans après l’instauration de l’état d’urgence par le défunt Mohamed Boudiaf, d’autres voix ne cessent de s’élever réclamant la nécessité de la révision immédiate du décret de 9 février 1992 pour garantir le passage à la fondation d’un Etat de droit.
La levée de l’état d’urgence constitue l’un des points cités par le FFS dans son mémorandum «pour l’avènement d’une deuxième République». Dans l’une de ses sorties médiatiques à l’extérieur du pays, l’ex-leader du FIS dissous, Abassi Madani, dans son plan intitulé «Le règlement définitif de la crise algérienne», a également considéré la question de la levée de l’état d’urgence comme un premier pas vers la résolution de la crise. D’autres partis politiques, à savoir le PT de Louisa Hanoune et le MSP, n’ont pas hésité de leur côté à formuler le même avis.
Le premier responsable de l’institution militaire, en l’occurrence le chef d’état-major Mohamed Lamari, s’est dit favorable à la levée de la disposition en question.
Me Ali Yahia Abdenour, a dit dans ses précédentes déclarations que «la levée de l’état d’urgence est, pour la Laddh, une condition préalable pour la tenue de ce scrutin». A cet égard, l’ONG algérienne des droits de l’homme a initié une pétition pour «dénoncer le maintien de l’état d’urgence qui bloque l’ouverture des champs politique et médiatique». Les candidats à la prochaine présidentielle, qui sont invités à cette rencontre, se trouveront certainement face à l’une des questions épineuses qui restent à ce jour sans résolution. Du côté des organisations et institutions internationales, le sous-secrétaire d’Etat américain chargé de la démocratie et des droits de l’homme, M.Lorne W.Craner, s’est également montré content quant à la concrétisation de cette initiative. «Je crois que le temps est venu pour que l’Algérie se pose la question si la levée de l’état d’urgence pourrait se faire comme une étape complémentaire pour le développement de la démocratie en Algérie», a-t-il déclaré. A l’occasion, donc, du douzième anniversaire de la proclamation de l’état d’urgence, les autorités algériennes sont appelées une nouvelle fois à la révision du décret du 9 février 1992 afin de se conformer aux normes internationales relatives aux droits de l’homme.

Ali TITOUCHE