Me Dabouz : “Les conditions d’une amélioration n’existent pas”
Situation des droits de l’homme en Algérie
Me Dabouz : “Les conditions d’une amélioration n’existent pas”
Liberté, 12 décembre 2016
Le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh), Me Salah Dabouz, tire la sonnette d’alarme et avertit sur la situation “désastreuse” des droits de l’Homme en Algérie.
Lors d’un point de presse animé, avant-hier, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits de l’Homme, à Alger, l’avocat n’a pas tari de critiques envers le pouvoir politique à qui il endosse toutes sortes d’atteintes aux libertés. Après avoir passé en revue les “multiples” dépassements et violations, l’avocat a lancé un vrai cri de détresse. Pour lui, ce n’est pas uniquement les violations répétées des libertés qui “inquiètent”, mais aussi et surtout “le fait que les conditions pour améliorer cette situation soient inexistantes”. Il a estimé que les atteintes se situent à deux niveaux. D’abord, celles où les institutions de l’État s’illustrent en la matière. Il a cité le cas des événements de Ghardaïa qui continuent de livrer “des révélations fracassantes”. Il fait référence aux déclarations de responsables au sein de l’État, à l’image d’Ahmed Ouyahia, d’Amar Saâdani et du wali de la localité. “Leurs déclarations confirment parfaitement ce que disaient les détenus, notamment Kamel Eddine Fekhar”, a indiqué l’avocat, soulignant que le Dr Fekhar avait “évoqué une violence dirigée et planifiée par certains cercles occultes”. Me Dabouz a rappelé qu’Amar Saâdani, ex-SG du FLN, a accusé le général Toufik d’être derrière les douloureux événements de Ghardaïa. “Le Dr Fekhar a déposé plusieurs plaintes pour coups et blessures, violation de domicile, mais en vain”, a fait savoir l’avocat, ajoutant que les doutes exprimés sur l’impartialité de la justice deviennent, ainsi, “justifiés”. Il a cité le cas du président de la section de la Ligue d’Oran, Mansri Ahmed, qui, selon lui, “était torturé dans les locaux de la police”. Me Dabouz souligne que ces violations ne sont pas l’apanage des institutions, car, a-t-il ajouté, une autre forme de violation des libertés se commet par les lois. Il a tiré l’alarme sur le fait que le pouvoir s’attelle à produire des lois qui “légalisent l’atteinte aux droits de l’Homme”. Pour le président de la Laddh, les amendements apportés au code de procédures pénales comprend de graves atteintes aux droits de la défense. Il a évoqué, par ailleurs, le cas de Slimane Bouhafs, emprisonné, selon lui, non pas pour atteinte à l’islam, mais “pour cause de sa chrétienté”. Il a rappelé que le détenu “a été arrêté en début d’après-midi et jugé quelques heures après”, ce qui constitue “une violation flagrante des procédures”. Sur un autre volet, il a informé qu’il déposerait plainte contre le wali de Ghardaïa, Mechri Azeddine, au courant de cette semaine, pour “diffamation, divulgation de secrets d’instruction, tentative d’influence de la justice, abus d’autorité et incitation à la violence”. L’avocat a précisé que plusieurs personnes se sont rapprochées de lui afin, lui disaient-elles, de trouver “un arrangement avec le wali”. Me Dabouz dit avoir rejeté “l’offre”, soulignant que le problème “n’est pas personnel, tant il concerne la situation à Ghardaïa”.
Mohamed Mouloudj