Les patriotes sont de retour

LUTTE ANTITERRORISTE

Les patriotes sont de retour

L’Expression, 27 Décembre 2007

Leur efficacité repose sur une longue expérience et une parfaite connaissance du terrain.

Pour mettre en évidence les nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme et combler les «failles» dans le système sécuritaire, constatées après les attentats kamikazes du 11 décembre dernier dans la capitale, les autorités chargées de la lutte antisubversive ont décidé de «réarmer» les éléments de l’autodéfense, selon des sources bien informées.
Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, avait, sans faire allusion aux défaillances, évoqué, lors de son intervention après les lâches attentats perpétrés devant le siège du Conseil constitutionnel, à Ben Aknoun, et celui du HCR et du Pnud, à Hydra, «une baisse de vigilance», alors que Ali Tounsi, patron de la Dgsn, avait menacé de procéder à une opération de «purge» dans sa propre structure.
En réalité, le Gspc, ou ce qu’on appelle aujourd’hui Al Qaîda aux pays du Maghreb islamique, a mis à profit le vide faisant suite à la démobilisation des éléments de l’autodéfense.
Ces derniers, même encore actifs dans une douzaine de maquis ont dû, pour la plupart d’entre eux, remettre leurs armes à l’Etat dans le cadre de la Réconciliation nationale. La décision de démobiliser cette structure semble, selon les mêmes sources, avoir été «hâtive». Et des signes de défaillance n’ont pas tardé à se faire remarquer. Raison pour laquelle les forces de sécurité s’accordent à faire appel, une nouvelle fois, aux éléments de cette structure qui a, à ne pas en douter, prouvé son efficacité et sa capacité d’agir en conséquence.
Exerçant essentiellement au niveau des villages les plus reculés de l’Algérie profonde, les éléments de l’autodéfense ou patriotes dépendent directement de l’Armée nationale populaire. Leur efficacité repose sur une longue expérience et une parfaite connaissance des lieux. Ils se sont distingués -leur composante est constituée d’anciens moudjahidine- par leur instinct préventif d’exception et ce, depuis la création de cette structure entre 1993 et 1994. Selon un quotidien arabophone, on compte plus de 100.000 hommes, dont 500 sont morts soit dans des accrochages ou encore lors d’attentats des GIA et du Gspc. En 2003, c’est un patriote qui avait joué le rôle d’intermédiaire entre les autorités militaires et Hassan Hattab, lequel avait exprimé sa volonté de rompre avec les activités subversives.
Dans la région de Jijel par exemple, L.Mohamed dit «Cinq», un ancien moudjahid, décédé il n’y a pas longtemps, d’une crise cardiaque, avait joué un important rôle dans la reddition de plusieurs éléments du Gspc et d’aucuns n’oublieront Mekhfi Ben Mekhfi.
A de nombreuses occasions, le chef de l’Etat, l’ex-chef de gouvernement, Ahmed Ouyahia, et le ministre de l’Intérieur ont eu à rendre hommage et salué le courage et l’efficacité «incontestables» des éléments de l’autodéfense.
Les mêmes sources ont tenu à souligner que le désengagement des troupes de cette structure a eu pour conséquence la révision de tout le modèle du terrorisme qui, désormais, obéit à la stratégie criminelle d’Al Qaîda, adoptant des tactiques d’attentats kamikazes et à la voiture piégée, comme en Irak, en Afghanistan et au Pakistan.
Le retour des patriotes va certainement contribuer à combler les brèches, mais aussi à couper l’herbe sous les pieds des hors-la-loi.
Cela permettra également l’exploitation maximale de tout renseignement en vue de démanteler les réseaux logistiques d’Al Qaîda perçus comme la véritable menace.

Ikram GHIOUA