Les gardes communaux se concertent à Blida
El Watan, 10 juillet 2012
Pourchassés de la capitale, des centaines de gardes communaux contestataires se retrouvent à Blida pour réfléchir de la prochaine action à entreprendre.
Les gardes communaux qui ont essayé de marcher hier, lundi, sur la capitale, ont dû rebrousser chemin au cours de la nuit dernière pour regagner Blida, point de départ de leur marche à pied qu’ils ont voulu « symbolique et pacifique ». « On a fait le recul vers Blida durant la nuit car il s’est avéré impossible d’avancer vu le dispositif sécuritaire mobilisé au niveau de Birkhadem», a déclaré à El watan.com M.lehlou Aliouat, délégué des gardes communaux.
Le bras de fer qui a duré plusieurs heures entre gardes communaux –quelques 45 000 selon leur délégué- et les forces de sécurité s’est soldé par 400 arrestations selon la même source (150 sont libérés pour l’instant) et une soixantaine de blessés dans le rang des gardes communaux. « Les gardes communaux sont tous à Blida. Nous avons dû reculer hier mais nous n’abandonnons pas nos revendications », précise notre interlocuteur.
Une missive à l’adresse de la présidence
Une délégation de gardes communaux sera reçue aujourd’hui au niveau du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, non seulement pour présenter les revendications de ce corps- lesquelles sont déjà connues- mais surtout pour tenter un contact avec la présidence.
« Nous avons un rendez-vous aujourd’hui avec le secrétaire général du ministère de l’intérieur et nous allons faire de sorte à saisir à cette occasion la présidence », précise M.Lahlou Aliouat.
En marchant hier sur Alger, les gardes communaux voulaient justement interpeller le président de la république à réagir face à la situation d’un corps qui a été à l’avant-garde durant les années du terrorisme (la garde communale fut créée en 1994).
Les revendications de ce corps paramilitaire, rappelons-le, s’articulent autour de la révision du statut du garde communal de manière à ouvrir droit à une meilleure situation socioprofessionnelle.
Mina Adel
Après une longue marche de Blida vers Alger : les gardes communaux affrontent la police
Des gardes communaux ont été blessés, hier à Alger, lors d’affrontements avec les brigades antiémeute relevant de la Sûreté nationale.
D’autres ont été interpellés. Leur tentative d’atteindre le siège de la Présidence à Alger a été avortée. Mais ils ne comptent pas baisser les bras. Ils appellent à la concrétisation des promesses faites par le ministère de l’Intérieur en 2011. Se sentant bernés par la tutelle et abandonnés par la classe politique, les gardes communaux, corps constitué en 1994 en pleine période de violence terroriste, ont décidé d’organiser une marche symbolique et pacifique sur Alger.
Entre un rassemblement à El Mouradia, aux portes de la présidence de la République, ou en plein centre de la capitale, les encadreurs des gardes communaux ne veulent pas préciser, pour des «raisons tactiques». Partis de Blida vers 4h du matin, les gardes communaux, déjà en rassemblement de protestation depuis le 26 juin dans la même ville, ont décidé de rejoindre la capitale à pied. Ils ont marché en groupes dispersés tout au long de l’axe autoroutier Blida-Alger. Selon le délégué national représentant la wilaya de Bouira, Aliouat Lahlou,
«45 000 éléments ont répondu à l’appel afin de porter haut leurs revendications». Le nombre réel des contestataires avoisine vraisemblablement les 10 000. Munis de drapeaux algériens et de banderoles, les protestataires se retrouvent aux portes sud de la capitale vers 12h.
Après des dizaines de kilomètres parcourus, les unités républicaines de sécurité (URS) et les brigades antiémeute les attendent de pied ferme au niveau de la passerelle de Birkhadem. Ils étaient environ 2500 policiers postés des deux côtés de l’autoroute Alger-Blida. Plus de 200 fourgons et un canon à eau étaient, a-t-on constaté sur place, stationnés à proximité du marché de la localité. Vers 16h30, des altercations éclatent entre le premier peloton des gardes communaux et les policiers. Les affrontements se seraient soldés, selon Aliouat Lahlou, par l’arrestation de 400 agents et 100 autres blessés. Toujours sur les lieux, des jeunes issus des quartiers jouxtant l’autoroute se mettent de la partie. Ils se solidarisent avec les gardes communaux. Certains entrent même en confrontation directe avec les brigades antiémeute. Des pierres sont lancées de part et d’autre. Les revendications de ce corps paramilitaire, rappelons-le, s’articulent autour de la révision du statut du garde communal.
«Nous sommes actuellement considérés comme des agents administratifs. Nous sommes à la catégorie 6 de la grille de la Fonction publique. Nous ne sommes pas des administrateurs, mais des maquisards», explique Aliouat Lahlou. Il souligne que «contrairement aux militaires, un garde communal ne peut pas prétendre à une retraite anticipée». De plus, ajoute-t-il, «nous n’avons jamais été payés pour nos heures supplémentaires… Le ministère de la Défense nous refuse l’entrée dans les hôpitaux militaires, alors que nous avons combattu les hordes sanguinaires dans les montagnes et les coins les plus reculés du pays».
Au moment où nous mettons sous presse, les échauffourées se poursuivent. L’autoroute Alger-Blida est restée fermée dans les deux sens. Entre Bir Mourad Raïs et Birkhadem, la circulation automobile a été fortement perturbée.
Bsikri Mehdi
Le décret de mai 2011 aux oubliettes
la garde communale sans statut
Les agents de la garde communale sont dans la précarité. Leur dossier semble être oublié, depuis la mise en vigueur de la charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Ce texte, adopté le 29 septembre 2005, a enterré toute voix rappelant le triste vécu durant la décennie noire. Pourtant, 94 000 agents se débattent aujourd’hui dans des conditions difficiles pour défendre leurs droits, après avoir «été sacrifiés», disent leurs représentants «au profit de ceux que nous avons battus hier». La garde communale a été créée en 1994 pour renforcer les rangs de l’armée dans la lutte antiterroriste. «Nous avons été la chair à canon. Nous avons participé aux opérations de ratissage, au même titre que les éléments de l’ANP, nous avons perdu les nôtres et, aujourd’hui, nous sommes réduits à la mendicité, nous n’existons même pas en tant que corps armé», rappellent les agents de la garde communale.
La marche organisée sur Alger le 7 mars 2011 par un millier d’agents a été l’occasion pour les effectifs de cette corporation de revendiquer un statut «digne des sacrifices consentis». Une démonstration de force pour mettre le gouvernement devant ses responsabilités, et prêter une oreille attentive aux doléances de ces agents en quête de «conditions de vie plus humaines». Cette amélioration ne peut se concrétiser sans la promulgation d’un statut permettant à ces agents d’être reconnus en tant qu’éléments de l’Armée nationale populaire, c’est-à-dire intégrés parmi les effectifs sous la tutelle du ministère de la Défense nationale. La marche de mars a été, surtout, le point de départ d’un mouvement de protestation visant à répondre avec force aux informations faisant état de l’intention de dissoudre carrément cette corporation.
C’était donc un message fort, nécessitant une réponse urgente de la tutelle. Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a répondu que la réorganisation de cette corporation a été prévue. La garde communale relèverait, dorénavant, du ministère de la Défense. Cette annonce s’est consolidée avec la publication, dans le Journal officiel, le 26 mai de la même année, d’un décret présidentiel portant sur le placement de la garde communale sous la tutelle du ministère de la Défense. «C’est plutôt une mesure visant à apaiser la protestation parmi ces agents», commente M. Aliouat, délégué de Bouira.
Dans la réalité, selon les même protestataires, «il n’y a aucune trace de ce texte, signé pourtant par le Premier magistrat du pays. Les pouvoirs publics n’ont émis aucun texte d’application». Déterminés à poursuivre leur action, les gardes communaux revendiquent un statut «qui prenne en considération le caractère armé de leur fonction». Il faut savoir que ces agents sont actuellement considérés, officiellement, comme des agents de la Fonction publique. La moyenne de leurs salaires ne dépasse pas 14 000 DA. Les veuves et les enfants des agents assassinés et ceux qui portent encore des signes d’invalidité physiques réclament un statut de victimes de terrorisme.
Fatima Arab
Sit-in devant le siège de la wilaya de Jijel
Des dizaines de gardes communaux, activant dans les différents détachements de la wilaya de Jijel, ont observé, hier, et pour la deuxième journée, un sit-in devant le siège de la wilaya.
Cette action a été décidée, selon des participants, pour marquer la solidarité des gardes communaux de Jijel avec leurs collègues de Blida, qui ont entamé, il y a une semaine, une grève de la faim. Les protestataires demandent, par ailleurs, le règlement par les pouvoirs publics de leurs revendications socioprofessionnelles.
Fodil S.