SOS Disparus accuse les chefs de l’armée et du DRS, dénonce l’impunité
Hadjer Guenanfa, TSA, 28 septembre 2015
SOS Disparus persiste et signe : les disparitions forcées entrent dans le cadre d’une politique menée par les chefs de l’armée et du DRS parallèlement à la lutte antiterroriste.
« L’analyse des informations laisse apparaître une flagrante similitude dans les circonstances des disparitions d’un bout à l’autre de l’Algérie. Il est dès lors difficile de croire que des disparitions aussi nombreuses (…) aient été perpétrées du fait isolé de ces agents, de manière non organisée et coordonnée », assure l’association dans son dernier rapport publié ce lundi 28 septembre, à la veille du 10e anniversaire de l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Dans cette lutte « anti-subversive », des « techniques de guerre illégale et secrète telles que la torture, les exécutions extrajudiciaires ou les disparitions forcées » ont été utilisées, selon la même source.
disparus
Amalgames entre disparus et terroristes
« On se bat pendant des années et les autorités ont répondu par des textes d’impunité. On pense qu’il y a encore des vivants parmi nos enfants disparus et d’autres qui sont morts sous la torture », affirme Nassira Dutour, porte-parole de l’association, lors d’une conférence de presse tenue à Alger.
SOS disparus a constitué 5 000 dossiers individuels en se basant sur les déclarations des familles et des témoins. « Aucune liste officielle des disparus n’a jamais été publiée et aucune enquête n’a jamais été menée sur leur sort », avance l’association dans le texte qui souligne que « les autorités algériennes ont toujours cultivé l’amalgame entre disparus et terroristes membres des groupes armés islamistes (…) SOS Disparus démontre que les 5 000 dossiers qu’il a constitués concernent les civils non armés ».
SOS disparus parle de 8 023 disparus. Les autorités évoquent 7 200 disparus du fait des agents de l’État. Les familles de 7 100 ont été indemnisées.
« L’État est coupable ! »
L’association donne plusieurs exemples dont celui d’El Kennar Nouchfi dans la wilaya de Jijel qui compte 59 disparus. « Cette petite commune de moins de 15 000 habitants occupe le rang de la 9e commune d’Algérie où SOS Disparus recense le plus de disparus », note la même source.
Plusieurs membres des familles de disparus sont intervenus lors de la conférence de presse.
« L’État est coupable ! Des mères ont même été violées dans les commissariats ! Au début, elles avaient honte de raconter », lâche une mère de disparus. « Il (le président de la République) nous a dit que nos enfants ne sont pas dans ses poches (…) Nos prières ont été entendues. On ne sait pas aujourd’hui s’il est mort ou vivant. », ajoute-t-elle.