Familles de disparus: Le rassemblement devant le ministère de la Justice dispersé

FAMILLES DES DISPARUS

Le rassemblement devant le ministère de la Justice dispersé

Le Quotidien d’Oran, 18 avril 2005

Un dispositif de sécurité assez important attendait hier les familles des disparus loin des alentours immédiats du ministère de la Justice pour empêcher la soixantaine de personnes qui, dès 9h du matin, ont pu répondre à l’appel de «SOS Disparus» de manifester devant le département de M. Tayeb Belaïz. Le cordon de sécurité a été placé loin du siège du ministère. Les manifestants, pour la plupart des mères et des épouses de disparus, ont été bloqués au niveau de l’avenue Ali Khodja (El-Biar). D’autres familles de disparus sont venues se joindre aux manifestants dont le nombre augmentait au fur et à mesure. Vers 10 heures, une promesse a été faite à Mme Fatima Yous, présidente de SOS Disparus, de pouvoir mener une délégation de deux personnes pour rencontrer un responsable au ministère. Au bout d’une heure et demie, un responsable de la sécurité au niveau du ministère de la Justice revient pour leur affirmer, finalement, qu’aucune rencontre n’aura lieu et leur propose de soumettre leurs doléances par écrit. Les familles sont, par la suite, invitées à se disperser. Devant le refus de ces dernières et leur insistance à vouloir rencontrer des responsables du ministère de la Justice, le ton des services de sécurité change. Les tentatives de disperser les familles de disparus se font plus musclées. Devant nous, un des manifestants, frère d’un disparu, a été sommé de «partir d’ici sinon tu seras embarqué avec ta voiture». Mme Yous et Mlle Lila Iril de l’ANFD étaient particulièrement visées. Elles ont failli êtres embarquées dans une voiture de police n’était-ce le regroupement autour d’elles de plusieurs autres manifestantes.

«A vrai dire, affirment les mamans, nous ne nous faisions pas d’illusion sur la réaction des autorités». D’ailleurs, l’appel au rassemblement n’était qu’une réponse aux déclarations de Me Farouk Ksentini qui affirmaient à plusieurs reprises que les familles devraient s’adresser à la justice.

Dans un communiqué signé par SOS Disparus et l’ANFD, rendu public dans l’après-midi d’hier, les deux associations font état d’insultes proférées par des agents de police. Les deux associations constatent que l’incident d’hier est une preuve de l’«absence de volonté» de la part des pouvoirs publics de prendre en charge sérieusement le dossier des disparus et réitèrent leur refus de l’amnistie générale.

Mohamed Mehdi