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Collectif des familles de disparu(e)s

Affaire de Nîmes : de contrevérités en contrevérités

SOS Disparu(e)s et le Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie (CFDA) s’indignent des accusations infondées et des propos mensongers tenus publiquement par Madame Saïda Benhabylès, Présidente du Mouvement féminin algérien de solidarité avec la femme rurale, quant à l’Affaire de Nîmes.

Par ce communiqué, nous voulons rétablir les faits à l’origine de cette affaire afin que la justice et la vérité soient établies. Le 30 mars 2004, suite à une plainte déposée au tribunal de Nîmes, par la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH), Abdelkader et Hocine Mohamed ont été mis en examen par le Juge Jorda. Plusieurs témoins algériens accusent ces deux ex-patriotes d’avoir assassiné, enlevé et fait disparaître leurs proches.

Madame Benhabylès indique (1) que cette mise en examen est imputable aux « accusations injustes » proférées par Monsieur Mohamed Smaïn, membre du comité directeur de la Ligue algérienne des défenseurs des droits de l’homme (LADDH), dans son livre « Relizane dans la tourmente, silence on tue . ». Pourtant, la parution du livre de Mohamed Smaïn a eu lieu en septembre 2004 alors que l’inculpation des frères Abdelkader a été effectuée le 30 mars 2004.

Non contente de critiquer le fondement de l’accusation, Madame Benhabylès remet en cause la bonne foi des témoins qui accusent les frères Mohammed. Elle sous-entend (2) ainsi que certains d’entre eux ont été payés en échange de leurs témoignages. Elle affirme maintenant qu’ils ont retiré leur propos, les accusant ainsi de faux témoignages. (3) Ces propos ne sont évidemment que pure calomnie. L’instruction de l’Affaire se poursuit, les proches de disparus maintiennent fermement leur témoignage, accusant les frères Mohammed. De plus, les témoins n’ont jamais reçu une quelconque rétribution en échange de leurs témoignages. Le quotidien Liberté (4) a lui aussi contesté la crédibilité des témoins en affirmant que l’un d’entre eux, Lahbib Aoun, bénéficie de l’asile politique alors qu’il est rentré en Algérie, et qu’il s’y trouve toujours, le lendemain de son audition par le Juge d’instruction, à Nîmes.

Cette Affaire permet à Madame Benhabylès de critiquer (5) le recours à des instances internationales, employé par des familles de disparu(e). Ce que Madame Benhabylès qualifie d’«internationalisation du problème des disparu(e)s » n’est pourtant que le résultat de l’impunité accordée par la justice algérienne aux auteurs de violations. L’affaire Draou-Ferrague en est une preuve. Une plainte avait été déposée par plusieurs familles de disparu(e)s, avec témoignages à l’appui, contre ces miliciens. Alors que les deux auteurs présumés de disparitions forcées devaient comparaître, le 20 février 2006, ils ont été remis en liberté provisoire, pour qu’un complément d’enquête puisse être effectué. Quelques jours plus tard, les textes d’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale les amnistiaient. C’est le cynisme de la justice algérienne qui pousse les familles de disparu(e)s à recourir aux instances internationales, afin que justice et vérité soient faites sur le sort de leurs proches.

Malgré des propos insultants de Madame Benhabylès quant à une soi disant manipulation des familles de disparu(e)s par les organisations qui les soutiennent, le Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie (CFDA) et SOS Disparu(e)s sont plus déterminés que jamais dans leur combat afin que la culture de la négation et de l’oubli cesse en Algérie.

Nassera Dutour,

Porte-Parole du CFDA

Fait à Alger le 26 juin 2006

 

1. Édition du 12-13 mai 2006, Liberté.

2. Ibid

3. Édition du 24 juin 2006, El Moudjahid.

4. Édition du 12-13 mai 2006, Liberté.

5. Édition du 24 juin 2006, El Moudjahid

 

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