Bouchachi appelle à faire du 7 avril «une journée nationale des disparus»

Un hommage a été rendu aux mères des victimes qui luttent depuis 20 ans

Bouchachi appelle à faire du 7 avril «une journée nationale des disparus»

El Watan, 8 avril 2018

L’avocat et militant des droits de l’homme, Mustapha Bouchachi, plaide pour la consécration du 7 avril «comme journée nationale des disparus».

Intervenant à l’occasion d’une cérémonie en hommage aux mères des victimes des disparitions forcées durant les années 1990, organisée hier au siège de l’association SOS Disparus, il affirme que cette journée devrait être une occasion pour rappeler «cette tragédie algérienne».

«C’est aussi un moyen pour défier le contenu des articles 45 et 46 de la charte pour la paix et la réconciliation nationale qui interdisent l’évocation de cette période sanglante de l’histoire du pays», lance-t-il, en saluant la lutte continue des familles des victimes pour la vérité. «Vous êtes restés comme un os dans la gorge du régime», déclare-t-il à l’adresse des mères et des parents des victimes des disparitions présents dans la salle.

Rappelant «la justesse de ce combat», Mustapha Bouchachi insiste sur la nécessité de faire connaître la vérité sur le sort des disparus. «Il faut que les auteurs des crimes reconnaissent leurs forfaits et que les victimes sachent la vérité.

C’est l’un des principes de la justice transitionnelle. Tous les responsables de cette situation ne doivent plus rester dans des postes de responsabilité», affirme-t-il, invitant les partis, les associations et les intellectuels à défendre la cause des familles de disparus.

«Ouvrir les tombes sous X»

Intervenant lors de la même occasion, Me Aissani réaffirme aussi son soutien à cette catégorie de victimes de la tragédie nationale. «L’histoire vous rendra justice. La vérité finira par jaillir», déclare-t-il.

S’exprimant à l’ouverture de cette cérémonie, la présidente de l’association SOS Disparus, Nacera Dutour, rappelle «le parcours du combattant» des familles des victimes qui ne cessent de réclamer, depuis 20 ans, «la consécration de l’Etat du droit». «Nous militons depuis 1998 pour la vérité.

Nous organisons des rassemblements hebdomadaires et nous appelons les sociétés civiles à soutenir notre cause. Mais il n’y a eu aucun écho», déplore-t-elle, en invitant les familles à ne pas perdre espoir.

Dans ce sens, Nacera Dutour réitère l’appel de l’association à l’ouverture des tombes des personnes enterrées «sous X» à El Alia (Alger), à Oran, à Constantine et à Tipasa. «La vérité peut jaillir de ces tombes», déclare-t-elle.

Affirmant que cette journée «est celle de la résistance», Hassan Ferhati, membre de SOS Disparus, appelle aussi à l’ouverture des charniers. «Il y a 3300 tombes sous X, selon des chiffres officiels communiqués en 2003. Pourquoi ne pas les ouvrir ?» demande-t-il.
Madjid Makedhi