Levée de sanctions contre les enseignants
CNES
Levée de sanctions contre les enseignants
Le Quotidien d’Oran, 22 mai 2006
Très attendue pour les turbulences que le secteur connaît depuis quelque temps, la rencontre de dialogue survenue, hier, entre le ministre de l’Enseignement supérieur et le CNES, syndicat des enseignants universitaires qui anime cycliquement la fronde, s’est soldée par deux résultats.
Le premier à effet immédiat et concret concerne la levée des sanctions infligées à six enseignants universitaires (5 à Sidi Bel-Abbès, 1 à Constantine) qui ont écopé, rappelons-le, d’une suspension de fonction. Le deuxième concerne l’engagement pris solennellement quant à la promulgation du nouveau statut général de la fonction publique au courant de cette année, duquel dépend tout le reste des statuts particuliers dont la révision sera synonyme de hausse salariale dans la majeure partie des cas. Ce sont là, les deux points inscrits à l’ordre du jour de la réunion qui s’est déroulée au siège du ministère avec la participation du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, et des membres du bureau national du CNES. La présence du ministre du Travail se présente comme une caution supplémentaire aux promesses de Rachid Harraoubia.
M. Ali Boukaroura, coordinateur national du syndicat, a exprimé sa satisfaction à l’issue de la réunion qui a matérialisé l’objectif de levée de sanctions contre les enseignants. Et enregistré des promesses fermes quant à la satisfaction de la plate-forme de revendications. «L’objectif primordial de cette rencontre a été atteint, à savoir l’accord de principe du ministre à geler les sanctions ordonnées contre nos collègues. Nous sommes optimistes quant à la satisfaction de la plate-forme de revendications. Le ministre a donné des indices qui seront approfondis à l’avenir lors de nos prochaines rencontres. Nous nous sommes entendus sur les questions qui restent en suspens, pour lesquelles des rencontres seront organisées incessamment. Notre combat continue dans le cadre des lois de la République, jusqu’à la prise en charge effective de nos droits», a-t-il dit. Il appréciera à sa juste valeur la présence de Tayeb Louh perçue comme un gage de bonne volonté qui témoigne de l’intention des pouvoirs publics à prendre en compte les doléances des enseignants. Le ministre de l’Enseignement supérieur confirmera aux syndicalistes que l’avènement du statut général de la fonction publique ouvrira la voie à l’élaboration de statut particulier pour chaque catégorie professionnelle.
De son côté, M. Louh a indiqué que ce statut s’inscrit dans le cadre global de la dynamique des réformes et ne concerne pas une seule catégorie professionnelle et qu’il est appréhendé en conformité avec les normes internationales et ce qui est usité dans les autres pays. Face à la mine dubitative du coordinateur du CNES quant au respect de l’engagement en ce qui concerne précisément le statut de la fonction publique (pour avoir traîné en longueur) – le dossier étant en débat depuis 1998 -, Tayeb Louh a eu des mots rassurants. Selon lui, le projet est très avancé. «Il n’y a aucun doute, le statut sera promulgué avant la fin de l’année», a-t-il dit. Invité à commenter le fait que certaines universités continuent d’observer la grève, notamment à Blida, Béjaïa, Boumerdès et Tizi Ouzou, en dépit de la décision de justice qui a prononcé l’illégalité du débrayage, le coordinateur du CNES s’est contenté de s’en remettre aux délibérations du conseil national du syndicat réuni le 11 mai dernier, qui a retenu de respecter le verdict de l’instance judiciaire.
Omar Sadki
Des examens annulés
Le climat est toujours tendu au sein des universités du Centre, de l’Ouest et celle de Mentouri à Constantine avec le blocage des examens avec le début de la 2ème semaine de grève. Les enseignants sont déterminés à poursuivre le mouvement jusqu’à satisfaction de leurs revendications. Et au sein du CNES, la dissension persiste entre les partisans et les contestataires du mouvement.
Le coordonnateur national adjoint, chargé du Centre, M. Farid Cherbal, qui a été limogé mercredi dernier avec deux autres membres du CNES, lors de la réunion du conseil national, a affirmé, hier, à propos de la rencontre avec le ministre, que «si dialogue il y aura, il doit être avec les représentants des enseignants en grève et non pas avec des personnes qui ne soutiennent pas le mouvement». Il rappellera, dans ce contexte, le retrait de confiance au coordonnateur national, décidé lors de la session du conseil national du CNES le 11 mai dernier. Concernant la grève au Centre, le même interlocuteur souligne que la grève se poursuit. «Nous avons entamé la 2ème phase avec le blocage des examens à l’université de Béjaïa, Jijel, Constantine, USTOran, Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme et l’Ecole nationale supérieure de Bouzaréah. Pour les autres universités, les examens sont programmés le 28 mai prochain». Dans un communiqué rendu public hier, la coordination de la région centre a dénoncé «l’agression de M. Arab Abdelaziz, enseignant à la faculté des sciences sociales, membre de la section CNES-Boumerdès, par les agents de sécurité de l’université de Boumerdès à l’entrée du département des sciences commerciales». Il est cité dans ce communiqué que «la coordination de la région centre dénonce énergiquement cette agression physique contre M. Arab Abdelaziz et incombe l’entière responsabilité au recteur de l’université de Boumerdès». La coordination centre dénonce aussi «la violation répétée du droit de grève et des libertés syndicales par le recteur de l’université. Elle appelle les enseignantes et enseignants en grève à organiser des marches dans les campus pour dénoncer cette agression contre notre collègue».
A l’Ouest, c’est le même climat tendu qui règne. Après une assemblée générale organisée en présence des enseignants grévistes, ces derniers ont tenu un sit-in devant la faculté des sciences et se sont dirigés, ensuite, vers le siège du vice-recteur chargé de la pédagogie. Selon le coordonnateur régional adjoint de l’Ouest, M. Mechab, les grévistes ont assisté à la faculté de droit à l’annulation d’un examen qui devait se tenir hier. M. Mechab a souligné en outre que «des rumeurs sur l’annulation des sanctions de suspensions des enseignants ont circulé le matin. Nous avons entendu dire que le conseil d’administration allait se réunir ce jour même pour la levée des sanctions». Pour M. Mechab, «le plus important actuellement est d’installer le mouvement de grève et d’inciter les pouvoirs publics à débloquer la situation par la prise en charge de toutes nos revendications. A l’université Mentouri de Constantine, les examens ont été bloqués hier à 95%, indique le coordonnateur de la section Est, M. Bessila. «Les seuls examens qui ont eu lieu ont été programmés par les chefs de département». Sur la rencontre avec le ministre, il a affirmé que «le fax du ministère sur la levée des sanctions a atterri le jour même à l’administration.
Pour les enseignants de l’université de Constantine, nous considérons cette décision contradictoire avec les déclarations faites la veille par le ministre de l’Enseignement supérieur signifiant que ce n’est pas de ses prérogatives d’intervenir au sujet des suspensions des enseignants».
B. Mokhtaria