Les étudiants menacent d’une grève illimitée

Ils veulent la satisfaction de toutes leurs revendications

Les étudiants menacent d’une grève illimitée

El Watan, 28 février 2011

L’entrée du ministère de l’Enseignement supérieur n’est plus assiégée par les centaines d’étudiants, mais la contestation n’est pas pour autant terminée. L’abrogation du décret n°10-315 du 13 décembre 2010 a apaisé la grande révolte, mais les étudiants ne semblent pas avoir dit leur dernier mot. Il n’y a pas eu de reprise des cours comme escompté par le ministère suite à la publication d’une instruction prévoyant un planning de discussions qui devait s’étaler sur une durée de quatre semaines.

Tout au long de la journée d’hier, les étudiants de différents campus et écoles ont tenu des réunions pour statuer et longuement hésité entre deux positions opposées : une reprise des cours jusqu’au 27 mars prochain avec une menace de grève si l’ensemble des revendications ne sont pas satisfaites ou bien le maintien d’une grève illimitée jusqu’à avoir une garantie de voir l’abrogation du décret en question se traduire par une satisfaction immédiate sur le terrain.

La majorité semble avoir opté pour la seconde option. «Le ministère veut gagner du temps pour affaiblir notre mouvement», explique Aboubeker Kensab, délégué de l’Ecole nationale des travaux publics (ENTP). Et d’ajouter : «La majorité des délégués ayant pris part à la réunion d’aujourd’hui (dimanche ndlr) ont mis en avant le fait que les discussions proposées ne servent à rien, la plateforme de nos revendications a été établie, nous ne voulons pas perdre notre temps en discussions. Le ministère doit juste faire paraître l’abrogation dans le Journal officiel et nous donner des garanties de son application sur le terrain.» La situation se complique, étant donné que l’abrogation dudit décret n’est pas la seule revendication des étudiants contestataires, «et tant que les autres requêtes ne sont pas prises en charge, la grève illimitée est inévitable», précise Aghiles, étudiant de l’école préparatoire science et technique où les cours n’ont toujours pas repris.

Il précisera : «Nous demandons une amélioration des conditions de scolarité, sans quoi nous ne reprendrons pas les cours !» Hier, à l’Institut national de commerce (INC), la poursuite de la grève était également sur toutes les lèvres. Même constat du côté de l’INPS et de l’EPAU ou encore à l’université science et technique d’Oran où la grande majorité ne veut surtout pas que la mobilisation tenue jusqu’à ce jour soit vaine. «Nous poursuivrons la grève jusqu’à ce qu’on nous réponde par des actions concrètes à toutes nos revendications», explique Mohamed, délégué de l’université d’Oran.

Salim, délégué de l’USTHB, raconte la réunion houleuse de l’union des grandes écoles qui s’est tenue hier à Alger : «Il y a eu beaucoup d’hésitation, même si la plupart des étudiants sont pour la poursuite de la grève. Après la récolte des votes qui se sont faits dans les grandes écoles concernées par le mouvement, la majorité était pour la poursuite de la grève, mais l’Union ne cesse d’en débattre pour adopter une ligne de conduite claire et tranchante.» La réponse du ministère à la contestation des étudiants, par le biais de l’abrogation du décret n°10-315 et l’instruction visant à organiser des discussions, n’a apparemment pas convaincu.
Bouredji Fella