Enseignants contractuels: Des manifestants malmenés, Benbouzid imperturbable

Sit-in des enseignants contractuels

Des manifestants malmenés, Benbouzid imperturbable

El Watan, 6 août 2008

Le bras de fer opposant les enseignants contractuels au ministre de l’Education nationale n’est pas près de trouver son épilogue. La situation ne fait qu’empirer face à l’entêtement et au silence du ministre.

Benbouzid, pour la énième fois, a refusé de recevoir les enseignants contractuels en grève de la faim depuis vingt et un jours. Cependant, plus déterminés que lui, les grévistes n’envisagent pas de faire marche arrière ni de renoncer à leurs droits. Il était 9h30, hier, lorsque le bus transportant les enseignants contractuels s’est arrêté à hauteur du ministère de l’Education nationale, non loin d’une station de taxi. Les manifestants ont tenté de se disperser et de faire diversion pour échapper au dispositif de sécurité déployé sur place très tôt le matin. L’objectif était d’atteindre à tout prix le ministère de l’Education nationale pour pouvoir demander audience au ministre, ce qu’ils n’ont pu malheureusement réaliser face à des policiers inflexibles. Ces derniers ont quadrillé immédiatement toutes les issues menant vers le ministère. Obéissant aux ordres de leurs supérieurs, les policiers ont violenté et malmené sans discernement les manifestants. Même les usagers qui attendaient des taxis ont été bousculés. Toutefois, se voulant plus pratiques et réfutant l’affrontement, des membres du comité de soutien aux grévistes ont tenté de négocier avec les services de sécurité pour qu’une délégation soit autorisée à se rendre au ministère pour déposer une lettre d’interpellation destinée à Benbouzid. Un niet catégorique leur a été signifié. Le même scénario que lors du sit-in du 30 juillet s’est reproduit hier. Imperturbables, les policiers ont reçu l’ordre de disperser la foule et de ne laisser personne accéder au département de Benbouzid.

« Personne ne peut vous recevoir au niveau du ministère. Quittez cet endroit. Je ne veux pas de rassemblement », lance un policier à l’adresse d’une enseignante. Les contestataires brandissent des pancartes en scandant des slogans hostiles au pouvoir : « Non à la hogra, nous voulons juste notre réintégration » ; « La permanisation des contractuels est un droit constitutionnel » ; « Sauvez la vie des grévistes »… M. Mebarki, membre de l’association des parents d’élèves, s’est proposé comme médiateur en demandant aux policiers de laisser une délégation se rapprocher du ministère pour déposer la requête. Dans un premier temps, les forces de sécurité ont donné leur accord de laisser passer deux enseignants, mais par la suite, ils se sont rétractés. Ils sont alors passés à l’acte en bousculant et poussant les manifestants vers les ruelles avoisinantes. Un gréviste qui était de la partie a été malmené avant d’être embarqué dans une voiture de police, ainsi qu’un représentant du comité de soutien. Ils ont été relâchés tout de suite après, alors que le responsable du Snapap, qui a essayé de se défendre en exigeant le départ de la police, a été embarqué de manière violente vers le commissariat. Quelques minutes après, les esprits se sont calmés et les policiers ont reçu apparemment ordre de laisser une représentante du comité national des enseignants contractuels à se rendre au département de Benbouzid. Mais dans notre pays, le laxisme atteint parfois ses limites ; chez Benbouzid, « il n’y avait personne ». Enfermé dans sa logique, le ministre de tutelle refuse toute prise de contact avec les grévistes.

Etonnée, déçue, la représentante du comité rebrousse chemin et demande l’autorisation de déposer la lettre au niveau du bureau d’ordre de la Présidence, geste accepté par les policiers. Les services de la Présidence ont promis de remettre la lettre au premier responsable du secteur de l’Education…. Plus de 40 enseignants contractuels livrent une véritable bataille depuis 21 jours pour rester en vie. Leur état de santé s’est gravement détérioré et le pouvoir n’a même pas daigné se prononcer sur cette affaire qui risque de prendre une tournure grave.

Par Nabila Amir