Les chômeurs menacent de fermer le port d’Arzew
El Watan, 20 mars 2013
Hier encore, pour la troisième journée consécutive, beaucoup de chômeurs ont assiégé la daïra avec des banderoles sur lesquelles on lisait : «Le peuple réclame du travail !».
Les protestataires ont tenu à insister sur le côté «pacifique» de leur combat. Preuve en est, nous dira l’un d’eux rencontré sur place : «Ce matin, des voyous ont infiltré notre rassemblement et promis de faire du grabuge et de tout casser. De ce fait, on s’est aussitôt rétractés, comme gage de bonne foi, pour montrer aux autorités que nos intentions sont pacifiques et qu’on n’est pas là pour semer la zizanie.» Ceci dit, ajoute-t-il, un brin menaçant : «Ce n’est pas pour autant qu’on va baisser les bras. Si l’on voit que rien ne bouge, on ira loin, jusqu’à fermer le port d’Arzew.»
On lisait l’indignation dans les yeux de ces manifestants.
Tous étaient comme blasés par les nombreuses promesses non tenues qu’on leur a faites. Pour ces manifestants, le nombre de chômeurs à Arzew a atteint 3000. Ils évoqueront à ce propos la dernière visite du président Bouteflika dans cette commune, qui remonte au mois de février de l’année dernière. «Ce jour-là, on comptait organiser une marche pour réclamer du travail. Voyant cela, les autorités, pour calmer le jeu, ont rapidement agi, et nous ont envoyé des convocations pour des avis de recrutement. Résultat des courses : on a été comme ‘‘parqués’’ à l’intérieur de la zone industrielle, et une fois que le Président s’en est allé, on nous a demandé de partir sans nous avoir proposé du travail.»
Cette «désillusion», ils ne sont pas près de l’oublier. Un autre chômeur nous dira : «On réclame une enquête sur le mode de recrutement chez Solfet, RTO, les complexes AVAL, EGSA, EPA ainsi que beaucoup d’autres.» La mal-vie dans cette commune a atteint des proportions telles que, selon ces chômeurs, beaucoup de jeunes, complètement paumés, optent pour la «harga». «Beaucoup de nos frères, chez qui le mal-être a atteint son paroxysme, ont décidé d’aller mourir en mer. Beaucoup sont morts et d’autres sont portés disparus», se désole l’un des manifestants.
C’était donc un réquisitoire sévère que les chômeurs d’Arzew nous ont dressé sur leur commune, en affirmant qu’ils ne baisseront pas les bras tant que les pouvoirs publics se contenteront de les nourrir de promesses.
Akram El Kébir