La torture au nom de la paix et de la réconciliation

La torture au nom de la paix et de la réconciliation

Algeria-Watch, 4 juillet 2006

Algeria-Watch a obtenu les informations suivantes, qu’elle n’est pas en mesure de vérifier, mais qui lui semblent fiables.

Dans la nuit de mercredi 26 avril au jeudi 27 avril, des agents du DRS (Département de renseignement et de sécurité) en civil et à bord de véhicules banalisés ont enlevé cinq hommes à leurs domiciles dans le village de El-Aouana, situé sur la côte à environ 20 km de Jijel.

Algeria-Watch a connaissance des noms de quatre de ces personnes (D. Z., M. D., A. K. et R. T.), mais n’est pas en mesure de les rendre publics pour l’instant.

Ces hommes ont été transférés au siège du DRS situé en face de l’école paramédicale de Jijel, où ils ont été détenus au secret pendant une semaine. Ils ont été libérés quand les agents du DRS ont constaté que les accusations portées contre eux – soutien au terrorisme – étaient sans fondement. Ils se seraient même excusés auprès de leurs victimes !

Pendant cette détention les victimes ont subi des tortures durant les quelles ils ont été :
– déshabillés ;
– contraints de s’asseoir sur une bouteille de limonade ;
– brûlés à la flamme au niveau des testicules et de la barbe ;
– soumis à l’épreuve du chiffon, obligés de boire de l’eau savonneuse en abondance ;
– frappés avec des cannes et des cravaches tout en étant nus ;
– sodomisés.

Il s’est avéré que ces arrestations étaient en lien direct avec les aveux faits sous la torture par Hafid Oulmane, habitant à El-Aouana qui avait été arrêté deux jours avant, suite à des informations révélées par un repenti. Il est revenu par la suite sur ses aveux, ce qui a entraîné la libération des cinq. Hafid Oulmane, qui avait disparu pendant plusieurs semaines, est réapparu au moment où il a été présenté devant la justice.

A noter que D. Z. a été licencié de son poste de travail.

A l’heure où le gouvernement algérien se vante non seulement d’appliquer une politique de paix et de réconciliation mais d’en exporter la recette, notamment en Irak, des Algériens continuent à être victimes des violations commises par des agents du DRS qui agissent dans l’impunité totale. Sans la traduction de ces tortionnaires et de leurs commanditaires devant un tribunal, ces derniers considèreront la torture comme un moyen légitime dans la « lutte contre le terrorisme ».