Harcèlement d’un défenseur des droits humains
Algeria-Watch, 28 avril 2007
Algeria-Watch a été informée des faits suivants :
Amar Kebaili, défenseur des droits de l’homme, résident en Suisse, a rapporté avoir été arrêté arbitrairement lors de son séjour en Algérie.
Le 9 mars 2007 à 9h du matin M. Kebaili a été interpellé à Ain Oulmène (wilaya de Sétif) par trois personnes en civil conduisant un véhicule de marque Renault 19. Il s’agissait d’agents du DRS (Département de la sécurité et du renseignement, ex-Sécurité militaire) de Ain Oulmène. Il a été conduit dans leurs locaux situés près de ceux de la police de Ain Oulmène où il a subi un interrogatoire qui a duré toute une journée. Il a été privé de nourriture et de boisson pendant tout ce temps. Il a enfin été libéré à 21h.
Cette arrestation a eu lieu au moment où M. Kebaili se trouvait à la station des cars de Ain Oulmène. Il voulait se rendre à Ouled Tebben pour rencontrer Mme Chaib dont l´époux avait été enlevé par des membres des forces de sécurité en 1994. Il portait sur lui des documents provenant de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme qui a succédé à l’observatoire national de défense des droits de l’homme attestant de cette disparition. Il devait les remettre à Mme Chaib afin que celle-ci – dépourvue de toute ressource et contrainte de nourrir ses enfants par ses propres moyens – puisse entreprendre les démarches lui permettant d’obtenir une indemnisation de l’Etat en raison de la disparition de son mari.
Les agents du DRS de Ain Oulmène se sont adressés à la gendarmerie de Ouled Tebben pour convoquer Mme Chaib. Celle-ci a du se rendre par ses propres moyens jusqu’à Ain Oulmène où elle a été interrogée sur les intentions de Monsieur Kebaili. Les agents prétendirent que ce dernier avait soutenu Mme Chaib dans le but de partager l’indemnité qui lui serait attribuée.
Monsieur Kebaili a de son côté été interrogé sur la nature de ses relations avec un certain Azzouz Bellakri, journaliste au journal arabophone Ech-Chorouk. Il avait effectivement rencontré ce journaliste la veille. Ce dernier avait été entendu par des agents du DRS à propos des motifs de sa rencontre avec M. Kebaili. Il aurait été insulté et intimidé.
Informé de son arrestation, un membre de l’organisation d’Amnesty International a pris contact dans la soirée avec M. Kebaili par téléphone portable, alors qu’il se trouvait encore dans les locaux du DRS.
Les agents qui l’ont retenu sans motif et interrogé pendant toute une journée sont les suivants: Ahmed Chouder, Laid Mayouf, Brahim Khoums, Faycel Momen, Ahmed Aidoudi et Djamel Balout.
Convoqué pour le lendemain 10 mars 2007 au siège du DRS de Sétif, M. Kebaili a du attendre trois heures avant d’être entendu par le responsable local qui l’a assez rapidement relâché.
M. Kebaili a porté plainte le 16 avril 2007 auprès du procureur général de Ain- Oulmène pour arrestation arbitraire.