» Al-Qaida au Maghreb « , ou la très étrange histoire du GSPC algérien – 2ème partie
Deuxième phase (2003) : l’affaire des otages du Sahara
Jusqu’à la fin 2002, la « visibilité » du GSPC reste relativement limitée : les journalistes algériens réputés être les porte-voix du DRS n’en font que rarement état. Et la « violence résiduelle » qui perdure depuis 1998 (comme par exemple le massacre de douze civils à Médéa le 2 février 2002, ou encore les attentats qui font 250 victimes dans l’Algérois au cours de l’été 2002) reste principalement attribuée aux GIA, ou à d’autres groupes – plus ou moins fantomatiques – qui prétendraient prendre le relais de cette organisation, comme le GSPD (Groupe salafiste pour la prédication et le djihad), le GSL (Groupe salafiste libre) ou le GSC (Groupe salafiste combattant). En Europe et aux États-Unis, la production habituelle des « experts es terrorisme » est encore relativement discrète sur le GSPC. Ce n’est qu’en 2002, après les attentats du 11 septembre 2001, que cette organisation a été placée sur la liste états-unienne des organisations terroristes, ce qui permet enfin au régime algérien de se faire entendre sur le plan international en matière de lutte contre le terrorisme, mais aussi aux politiques américains de réfléchir à haute voix sur l’opportunité d’une présence militaire dans la région. Dès 1999, quelques journalistes algériens aux ordres font bien état – on y reviendra en détail – des liens entre le GSPC et Al-Qaida, mais ces tentatives restent assez maladroites.
La situation bascule le 4 janvier 2003 : ce jour-là, à la veille de l’arrivée d’une délégation militaire américaine, venue notamment discuter d’une reprise des ventes d’armes à l’Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste, la presse algérienne rapporte qu’un groupe du GSPC, conduit par Abderrezak El-Para, a attaqué un convoi militaire près de Batna, tuant quarante-trois soldats. C’est l’opération la plus spectaculaire attribuée jusque-là au GSPC. Mais, curieusement, elle ne sera pas revendiquée. Cette affaire restera mystérieuse, les journalistes algériens qui ont tenté d’en savoir plus se heurtant à un mur de silence[45].
Au même moment, les visites de hauts fonctionnaires américains et européens, spécialistes du sécuritaire, se succèdent. Fin janvier, le secrétaire adjoint américain de la Défense chargé de la sécurité, Peter W. Rodman, fait une visite à Alger. Début février, c’est au tour d’une délégation représentant plusieurs services américains de renseignements, dont le FBI, la CIA et la NSA, de discuter avec les services du DRS et de l’ANP dans le cadre de la coopération antiterroriste[46].
Un très étrange enlèvement
Et à la mi-mars 2003, survient une nouvelle affaire, fort mystérieuse : les médias européens annoncent la disparition de touristes dans le Sahara. Entre le 22 février et 23 mars 2003, six groupes de touristes sont enlevés avec leurs véhicules dans le désert, près d’Illizi : trente-deux personnes au total, dont seize Allemands, dix Autrichiens, quatre Suisses, un Néerlandais et un Suédois. Ils vont vivre une odyssée éprouvante, qui coûtera la vie à une femme, victime d’une insolation. Pendant des semaines, les médias, les responsables politiques et les familles des otages spéculent sur l’identité des ravisseurs. Officiellement, ni leur identité ni leurs revendications ne sont connues.
Les otages seront libérés en deux fois, le 13 mai et le 18 août 2003, et les « sources sécuritaires » de la presse algérienne annonceront que l’opération a été menée, au nom du GSPC, par Abderrazak El-Para : jusque-là réputé être, comme on l’a vu, l’émir de la zone 5 du GSPC depuis 1999, il est désormais présenté comme un « lieutenant de Ben Laden » chargé d’« implanter Al-Qaida dans la région du Sahel ». Certes, c’est bien lui que les touristes enlevés ont identifié parmi leurs ravisseurs après leur libération et la publication par Paris-Match de photos de lui[47]. Mais, fait curieux, seul l’état-major de l’armée algérienne, ancien employeur d’El-Para, a affirmé qu’il avait agi pour le compte du GSPC, lequel n’a jamais revendiqué officiellement la prise d’otages[48]. Plus troublant encore : certains otages témoigneront après leur libération que l’opération n’aurait pas été ordonnée par le chef présumé du GSPC à l’époque, l’émir Hassan Hattab, mais par El-Para lui-même, lequel aurait décidé seul des rapts alors qu’il se rendait avec ses hommes au Niger pour acheter des armes[49].
Or, les sources aujourd’hui disponibles permettent d’éclairer une partie significative des zones d’ombres de cette affaire et d’établir qu’il s’agissait d’une opération pilotée par les chefs du DRS, dans le but notamment – couronné de succès – de conforter leurs intenses efforts diplomatiques pour obtenir de Washington un soutien financier et militaire[50].
Après leur enlèvement – les premiers à la mi-février, les derniers à la mi-mars –, les otages seront scindés en deux groupes, chacun gardé par des hommes qui manifestement ne connaissent pas la région. Les otages rapporteront que les ravisseurs semblent pieux et sincères : ils leur expliquent avoir entrepris cette action pour attirer l’attention de l’opinion publique internationale sur la situation en Algérie et exiger une rançon leur permettant d’acheter des armes.
Ils disposent d’un émetteur radio permettant le contact entre eux et avec leur chef, El-Para, sensé leur donner des directives. Mais ils vont attendre vainement, pendant des semaines, un signe venant de lui et ils sont aussi peu informés de la situation que les otages. Pourtant, assez rapidement, ces derniers savent qu’ils ont été repérés par des hélicoptères de l’armée algérienne, qui les survolent régulièrement dès le 16 mars, à très basse altitude. De fait, plusieurs milliers d’hommes de l’armée algérienne ont été déployés dans le Sahara, mais officiellement rien ne filtre. Le 29 et 30 avril, la presse algérienne rapporte que les otages seraient en vie, aux mains de « terroristes » localisés par l’armée[51]. L’armée algérienne aurait planifié une « intervention militaire », mais les autorités allemandes refuseraient cette solution et plaideraient pour une négociation, afin de préserver la vie des otages ; c’est à cette occasion qu’est évoqué pour la première fois le nom d’Abderrezak El-Para.
Le flou persiste cependant, alors que des hauts responsables des pays dont sont originaires les otages se succèdent à Alger. Le 10 mai, le ministre des Affaires étrangères de la RFA, Joseph Fischer, et le chef des services de renseignements de ce pays se rendent en Algérie. Trois jours plus tard, le 13 mai, le second groupe de dix-sept otages (ceux qui ont été enlevés à la mi-mars) est libéré. Officiellement, l’armée algérienne a mené un « bref assaut au cours duquel des précautions ont été prises pour préserver la vie des otages[52] ». Une « libération » fort curieuse, qui ressemble, selon certains des otages libérés, à une mise en scène. Après avoir entendu une bruyante fusillade, ils sortent de leurs abris et sont très surpris de constater que tous leurs ravisseurs, qui ne disposaient pourtant d’aucun véhicule pour s’enfuir, ont disparu. Les otages ne voient aucun cadavre, alors que les militaires algériens qui les récupèrent leur expliquent que quatre ravisseurs auraient été tués…
Une fois de retour dans leur pays, les otages allemands reçoivent la visite de fonctionnaires de la police judiciaire (BKA), qui les interrogent pendant deux jours. Lors de ces débriefings, plusieurs éléments leur confirment que les services allemands étaient informés en temps réel de leurs mésaventures (ils apprendront notamment que le code utilisé par les ravisseurs pour échanger entre eux par radio ayant pu être déchiffré par le BKA, ces communications ont été interceptées et les groupes étaient localisés en permanence[53]). Et ils ne comprennent pas pourquoi l’armée algérienne n’a rien fait pour arrêter El-Para, alors qu’il se déplaçait dans un véhicule connu des services de renseignements et qu’il empruntait tranquillement une des pistes principales de la région.
Le 13 mai, le premier groupe d’otages, enlevé en février, apprend la libération du second à la fois par la radio et par leurs ravisseurs, lesquels s’en réjouissent. Ayant pris contact avec leurs camarades qui détenaient le groupe libéré, ils rapportent qu’il n’y a pas eu d’opération militaire, mais qu’il s’agissait d’une « intervention militaire concertée, afin que le gouvernement algérien puisse continuer de prétendre ne pas négocier avec des terroristes[54] ». Par radio, El-Para annonce à ses hommes qu’il aurait trouvé une « solution » et promet que, le 19 mai, les autres touristes seront libres.
Mais quand le groupe d’Européens rencontre El-Para, ils apprennent qu’il n’y a aucune « solution » : selon lui, l’intervention de l’armée pour libérer le second groupe de prisonniers aurait interrompu les négociations. En l’écoutant, les otages doutent, à juste titre, de la réalité de ces « négociations ». Fin juin, il s’avère une fois de plus qu’elles n’ont pas été entamées. El-Para récupère les derniers membres du groupe qui avait séquestré les Européens libérés mi-mai et rejoint celui détenant les autres otages. Le 26 juin, tous quittent le camp dans lequel ils ont passé plusieurs semaines, pour se rendre au nord du Mali. C’est l’une des étapes les plus difficiles pour les otages, marquée par le décès, du fait de la chaleur suffocante, de l’une d’entre eux, Michaela Spitzer. Arrivés enfin au Mali, ils vont changer plusieurs fois de camp, mais leurs conditions de vie s’améliorent considérablement. D’après l’un des prisonniers, des membres de la « 9e division » (Sahara) du GSPC vont alors se joindre à eux ; ils semblent fortement critiquer cette action, car selon eux, l’Islam interdirait l’emprisonnement de femmes et de personnes âgées. Ce qui contredit certaines allégations de la presse algérienne selon lesquelles le groupe de Mokhtar Belmokhtar aurait participé à – voire organisé – cette opération[55]. (L’émir Belmokhtar, supposé diriger cette « 9e division », serait un ancien de l’Afghanistan et des GIA, dont nous aurons l’occasion de reparler.)
Et après d’obscures tractations, le 18 août, les touristes se retrouvent entre les mains des autorités maliennes, qui les amènent à Gao, puis à Bamako, d’où ils pourront regagner leurs pays respectifs. Comme on l’apprendra plus tard, leur libération aurait été obtenue en échange du versement par le gouvernement allemand d’une importante rançon, estimée à 4,6 millions d’euros, au groupe d’El-Para[56].
Une opération made in DRS, pour justifier l’implantation militaire américaine au Sahel
La seule hypothèse permettant de faire coller les différents éléments de ce puzzle est que toute l’affaire a été gérée par le DRS – ce que les gouvernements occidentaux concernés, et en particulier le gouvernement allemand, ne pouvaient ignorer. Car, outre les anomalies déjà évoquées, bien d’autres confirment cette hypothèse. Comment expliquer, par exemple, qu’un groupe politique organise une prise d’otages sans en informer l’opinion publique ni ses sympathisants ? De fait, on l’a vu, il n’y a jamais eu aucune déclaration publique du GSPC à ce sujet. (Le seul document qui s’y réfère indirectement sur son site Web est un appel, daté du 14 octobre 2004, du GSPC aux combattants d’un mouvement tchadien, le MDJT, qui séquestrera El-Para et certains de ses hommes quelques mois plus tard – nous y reviendrons.) Curieusement, Mathieu Guidère, auteur d’un ouvrage paru en 2007 intitulé Al-Qaida à la conquête du Maghreb[57] (qui retrace en détail le parcours du GSPC en se référant notamment aux écrits du groupe), n’évoque pas du tout cette prise d’otages, que la plupart des autres « experts » et journalistes considèrent pourtant comme un « baptême de feu » du GSPC sur la scène internationale.
Par ailleurs, il est notoire à l’époque que le GSPC n’est pas implanté au Sahara : l’organisation de cette opération, l’orientation dans le désert, la mise en place de la logistique et du ravitaillement, tous ces aspects vitaux durant une période si longue nécessitent des soutiens de l’extérieur. Ne pouvant provenir des rares habitants de la région, cette aide est nécessairement venue d’ailleurs.
Si l’implication des services secrets algériens dans l’opération ne peut donc faire de doute, reste à en comprendre la motivation. Les premiers éléments de réponse à cette question se trouvent dans la presse algérienne elle-même. Car tout au long du déroulement de l’affaire, d’avril à août 2003, elle a publié des dizaines d’articles signés des relais habituels du DRS. Des articles fourmillant d’informations contradictoires, dans une confusion habilement entretenue, d’où émergera progressivement la thèse de l’organisation de l’opération par le GSPC, relais d’Al-Qaida. Un article du quotidien Le Jeune Indépendant affirmait ainsi en juillet 2003 : « Au cours d’une conférence conjointe avec le président fédéral autrichien, le Dr Thomas Klestil, M. Bouteflika a déclaré pour la première fois depuis le début de cette affaire que les otages étaient entre les mains d’un groupe terroriste affilié à Al-Qaida d’Oussama Ben Laden[58]. » À partir de début août, certains journalistes ne doutent plus : c’est Abderrezak El-Para, « numéro deux » du GSPC, qui est à l’origine de la prise d’otages et celui-ci est « proche » d’Al-Qaida. Il en est de même pour Mokhtar Belmokhtar, contrebandier sévissant dans le Sud de l’Algérie : alors que, durant des mois, son appartenance au GSPC était présentée comme sujette à caution, voilà qu’il est dénoncé comme complice d’El-Para[59].
L’affaire des otages marque ainsi l’entrée du GSPC sur la scène internationale et, selon les partisans de la thèse d’une présence d’Al-Qaida au Sahel, l’entrée de l’organisation de Ben Laden dans la région. Une opération dont on comprendra plus tard qu’elle était une manipulation destinée, pour ses commanditaires du DRS, à placer l’Algérie au cœur d’une stratégie américaine de contrôle militaire du Sahel. C’est ce que démontrera, dans deux articles très documentés publiés en 2005 et 2006[60], l’universitaire britannique Jeremy Keenan, spécialiste du Sahara qui se trouvait en Algérie au moment de la prise d’otages, mandaté par des proches des victimes. (Keenan relève notamment qu’une première tentative avortée avait eu lieu en octobre 2002 : un groupe de touristes avait été enlevé à Arak, dans le sud du Sahara, mais ils avaient pu s’échapper ; poursuivis par la gendarmerie algérienne, les ravisseurs seront arrêtés, et… aussitôt relâchés sur ordre du chef du DRS à Tamanrasset, ce qui signait, explique Keenan, l’organisation de l’opération par le DRS[61].)
Dans un documentaire consacré à l’affaire, diffusé en juillet 2007 sur la chaîne allemande Südwestfernsehen, la journaliste Susanne Sterzenbach accorde elle aussi, suite à son enquête, un rôle décisif au projet américain de « sanctuarisation » du Sahel[62]. Dès 2002, le Pentagone avait mis sur les rails l’« Initiative Pan-Sahel », qui structurera sous égide américaine – quelque mille soldats des forces spéciales seront envoyés sur place dans ce but – la coopération antiterroriste entre la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad (en juin 2005, l’Initiative Pan-Sahel sera élargie à l’Algérie, au Maroc, à la Tunisie, au Sénégal et au Nigéria, devenant la Trans-Saharian Counter-Terrorism Initiative, dotée pour cinq ans par Washington d’un budget annuel de 100 millions de dollars).
Dans ce contexte, l’enlèvement des touristes européens apparaîtra comme une justification idéale pour cette nouvelle présence américaine en Afrique. Et, de fait, au cours des mois suivants, des centaines d’articles fleurissent dans la presse occidentale, présentant cette affaire comme marquant l’ouverture d’un second front géographique dans la « guerre globale contre la terreur » de l’administration Bush. Alors même que, comme l’explique Jeremy Keenan, interviewé par Sterzenbach dans son film, il n’y avait aucune activité terroriste dans la région avant 2003 : « Il n’y avait rien. Pour de nombreuses raisons, on peut dire cela avec certitude. D’une part, il n’y avait pas d’incidents terroristes classiques dans cette région avant l’“affaire des otages” ; d’autre part, la base économique de la population dépend du tourisme. Le Sahara était une des régions les plus sûres du monde. La région est traditionnellement hostile à toute forme d’extrémisme islamique. Des extrémistes ne pourraient pas séjourner plus de cinq minutes dans cet environnement hostile. »
Keenan poursuit en expliquant la nature très singulière du groupe des ravisseurs des touristes européens : « La plupart des preneurs d’otages étaient des vrais salafistes. Ils ne voulaient pas tuer, mais ils étaient dirigés par un agent du DRS. Je ne pense pas que les autres preneurs d’otages le savaient. Toutes les preuves, interviews et protocoles d’audition que j’ai vus montrent qu’ils ont été induits en erreur par leur propre chef, l’émir El-Para, qui portait une douzaine de noms différents et avait une histoire personnelle très douteuse. »
Et Keenan donne son explication de la détention particulièrement longue du premier groupe d’otages : « [Les services algériens] faisaient d’énormes efforts pour emmener les otages dans la zone du Sahel afin que la thèse de la présence terroriste dans le corridor fonctionne. S’ils avaient été libérés en mai, la stratégie principale aurait échoué. Je pense qu’au sein des services secrets algériens, il y avait un désaccord à ce propos, s’il fallait les laisser courir en Algérie ou s’il fallait les transférer vers le Sud pour atteindre l’objectif final. […] J’avais un rendez-vous avec un ministre à Alger le 19 mai. Le ministre lui-même me disait : “Ils sont libres, c’est magnifique, nous devrions exporter notre armée partout dans le monde.” Nous étions dans son bureau privé et avons écouté général [Mohammed] Lamari à la radio. Il racontait le déroulement de la libération. Le soir, tout a été démenti. »
Pour Keenan, « les Algériens voulaient à tout prix prouver quelque chose. Autrement dit, ils ont transporté le terrorisme du Maghreb au Sahel via le Sahara. La seule raison pour déplacer cette affaire d’otages vers le Sud était de transplanter la terreur ou le terrorisme, de l’emmener du nord vers le sud dans la zone du Sahel, donc exactement ce que voulaient les Américains. Les Américains avaient maintenant la preuve de la “théorie de la terreur en forme de banane” – la forme de la zone qui s’étend dans le Sahel. Voilà donc la preuve que les Américains voulaient. […] Maintenant ils reviennent toujours sur cette preuve qui entre-temps n’est plus récente : le GSPC a enlevé trente-deux otages, voilà la preuve. »
Fin 2003, un groupe du GSPC retourne vers le nord avec des armes (achetées, selon la presse algérienne, avec la rançon reçue du gouvernement allemand[63]). Révélée par des images satellites américaines, l’information est transmise à l’armée algérienne qui, le 31 janvier 2004, bombarde le convoi, au sud d’In Salah : la guerre contre le terrorisme est déclenchée dans le Sahara… Et en mars 2004, lors d’une visite en Algérie, le général Charles Wald, commandant en chef adjoint des forces américaines en Europe (EUCOM), pourra ainsi affirmer que des membres d’Al-Qaida tentaient de s’établir « dans la partie nord de l’Afrique, au Sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan, lorsque les Talibans étaient au pouvoir. Ils ont besoin d’un endroit stable pour s’équiper, s’organiser et recruter de nouveaux membres[64] ».
Notes
[45] « L’embuscade de Batna : près d’un mois après, un mutisme inexpliqué dans la région », El-Watan, 29 janvier 2003.
[46] Le Quotidien d’Oran, 10 février 2003.
[47] Patrick Forestier, Paris-Match, 5-11 août 2004.
[48] La seule revendication de cette prise d’otages est un communiqué datant du 18 août 2003 destiné à la presse et signé par l’« émir de la cinquième région, Abou Haidara Abderrezak Amari Al-Aurassi », qui porte l’entête Groupe salafiste pour la prédication et le combat/5e région. Ce communiqué n’a pas été publié par les supports habituels du GSPC.
[49] Reiner et Petra Bracht, 177 Tage Angst, Highlights Verlag, Euskirchen, 2004, p. 26.
[50] Pour une étude beaucoup plus détaillée de l’affaire, voir Salima Mellah, « Algérie 2003 : l’affaire des “otages du Sahara”, décryptage d’une manipulation », < www.algeria-watch.org/fr/aw/otages_sahara.htm > 22 septembre 2007 (enquête dont nous reprenons ici les principaux éléments).
[51] El Watan et Le Quotidien d’Oran, 30 avril 2003.
[52] Extrait d’un communiqué de l’état-major algérien, cité par Richard Labévière, RFI, 16 mai 2003.
[53] Rainer et Petra Bracht, 177 Tage Angst, op. cit., 2004, p. 134.
[54] Le fait est rapporté par plusieurs otages, notamment Rainer Bracht (ibid., p. 64-65). Ce dernier attribue ces propos à El-Para, d’autres à ses lieutenants.
[55] Voir par exemple : El Kadi Ihsane, « Une trentaine d’étrangers recherchés dans le Sahara. Touristes disparus : enlèvement ou grand bug GPS ? », Le Quotidien d’Oran, 7 avril 2003 ; Mounir B., « Affaire des quinze otages européens. Berlin sollicite l’aide des Touaregs maliens », Le Quotidien d’Oran, 26 juillet 2003.
[56] Le Quotidien d’Oran, 3 février 2004.
[57] Mathieu Guidère, Al-Qaida à la conquête du Maghreb. Le terrorisme aux portes de l’Europe, Le Rocher, Paris, 2007.
[58] Nabila K., « Touristes disparus dans le Sud algérien. Black-out total sur l’affaire », Le Jeune Indépendant, 14 juillet 2003.
[59] L’Expression, 11 août 2003.
[60] Jeremy Keenan, « Waging war on terror : the implications of America’s “new imperialism” for Saharan peoples », The Journal of North African Studies, vol. 10, n° 3-4, septembre-décembre 2005 ; et « Security and insecurity in North Africa », Review of African Political Economy, n° 108, 2006, p. 269-296.
[61] Jeremy Keenan, « Waging war on terror », loc. cit., p. 634, note 67.
[62] Susanne Sterzenbach, Verschwörung in der Sahara [Conspiration dans le Sahara], Auslandsreporter, SWR, Südwestfernsehen, 4 juillet 2007.
[63] « Coup de filet spectaculaire dans le désert », Le Quotidien d’Oran, 3 février 2004.
[64] Le Quotidien d’Oran, 6 mars 2004.