17 ans après le putsch : Le combat pour la Vérité et la Justice continue
Algeria-Watch, 11 janvier 2009
A l’occasion du 11 janvier, 17 ans après le putsch de 1992, Algeria-Watch publie plus de 150 « fiches » de disparus de la wilaya de Jijel documentés par l’association des familles de disparus de Jijel. Celles-ci sont accessibles à partir de la liste de disparus.
Depuis près de 15 ans, avocats, défenseurs des droits de l’homme et associations de victimes rassemblent des informations sur les innombrables crimes commis. Mais ce sont les familles de disparus et les personnes qui les ont soutenues qui ont contraint le pouvoir à reconnaître le drame de la « disparition forcée » qui endeuille des milliers de familles.
Après maintes manœuvres, les autorités ont du reconnaître en 2005 que 6146 personnes ont disparu après avoir été enlevées par des agents de l’Etat. Le nombre réel de disparitions forcées peut certainement être multiplié au moins par deux. Mais le principe même de la reconnaissance officielle de ce crime est d’une importance capitale.
Les différentes officines proches de l’Etat, et en première ligne la Commission consultative pour la promotion et la protection de les droits de l’homme (CCPPDH), présidée par Me Farouk Ksentini, tentent de minimiser le rôle de l’Etat dans ce crime en décrétant que celui-ci est responsable mais pas coupable. Mais toutes les machinations passées et présentes ne peuvent plus remettre en question l’évidence reconnue internationalement que l’Etat porte la responsabilité directe de cette violation qui constitue un crime contre l’humanité.
A chaque occasion, les organes de l’ONU dénoncent d’ailleurs l’Etat algérien, à l’instar du Comité contre la torture de l’ONU qui considère comme établi l’existence de centres secrets de détention secrète contrôlés par le DRS (Département du renseignement et de la sécurité) dans lesquels ont disparu des milliers de personnes. Il demande expressément au gouvernement algérien d’enquêter sur les allégations d’enlèvements et de disparitions et de poursuivre et condamner les responsables de ces crimes.
L’ONU demande aussi aux autorités de publier une liste de disparus permettant d’avancer dans la collecte d’informations pouvant servir aux enquêtes. Or jusqu’à présent aucune liste n’a été rendue publique par les pouvoirs publics et nous attendons toujours la publication du rapport de l’instrument ad hoc sur les disparitions forcées présidée par Me Ksentini qui a été remis au Président de République en mars 2005.
A défaut de ces informations officielles, différentes associations publient depuis des années déjà les noms des victimes de disparition forcée et les circonstances dans lesquelles se sont effectués les arrestations ou enlèvements.
En 2002, à l’occasion du 10ème anniversaire du putsch, Algeria-Watch avait publié avec la collaboration de Dr. Salah-Eddine Sidhoum une liste de plus de 3500 noms de victimes établie à partir des renseignements collectés par de nombreux avocats et défenseurs des droits de l’homme auprès des familles de disparus.
En 2007, nous avons publié près de 1700 « fiches » détaillées rapportant les circonstances de la « disparition » et comportant pour beaucoup d’entre elles une photo.
Aujourd’hui, avec l’aide notamment de Moussa Bourefis membre de l’association des familles de disparus de Jijel, nous publions plus de 150 nouvelles « fiches ». Les informations récoltées confirment que la très grande majorité des personnes a été arrêtée entre 1994 et 1996 et détenue au secret au niveau du secteur militaire de Jijel sous contrôle du DRS avant de disparaître.
Nous rappelons que ces cas de disparitions forcées ont été soumis au Groupe de travail sur les disparitions forcées fin décembre 2008 par Alkarama for Human Rights, l’association des familles de disparus de Jijel et Algeria-Watch dont les représentants ont rencontré le Groupe de travail sur les disparitions forcées le 28 novembre 2008.