Un officier algérien accuse les services secrets dans les attentats de Paris
Un officier algérien accuse les services secrets dans les attentats de Paris
Le Monde, 10 novembre 1997
Après le récit d’un ex-agent secret a The Observer, un responsable algérien accuse lundi 10 novembre 1997, dans Le Monde, la Sécurité militaire de son pays d’avoir orchestré deux des attentats commis a Paris en 1995.
Sous couvert de l’anonymat, « Hakim » affirme représenter un groupe d’officiers décidé à saisir l’opinion occidentale pour « faire changer les choses » de l’intérieur en Algérie, où « tout le monde a les mains tachées de sang ».
« Je confirme que les attentats de Saint-Michel (8 morts le 25 juillet 1995) et celui de Maison-Blanche (13 blessés le 6 octobre 1995) ont été commis a l’instigation du service action de la direc-tion infiltration et manipulation de la DRS », dit-il. « Hakim » affirme notamment que « la tête pen-sante des deux attentats est Boualem Bensaid », un étudiant incarcéré en France dans le cadre de l’enquête sur les attentats et qu’il présente comme un « militaire algérien membre du service ac-tion ».
Pour illustrer la capacité de manipulation des services algériens, il explique que Djamel Zitouni, ancien chef présumé du GIA (Groupe islamique arme) etait en réalité une créature de l’ancienne Sécurité militaire. « Il a été recruté en 1991 dans un camp de sûreté dans le sud algérien. Nous l’avons aidé a prendre la direction du GIA en 1994 », précise-t-il. Après avoir aidé la DRS a pren-dre « l’homme le plus dangereux de la mouvance islamiste, Mourad Si Ahmed Mourad », Zitouni serait resté sous le contrôle du pouvoir algérien jusqu’a l’affaire du monastère de Tibehirine, en mai 1996. « Les moines devaient être trouvés — morts ou vivants, je l’ignore — dans le village natal d’un chef islamiste à qui on voulait faire porter la responsabilité de l’affaire. Pour des raisons que j’ignore, Zitouni n’a pas respecté le contrat. Il a donc été liquidé », ajoute Hakim.
Selon lui, des officiers ont décidé de rompre le silence à la suite des massacres de civils à la fin de l’été, particulièrement celui de Beni Messous, qui a fait plus de 200 morts en septembre. L’homme qui se confie au Monde se dit convaincu qu’il a été commis par la Sécurité militaire. « Il y a au moins une demi-douzaine de casernes à proximité. Il y avait un barrage, il a été levé comme par hasard », dit-il. Concernant les attentats commis en France, le témoin affirme que les explosifs auraient été récupérés dans le locaux de l’ambassade d’Algérie à Paris par Boualem Bensaid. Selon Le Monde, cette version est cependant démentie par les enquêtes judiciaires françaises.