Washington inquiet des risques terroristes en Afrique du Nord

Alors que les exercices conjoints «Flintlock 2005» se poursuivent

Washington inquiet des risques terroristes en Afrique du Nord

Par Amar Rafa, La Tribune, 19 juin 2005

Des responsables militaires américains ont exprimé leur inquiétude au sujet des risques terroristes en Afrique du Nord, après avoir découvert que des ressortissants de cette région commencent à s’infiltrer parmi les insurgés en Irak, faisant craindre aux Etats-Unis que ces futurs «ex-Irakiens» n’appliquent les tactiques apprises dans ce conflit lorsqu’ils auront regagné leurs pays d’origine.
«Certains individus et groupes ont la possibilité de se rendre en Irak pour y mener des opérations ou pour y recevoir un entraînement. L’une de nos craintes est que, s’ils sont entraînés aux tactiques [terroristes] appliquées en Irak, ils finiront par les appliquer une fois de retour en Afrique», a affirmé le général Thomas Csrnko, chef des forces spéciales américaines en Europe, lors d’une conférence de presse téléphonique depuis le Sénégal avec l’ambassadeur américain dans ce pays Allan Roth. Les services de renseignements de l’armée américaine cherchent actuellement à déterminer d’où viennent ces nouvelles recrues du terrorisme et à quels groupuscules elles sont affiliées, mais il est clair qu’ils visent le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qui a fait allégeance au réseau Al Qaïda d’Oussama Ben Laden. Ce groupe vers lequel est pointé un doigt accusateur, et qui est inscrit sur la liste des mouvements terroristes dans le monde, constitue la principale menace pour la région, selon les Américains qui en veulent pour preuve l’attaque revendiquée par le GSPC de Belaouer, le 4 juin dernier contre une caserne de l’armée mauritanienne à Lemgheity, dans le nord-est de la Mauritanie, qui a fait quinze morts et autant de blessés. Les assaillants, dont deux ont été identifiés comme des lieutenants de Belaouer, s’étaient également emparés de deux otages et de véhicules et d’équipements militaires.
Cependant, cette attaque reflétait toujours les tactiques employées par le GSPC dans le passé et non celles mises en œuvre par les insurgés en Irak, selon le général Csrnko. «Ils sont très mobiles, très meurtriers et ils prennent tout ce qu’ils peuvent avant de se retirer», a-t-il dit avant d’ajouter que les Etats-Unis n’avaient pas décelé l’existence de camp d’entraînement au terrorisme dans le Sahara, mais que cette région offrait des potentialités pour leur création. En faisant état des inquiétudes quant à l’arrivée en Irak des «gens d’Afrique du Nord, l’ambassadeur Roth a souligné la volonté des Etats-Unis que «cela cesse et nous espérons qu’en participant à des programmes comme Flintlock, les pays de la région contribueront à cet objectif».
Les craintes américaines interviennent, en effet, au moment où des troupes américaines participent à des exercices conjoints aux confins du Sahara avec des unités de neuf pays africains.
Baptisés «Flintlock 2005», ces exercices qui durent trois semaines, du 6 au 26 juin, réunissent environ 3 000 soldats africains venus d’Algérie, du Mali, du Maroc, de Mauritanie, du Niger, du Nigeria, du Sénégal, du Tchad et de Tunisie, ainsi que 700 hommes des forces spéciales américaines.
Si l’opération Flintlock signifie établir un verrou américain aux frontières entre pays africains, son objectif est d’améliorer les communications entre les forces de la région pour prévenir des activités transfrontalières de terroristes. Washington fournira, dans ce but, une aide de 30 à 60 millions de dollars en 2006 et de 100 millions de dollars par an pendant les cinq années suivantes.

A. R.