Le secrétaire d’Etat américain à la Défense aujourd’hui en visite à Alger

Le secrétaire d’Etat américain à la Défense aujourd’hui en visite à Alger

Le renforcement de la coopération militaire au menu

par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 12 février 2006

Le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Donald Rumsfeld, est attendu aujourd’hui à Alger pour une courte visite de travail. Il s’agit de la première visite d’un responsable d’un rang aussi important dans l’administration de George W. Bush, depuis sa prise de pouvoir en 2001.

Bien que l’ancien secrétaire d’Etat, Colin Powell, ait effectué une visite en Algérie en décembre 2003, mais la visite de Rumsfeld, considéré comme l’un des hommes clefs du cabinet Bush et son principal mentor, confirme l’intérêt accru de l’administration Bush pour le Maghreb.

La visite du faucon de l’administration américaine, qui a été l’un des plus farouches partisans de la guerre contre l’Afghanistan et contre l’Irak ainsi que de la traque de la nébuleuse El-Qaïda, survient au lendemain de la visite effectuée par le directeur du FBI Rober Mueller et dans la foulée de la noria de visites, ces derniers jours, de responsables américains.

La visite à Alger du patron du Pentagone intervient dans le cadre d’une tournée maghrébine qu’il a entamée hier en Tunisie et qu’il achèvera demain au Maroc. Hier, rien n’avait filtré à Alger sur l’objet de cette visite, bien que M. Rumsfeld ait indiqué à Tunis qu’il allait se rendre en Algérie et au Maroc au cours de sa tournée de trois jours.

A Tunis, sa visite a été entourée de la plus grande discrétion et marquée par des mesures de sécurité renforcées, selon des médias locaux qui rapportent que Rumsfeld a évoqué la guerre contre le terrorisme avec les responsables tunisiens dont son homologue Kamel Morjane.

Selon des écris de presse, l’un des dossiers majeurs que M. Rumsfeld entend hisser au premier plan durant sa tournée est celui du renforcement des relations militaires avec la Tunisie, l’Algérie et le Maroc. «Nous entretenons diversement avec ces trois pays des rapports militaires que nous apprécions et voulons renforcer», a-t-il confié à des journalistes qui l’accompagnaient pendant son voyage de Sicile à Tunis.

Le secrétaire d’Etat se trouvait dans l’île italienne où il a participé à une réunion de l’OTAN, où était présent le ministre délégué auprès du ministre de la Défense, M. Guenaïzia. Il a qualifié l’Algérie, la Tunisie et le Maroc de «partenaires constructifs» dans la lutte contre le terrorisme et qu’ils ne constituent pas le type de régions qui laissent des organisations terroristes comme El-Qaïda prendre racine et se fertiliser.

M. Rumsfeld a également estimé que les réseaux terroristes étaient attirés par les «régions ayant de larges zones non administrées, où les gouvernements ont tendance à être plus tolérants à l’égard de l’extrémisme, ce qui n’est pas le cas pour les trois pays».

Dès lors, la lutte contre le terrorisme sera entre autres sujets qu’il aura à soulever, a-t-il dit, avec les responsables des trois pays maghrébins durant son séjour. Si le sujet de la lutte contre le terrorisme sera bien évoqué par le responsable américain, il n’en demeure pas moins que l’Algérie garde ses distances par rapport à la politique menée par l’administration Bush, axée essentiellement sur le recours à la force.

Mais il existe de rares divergences entre les deux pays, s’agissant de la lutte mondiale contre le terrorisme réel. L’Algérie qui vient de franchir le cap de la réconciliation nationale pour endiguer le terrorisme chez elle, milite depuis 1999 en faveur de la mise en œuvre d’actions, dans le cadre de l’ONU, qui tiennent compte notamment des dimensions politique et sociale du fléau.

Partisane d’une définition globale du terrorisme, l’Algérie s’oppose à l’attitude américaine à l’égard des mouvements de libération, principalement palestiniens, ceux qui luttent pour leur autodétermination. Elle ne cesse de réclamer aussi la participation des pays riches dont les Etats-Unis dans la contribution au développement des pays du tiers-monde qu’elle juge nécessaire pour faire reculer la pauvreté, perçue comme le nid de l’extrémisme et des conflits armés.

Quant à la question de la coopération militaire évoquée, il n’est pas exclu qu’elle s’inscrive dans la stricte lutte contre le terrorisme. Z. M.