L’initiative américaine de partenariat pour le Moyen-Orient
L’initiative américaine de partenariat pour le Moyen-Orient
Une délégation à Alger pour expliquer le projet
par Zouaoui M. , Le Jeune Indépendant, 14 septembre 2004
Les Etats-Unis ont ouvert, ces derniers jours, deux bureaux, l’un aux Emirats arabes unis et l’autre en Tunisie pour tenter de faire avancer la mise en œuvre de l’Initiative de partenariat pour le Moyen-Orient (MEPI) qui se heurte, depuis son lancement il y a deux ans, à la méfiance de l’opinion arabe quant à ses véritables visées.
Le premier bureau régional du MEPI basé à Abou Dhabi est destiné à couvrir la région du Golfe et la Jordanie, et le second, installé à Tunis, se chargera de couvrir la Tunisie, l’Algérie, le Maroc, l’Egypte et le Liban. Le directeur du bureau de Tunis, Peter Mulrean, se trouve depuis dimanche à Alger pour discuter avec les responsables algériens de cette initiative.
Spécialiste des questions du Moyen-Orient, M. Muellen doit d’ailleurs animer une conférence de presse aujourd’hui à l’ambassade des Etats-Unis sur ce dossier cher à l’administration du président George W. Bush. Le bureau d’Abou Dhabi a été confié au diplomate Hans Wechsel qui, dans un entretien accordé avant-hier à l’agence Reuters, a affirmé que les Etats-Unis souhaitent dissiper la suspicion ambiante dans le monde arabe à l’égard de ce plan.
«Nous souhaitons dissiper la crainte selon laquelle nous essayons de façon clandestine d’alimenter les mouvances de l’opposition qui cherchent à déstabiliser les gouvernements de la région», a-t-il déclaré. Il s’agit, selon lui, d’un plan qui ne vise pas à façonner les politiques des pays du monde arabe, mais de contribuer à faire reculer l’extrémisme.
«Le programme se veut un moyen de soutenir notamment les droits de la femme et de la jeunesse», a-t-il ajouté. «Ce n’est pas une panacée. Nous essayons de favoriser un environnement qui rende difficile la propagation de la culture de la haine.
Mais ce n’est pas facile de gagner la confiance de centaines de millions d’individus au monde arabe», a-t-il reconnu. Accueilli avec scepticisme dans le monde arabe, le président Bush annonçait, le 9 mai 2002, dans la Caroline du Sud son intention de lancer le MEPI (Middle East Partnership Initiative).
Le plan cible l’ensemble des États allant du Maroc à l’Arabie saoudite et excluant la Libye, Israël, la Syrie et l’Irak. Ce programme a été confié au secrétaire d’État adjoint Richard Armitage et à la directrice du bureau des Affaires proche-orientales, Elizabeth Cheney, fille du vice-président Dick Cheney.
Au départ, il était question de promouvoir les réformes politiques, la création d’entreprises, mais aussi de soutenir de grands projets comme la création d’une zone régionale de libre-échange et celle d’un forum sur la réforme judiciaire.
L’objectif étant, selon Bush, de mettre fin, par ailleurs, au terrorisme dans la foulée des événements du 11 septembre 2001. Depuis le début, ce plan a coûté 190 millions de dollars au Trésor américain et devra bénéficier de 150 millions de dollars supplémentaires à partir d’octobre.
Toutefois, le projet s’est vu ternir par les massacres de civils irakiens, les scandales de torture dans les prisons d’Abou Ghrib à Bagdad et de Guantanamo à Cuba par les soldats américains. Ces scandales avaient fait voler en éclats la rhétorique américaine en matière de justice et de respect des droits de l’homme.
Cela d’autant que le soutien aveugle des Etats-Unis à Israël a amplifié le recul par les Etats arabes à l’égard de cette initiative. Beaucoup d’experts affirment d’ailleurs que Washington devrait commencer d’abord par aider concrètement au règlement du conflit israélo-palestinien.
«On ne peut prétendre vouloir démocratiser des pays comme le Yémen, l’Arabie saoudite et le Bahreïn, alors que les Palestiniens sont privés du droit à la liberté», soutient un expert britannique. L’Algérie avait, à maintes reprises, rappelé aux Américains qu’elle n’était nullement concernée par cette initiative tant il est vrai qu’elle a franchi des pas importants dans la démocratie, le respect des droits de l’homme, de l’aveu même de l’administration Bush, qui espère, toutefois, que l’Algérie joue un rôle dans la promotion des droits de l’homme dans le monde arabe.
Z. M.