Terrorisme : Les USA intensifient leurs opérations secrètes en Afrique

Terrorisme : Les USA intensifient leurs opérations secrètes en Afrique

par R. N., Le Quotidien d’Oran, 16 juin 2012

Les Etats-Unis intensifient ses opérations des services secrets à travers l’Afrique par l’établissement d’un réseau de petites bases aériennes afin d’espionner les activités terroristes en Afrique subsaharienne, a indiqué The Washington Post (WP) dans son édition électronique de mercredi dernier. La même source, citée par l’APS, indique que ces opérations d’espionnage sont menées à travers des petits avions non armés, camouflés en avions privés, et équipés de capteurs, qui peuvent faire des enregistrements vidéo, suivre les traces de chaleur infrarouge (pour déceler une présence humaine) et détecter les signaux de radio et de téléphone cellulaire.

Il existe déjà une dizaine de bases aériennes établies en Afrique depuis 2007. «Ces opérations se sont, néanmoins, intensifiées au cours des derniers mois dans le cadre d’une guerre de l’ombre croissante contre Al-Qaïda et les autres groupes affiliés», selon le correspondant du WP à Ouagadougou (Burkina Faso) présentée comme «une plaque tournante du réseau d’espionnage des Etats-Unis» où ces derniers disposent d’une base aérienne à l’aéroport international.

«Les avions-espions américains non armés traversent des centaines de kilomètres au Mali, en Mauritanie et au Sahara, où ils recherchent des combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)», selon le Washington Post qui affirme que ces vols se sont intensifiés à la suite du coup d’Etat perpétré au Mali en mars dernier, qui a permis aux partisans d’Al-Qaïda de déclarer un Etat indépendant islamiste dans la moitié nord du pays.

Ces opérations, menées sous le Commandement militaire des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), restent limitées «à l’échange de renseignements avec les forces alliées africaines afin que ces dernières puissent attaquer les camps terroristes sur leur propre territoire», ajoute la même source qui ne fournit aucun détail sur ces opérations. Les opérations de surveillance et de renseignement, selon Africom, «sont tout simplement un outil que nous utilisons pour permettre aux militaires du pays hôte de mieux comprendre le contexte de la menace». Cependant, note le journal, qui fait état également de l’envoi de troupes américaines en Afrique centrale pour lutter contre l’Armée de résistance du seigneur dirigée par l’Ougandais Joseph Kony, «l’engagement militaire rampant des Etats-Unis dans les conflits africains comporte des risques». Soulignant que «certains responsables du Département d’Etat expriment des réserves au sujet de la militarisation de la politique étrangère américaine dans le continent africain», faisant valoir que «la plupart des cellules terroristes en Afrique poursuivent des objectifs locaux et non mondiaux, et ne présentent, donc, pas une menace directe pour les Etats-Unis».

Ces révélations interviennent au moment où le président américain Barack Obama dévoile sa stratégie en «faveur du développement de l’Afrique, avec l’objectif de renforcer la sécurité et la démocratie» pour faire face à la menace d’Al-Qaïda et à l’offensive économique chinoise dans le continent. Ce plan vise, selon l’AFP qui cite un responsable américain sous couvert d’anonymat, à encourager le potentiel économique «sensationnel» de l’Afrique en matière de croissance afin de tirer des millions d’Africains de la pauvreté. La même source indique que la Maison Blanche doit se focaliser sur quatre points : renforcer les institutions démocratiques, stimuler la croissance et les investissements, donner la priorité à la paix et la sécurité et promouvoir le développement. «Au moment où nous regardons vers l’avenir, il apparaît clairement que l’Afrique est plus importante que jamais pour la sécurité et la prospérité de la communauté internationale et pour les Etats-Unis en particulier», a déclaré le président américain dans un communiqué. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a déclaré jeudi dernier que Barack Obama croyait «passionnément» en l’avenir de l’Afrique et a souligné le fait que ce continent abritait six des dix économies qui ont connu la croissance la plus forte au cours de la décennie passée. «Je veux que tous mes compatriotes américains, et particulièrement les entrepreneurs, entendent ça : l’Afrique offre le meilleur taux de retour sur investissements indirects dans le monde», a-t-elle déclaré. «Aux Etats-Unis nous adorons nous décrire comme le pays où il y a une chance pour tout le monde. C’est un élément de notre fierté nationale. Au XXIe siècle, c’est en Afrique que tout le monde a une chance», a-t-elle poursuivi. L’administration américaine considère que des progrès qui ont été enregistrés en Afrique sous le mandat de M. Obama, par exemple en accompagnant la naissance du Soudan du Sud, en soutenant le retour à la démocratie en Côte d’Ivoire, ou en envoyant des forces spéciales pour aider les troupes africaines à mettre la main sur le rebelle ougandais Joseph Kony. Ce regain d’intérêt se concrétise à un moment où la Chine accentue ses investissements en direction du continent et cherche à fortifier ses liens diplomatiques. La Chine apporte un capital dont l’économie africaine a un «besoin vital» et pourrait jouer un rôle pour assurer une paix durable au Soudan, a dit le responsable de l’administration américaine parlant sous couvert d’anonymat. Le commerce entre la Chine et l’Afrique a atteint 120 milliards de dollars en 2011, un bond de 100 milliards en dix ans.