Nouvelle stratégie américaine de lutte contre le terrorisme

Nouvelle stratégie américaine de lutte contre le terrorisme

L’Algérie à l’avant-garde

par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 17 mars 2005

Les États-Unis envisagent de déployer les grands moyens pour aider leurs partenaires, dont l’Algérie, à lutter efficacement contre le terrorisme. C’est ce qu’a fait savoir avant-hier M. William Pope, haut fonctionnaire du département d’État chargé de la coordination de la lutte antiterroriste, dans un rapport présenté devant la sous-commission de la Chambre du Sénat américain chargée des questions liées au terrorisme international et à la non-prolifération.

Il s’agit, selon M. Pope, de la mise en œuvre d’un vaste éventail de programmes et de mesures afin d’aider les partenaires des Etats-Unis dans le monde arabe, notamment le Maghreb. Dans cette région, l’opération fera suite à l’initiative Pan-Sahel destinée aux pays subsahariens et basée sur l’entraînement des troupes du Niger, du Mali, du Tchad et de la Mauritanie contre les cellules terroristes d’El-Qaïda susceptibles d’activer dans cette région d’Afrique.

Pour le responsable américain, les nouveaux programmes et mesures envisagées constituent une sorte d’investissement fondé sur les intérêts et les objectifs des États-Unis en matière de sécurité nationale. Ces programmes, qui seront exécutés par des experts du Pentagone, comprennent l’entraînement personnalisé d’agents de police affectés dans les quartiers des capitales des pays, l’entraînement tactique d’équipes-choc et de spécialistes de désamorçage d’engins explosifs.

Il s’agit aussi de la formation en matière de communications électroniques cryptées et de tactiques de blanchiment inversé d’argent dont l’emploi par des organisations terroristes est connu, ainsi que la promotion de la coopération entre les agences des forces de l’ordre grâce à la création de groupes tactiques antiterroristes efficaces.

Dans ces programmes, il est prévu aussi la réforme des institutions corrompues de sécurité, l’aide à la collecte et à l’analyse des renseignements et l’entraînement et l’aide militaire aux échelles tactique, opérationnelle et stratégique.

Chaque partenaire n’aura pas besoin de tous les éléments de cet arsenal de programmes, a fait observé M. Pope. «Il nous faut discerner, par une évaluation et une analyse expertes, les besoins les plus urgents d’un pays. Ensuite, nous devons persuader les décideurs nationaux de la ligne d’action à adopter.» Pour mettre en œuvre ces programmes, M. Pope a fait savoir qu’un budget spécial, dont le montant n’a pas été précisé, sera débloqué par le Congrès américain.

Toutefois le département d’Etat envisage d’adapter ces programmes selon les besoins de chaque pays et de son expérience en matière de lutte contre le terrorisme. Selon des experts américains, l’Algérie sera l’un des principaux pays à l’avant-garde de ces programmes, vraisemblablement en matière de formation et d’échanges d’information.

«De longue expérience, nous savons qu’on ne peut simplement lâcher un programme de formation ou d’équipement impersonnel entre les mains de nos partenaires et espérer qu’il aura des résultats. En fait, l’amélioration durable et mesurable de la capacité d’un État de neutraliser les activités terroristes sur son territoire ou à partir de son territoire exige généralement des programmes adaptés de formation pratique utilisant un matériel localement acceptable, ainsi qu’un suivi continu», a déclaré M. Pope.

Considérée comme un partenaire privilégié des Etats-Unis, l’Algérie, pays qui accueille le Centre africain de lutte contre le terrorisme, est perçue comme un partenaire devant prendre une part active à cette nouvelle stratégie américaine.

Cela d’autant que les experts américains considèrent l’Algérie, au vu de son expérience, comme un partenaire incontournable dans la lutte contre le terrorisme international. Z. M.