Les libertés religieuses respectées en Algérie

Selon un rapport du département d’état américain

Les libertés religieuses respectées en Algérie

Le Quotidien d’Oran, 19 septembre 2004

L’Algérie ne figure pas parmi les huit pays (Birmanie, Chine, Iran, Corée du Nord, Soudan, l’Erythrée, Arabie saoudite et Vietnam) où les libertés religieuses sont en danger. Le 6ème rapport annuel du département d’Etat US sur les libertés religieuses, rendu public le 15 septembre, considère qu’en général, et hormis «quelques restrictions», le gouvernement «respecte les libertés religieuses», et confirme, par ailleurs, qu’il y a augmentation, au courant de l’année 2003, des activités d’évangélisation en Kabylie. Fait étonnant dans ce rapport, le département d’Etat américain inclut dans le chapitre des «libertés religieuses» la question de la reconnaissance des écoles privées en Algérie comme s’il s’agissait d’écoles confessionnelles !

Si le rapport estime que la loi algérienne «limite la pratique des autres confessions y compris la prohibition des rassemblements publics des autres croyances autres que l’Islam», néanmoins il considère que dans la pratique, les pouvoirs publics «poursuivent de facto une politique de tolérance en permettant, dans des cas limités, la conduite de services religieux ouverts au public, au sein de la capitale, par les instances autorisées relevant d’autres confessions».

Les églises catholiques, protestantes et les «adventistes du 7ème jour», sont les seules dont les activités sont autorisées. «Les membres des autres églises, note le rapport, sont forcés d’agir sans la permission des autorités et de pratiquer secrètement leur foi dans leurs propres domiciles ou de se faire enregistrer, comme c’est le cas des méthodistes, comme membres de l’église protestante».

Le document du département d’Etat américain précise, en outre, que «le prosélytisme non islamique est illégal» en Algérie, et que «l’importation de littérature religieuse (autre que musulmane, ndlr) est soumise à l’approbation des pouvoirs publics» qui est délivrée après de «très longs délais».

Sur le plan sociétal, et tout en estimant que plus de 99% des Algériens sont musulmans, le rapport note que les «attitudes amicales» au sein de la société vis-à-vis des autres religions «a contribué à la liberté religieuse», mais que les gens reconvertis sont «reniés par leurs familles et mis au ban de la société».

En l’absence de statistiques officielles, le document évalue, selon d’autres sources, le nombre de non musulmans, toutes confessions confondues, à moins de 5.000 personnes. Selon des responsables des églises chrétiennes, les méthodistes et les évangélistes comptent parmi les nombreux membres des confessions non musulmanes, suivies par les catholiques et les «adventistes du 7ème jour» (Seventh-day Adventists). Existants «principalement dans la région Kabylie», les évangélistes sont estimés à 3.000, alors que les catholiques ne dépassent pas les 300 fidèles. Quant à la population juive, elle est «pratiquement inexistante», note le rapport qui considère également qu’«il n’y a pas de chiffres fiables sur les nombres d’athées dans le pays, et (que) très peu de personnes s’identifient comme tel». En ce qui concerne les reconversions, et tout en notant qu’«elles sont rares», le rapport du département d’Etat affirme que «récemment, les conversions évangéliques ont accru la dimension de la communauté chrétienne dans la région de Kabylie» et que le nombre des «églises maisons», où les membres se «rencontrent secrètement» par «peur de s’exposer» ou «parce qu’ils ne peuvent pas financer la construction d’une église», a augmenté.

Toutefois, lit-on dans le document, le gouvernement «suit une politique de tolérance en ne s’immisçant pas dans les affaires internes des églises reconnues ou des «églises maisons»».

Incompréhensible est l’intrusion dans le rapport du département d’Etat américain du débat sur le statut des écoles privées en Algérie dans le chapitre des «libertés religieuses».

D’une phrase à une autre, l’on ne comprend pas le lien qui est établi entre le fait que les ministères de l’Education nationale et des Affaires religieuses «exigent, régulent et financent l’enseignement de l’Islam dans les écoles publiques» et que le «gouvernement n’accorde pas sa reconnaissance aux écoles privées» dont les élèves «sont obligés de se présenter en tant que candidats indépendants pour passer l’examen du baccalauréat».

Mohamed Mehdi