Les invités de Bush au G8
Les invités de Bush au G8
El Watan, 27 mai 2004
Le président américain George W. Bush a choisi ses invités parmi les pays éligibles à son projet de Grand Moyen-Orient pour assister au prochain sommet du G8 le 9 juin prochain à Sea Island, en Georgie.
Un communiqué de la Maison-Blanche rendu public mardi dernier, révèle que cinq pays ont été invités officiellement par le président américain à ce sommet. Il s´agit de l´Algérie, de l´Afghanistan, de Bahreïn, de la Jordanie et du Yémen. George W. Bush est «heureux de pouvoir discuter des moyens pour le G8 d´apporter son soutien à une plus grande liberté politique, économique et sociale dans le Grand Moyen-Orient. Le président espère que ces dirigeants discuteront des efforts pour parvenir à la démocratie et favoriser les réformes dans leurs pays», souligne le communiqué de la Maison-Blanche. On ne sait pas sur quels critères Bush a choisi ses convives, mais tout laisse croire que les cinq pays retenus représentent aux yeux de l´administration américaine un échantillon de pays qui peuvent jouer un rôle de locomotive en matière de réformes politiques. Les expériences vécues par certains d´entre eux et les dispositions affichées par d´autres pour aller dans les meilleurs délais vers des réformes de leurs systèmes politiques et économiques placent ces pays dans une posture confortable de bons élèves pour réussir l´examen d´entrée au projet de Grand Moyen-Orient qu´ambitionne de mettre en place Bush pour l´espace géostratégique qui s´étend du Maghreb à l´Asie. En dehors de l´Afghanistan qui a gagné son ticket es qualité, sans concourir – le régime en place a été coopté par les Américains après le renversement des talibans – le reste des pays, le quartette arabe, se sont distingués par leurs positions moins tranchées pour ne pas dire moins hostiles sur le GMO que ne le sont certains pays du front du refus avec à leur tête l´Egypte de Hosni Moubarak qui a pris les rênes de la croisade contre le projet américain. Lundi , le ministre égyptien, M. Ahmed Maher, avait indiqué que le président égyptien Hosni Moubarak avait décliné l´invitation de Bush à participer au G8. Le communiqué de la Maison-Blanche nous apprend que le président égyptien qui est au pouvoir depuis 23 ans n´a même pas été invité par Bush pour lui faire l´affront de ne pas répondre à son invitation. Il aurait été malvenu aussi bien pour Bush que pour Moubarak que l´Egypte soit présente à un sommet qui aura à entériner le projet américain qu´elle combat avec la plus grande énergie. L´Egypte considère que «les réformes sont nécessaires et inévitables» dans le monde arabe, mais elles doivent «émaner de l´intérieur et être conformes aux besoins et convictions des peuples». L´Arabie Saoudite, autre alliée arabe traditionnelle des Américains, qui voit avec méfiance le projet américain de réformes pour le Grand Moyen- Orient ne semble plus être dans les bonnes grâces des Américains. Déjà que Washington n´a pas fini d´apurer le lourd contentieux l´opposant au wahabbisme après les attentats du 11 septembre que le protégé saoudien fait encore des siennes en se positionnant par rapport au projet du GMO dans le camp ennemi aux côtés de l´Egypte et des autres pays arabes opposés à l´initiative américaine. «Les dictatures militaires et les gouvernements théocratiques ne mènent à rien d´autre qu´à l´impasse», avait déclaré la conseillère pour la Sécurité intérieure des Etats-Unis Condoleezza Rice. Des quatre pays arabes invités au sommet du G8, l´Algérie présente un CV en matière d´ouverture démocratique qui la place en pole position. Les autres pays ont tenté des réformes chacun avec son rythme et ses ambitions propres. La Jordanie, qui a connu des émeutes en 1989, a été amenée à amorcer des politiques en organisant des élections législatives en novembres 1989. Les découpages électoraux basés sur des considérations tribales confortant le régime monarchique et la répression de l´opposition de gauche ont permis de garantir une stabilité politique du système en place. La poussée de fièvre islamiste qu´a connue le pays avec la mort du roi Hussein n´est plus qu´un mauvais souvenir aujourd´hui. Le Yémen, autre pays invité au sommet du G8 de Sea Island, s´est engagé dans la voie des réformes politiques presque en même temps que l´Algérie. Cette année, le pays a organisé des élections législatives remportées par le Parti du congrès du président Ali Abdellah Salah. Le scrutin avait reçu la bénédiction de certaines organisations non gouvernementales qui ont supervisé le scrutin. Reste l´énigme de Bahreïn. Ce pays composé de plusieurs émirats envisage d´aller vers une monarchie constitutionnelle, une révolution, en l´espèce, dans la région du Golfe où les conservatismes politiques ont la vie dure. C´est sans doute pour cela que ce pays a été également élu par Bush pour assister au sommet du G8.
Par S. Bensalem