Medelci à Washington: Interrogations sur les non-dits d’une visite

Mourad Medelci à Washington

Interrogations sur les non-dits d’une visite

El Watan, 5 mai 2011

Le moins que l’on puisse dire sur l’activité diplomatique du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui a séjourné en début de semaine à Washington, est qu’elle a été très intense.

Le chef de la diplomatie algérienne a eu plusieurs entretiens avec de hauts responsables américains. Il a rencontré tour à tour, la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, le principal conseiller du président américain Barack Obama, pour la sécurité extérieure et la lutte antiterroriste, John Brennan, le sous-secrétaire d’Etat adjoint aux Affaires politiques, William Burns, et le coordinateur pour le contre-terrorisme au département d’Etat, Daniel Benjamin. Plus qu’un échange diplomatique, le séjour de Medelci à Washington a été surtout l’occasion, d’un côté comme de l’autre d’aborder des sujets aussi divers que sensibles liés à la sécurité, au terrorisme dans la région du Sahel, à la Libye et évidemment à des questions internes ayant trait «aux réformes politiques», lancées par le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika. Aucune information n’a filtré de ces rencontres et de ce séjour, l’un des plus importants et rares qu’a eu à effectuer un chef de la diplomatie algérienne ces dernières années aux Etats-Unis d’Amérique. Hormis la déclaration laconique de la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, aucun autre responsable américain ne s’est exprimé sur la teneur des discussions qu’ils ont eues avec le ministre des Affaires étrangères.

La diplomate américaine s’est, en effet, contentée de dire que «le ministre Medelci est ici pour représenter une importante relation qu’entretiennent les Etats-Unis avec l’Algérie», en ajoutant : «Nous sommes très reconnaissants de l’excellente coopération que nous avons sur les questions de la lutte antiterroriste et de la sécurité, ainsi qu’une liste en augmentation de questions bilatérales importantes.» Si sommaire qu’elle est, la déclaration de Hillary Clinton n’apprend rien à l’opinion publique sur le sujet. La coopération entre les deux pays, dans les domaines qu’elle a cités, ne date pas d’aujourd’hui. Mais la deuxième séquence de son «speech» dont elle s’est prudemment réservée de faire un développement, la secrétaire d’Etat américaine laisse entendre qu’il y a d’autres questions qui intègrent désormais les centres d’intérêt entre les deux pays. Pas seulement !

La qualité et les fonctions des responsables avec lesquels le chef de la diplomatie algérienne s’est entretenu sont un important indicateur de la profondeur et l’importance des discussions qui se sont déroulées entre eux. Evidemment outre la traditionnelle coopération sécuritaire que Mourad Medelci a mise en évidence dans un entretien accordé avant-hier à l’agence de presse officielle, APS, le ministre des Affaires étrangères a surtout tenu à mettre l’accent sur deux très importants objets de sa mission: vendre «les réformes politiques» promises par le président Bouteflika, et expliquer la position algérienne vis-à-vis de la crise libyenne.

S’il s’est montré peu bavard sur cette dernière, il n’a pas manqué, cependant, d’affirmer que l’entretien avec Mme Clinton lui a permis de «donner un aperçu général sur la situation en Algérie et expliciter le contenu des réformes annoncées par le président Abdelaziz Bouteflika le 15 avril dernier». Il rapportera même les appréciations de son homologue américaine qui aurait qualifié le projet en question d’«extrêmement encourageant». M. Medelci compte bien rentabiliser son séjour dans la capitale fédérale sur le plan interne.
Said Rabia