Louisa Hanoune et la présence américaine au Maghreb
par Mohamed Salah Boureni, Le Quotidien d’Oran, 7 janvier 2008
Invitée du forum de l’ENTV, ce samedi, Louisa Hanoune secrétaire générale du parti des Travailleurs (PT) a planté le décor du péril étranger sur fond de mondialisation, dont la privatisation n’est qu’un des prolongements pour prévenir contre les tentatives de l’ingérence dont souffrent de nombreux pays et pas seulement l’Algérie.
«Les institutions financières internationales, les organisations non gouvernementales… noircissent le tableau, pour favoriser l’ingérence étrangère dans les affaires de l’Algérie», a déclaré Louisa Hanoune pour enclencher sur les attentats du 11 décembre et dire qu’ils n’ont aucune relation avec la crise que vit le pays. Ceci pour faire toucher du doigt le complot étranger en voulant pour preuve les déclarations de hauts responsables américains qui remettaient sur le tapis, dans la fraîcheur des événements qui ont secoué Alger, la question de la nécessité de la présence américaine au Maghreb.
Dans cette veine, la secrétaire générale du PT parlera de la mondialisation qui est, selon elle, l’explosion des Etats et de donner l’exemple du Pakistan. Pour Hanoune, contre cette mondialisation, il faut mettre des garde-fous et trouver les moyens de protéger l’économie nationale.
«C’est ce que disent d’ailleurs les plus hauts responsables des grandes puissances du moment», a-t-elle souligné. «Il faut aller doucement et faire preuve de prudence», dira l’invitée du Forum quand lui fut posée la question sur l’accord d’association et le projet de l’Union méditerranéenne.
«Quand les intérêts des grandes puissances se télescopent, celles-ci n’hésiteraient pas à utiliser les citoyens en les armant les uns contre les autres», avertit-elle. Plus particulièrement sur le projet de l’Union méditerranéenne, Hanoune relèvera que le ministre des Affaires étrangères français a déclaré que cette union ne pouvait se faire sans Israël. Et de préciser que chaque pays doit voir cette union méditerranéenne, selon ses propres intérêts et les questions qui le préoccupent. L’oratrice se défendra, ensuite, de vouloir l’isolement de l’Algérie en disant que défendre la souveraineté nationale ne signifie pas marginaliser le pays de la scène internationale. «L’Algérie est, aujourd’hui, à la croisée des chemins», souligne-t-elle pour dire que notre pays peut avoir des relations internationales sans pour autant renoncer à défendre ses intérêts.
«Il faut sortir de l’ornière grâce à une manne financière sans précèdent», dira encore Hanoune pour parler ensuite d’une ouverture anarchique du marché qui a tué l’agriculture et l’industrie. Selon elle, il faut protéger notre économie contre la spéculation, car celle-ci est d’envergure internationale. La privatisation, comme l’on s’en doute, reste incontournable dans le discours de Louisa Hanoune qui appelle, encore une fois, à l’annulation de ce chapitre de la politique économique algérienne. En ce sens, elle relèvera que certains ministres sont contre Temmar et refusent que des entreprises de leurs secteurs soient privatisées.
Elle parlera, également, des multinationales et des contrats de partenariat pour fustiger une multinationale américaine qui a enfermé des travailleurs algériens dans ce qui ressemble à Guantanamo.
Abordant la loi de finances 2008, elle parlera de la hausse des salaires prévue dans cette loi, mais relèvera que celle-ci n’a pas pris en compte les régimes indemnitaires et de s’interroger, si des fois, les travailleurs n’allaient en bénéficier, finalement, que l’année prochaine alors que le pouvoir d’achat est en train de s’effondrer. Interrogée sur le contrat de Rome dont le PT a été partie prenante, Louisa Hanoune signifiait qu’elle avait signé la plateforme sous deux conditions.
La première se traduit, selon elle, par le non à l’internationalisation de la question algérienne, alors que la seconde insiste sur le non-partage du pouvoir en Algérie. «Nous avons signé le contrat de Rome pour le retour de la paix en Algérie», disait-elle pour ajouter «pour nous la souveraineté de l’Algérie est non négociable». Sur la question de la révision constitutionnelle et le troisième mandat pour le Président Abdelaziz Bouteflika, Louisa Hanoune dira, d’abord, que chaque parti est libre de proposer ce qu’il veut. Cependant, elle estime qu’il faut faire preuve de prudence et d’orienter le regard vers ce qui est en train de se passer au Pakistan, en Inde et un peu partout dans le monde.
Manière, pour elle, de revenir au complot étranger et les tentatives de déstabilisation de l’Algérie. En ce sens, elle soulignera que la question de la révision constitutionnelle est «une affaire algéro-algérienne». «Aucun pays n’a le droit de donner son avis sur cette question», devait-elle souligner.
Pour le PT, la révision de la constitution ne doit pas porter seulement sur une seule chose et de citer la séparation des pouvoirs et d’autres volets de la présente constitution qui, de son avis, doivent faire l’objet d’une révision.
«Nous sommes avec la liberté de candidature, chacun a le droit de se présenter à une élection, ce qui importe c’est la question du programme et celle de savoir si cet élu a respecté ses engagements». Louisa Hanoune estime, ensuite, qu’il faut d’abord «dépolluer» le climat politique avant d’engager le débat sur la question de candidature aux prochaines présidentielles.
D’une manière très claire, la secrétaire générale du PT dira qu’elle n’est pas contre la révision de l’article qui limite les mandats présidentiels. L’essentiel, pour elle, c’est que l’élection doit être libre et démocratique.
Enfin Louisa Hanoune dira que tant que le PT n’a pas la majorité, il ne participera à aucun gouvernement.