Algériens à Guantanamo: La Cour suprême US se prononce aujourd’hui
Algériens détenus à Guantanamo
La Cour suprême US se prononce aujourd’hui
Le Jour d’Algérie, 5 décembre 2007
Il y a près de six ans, les autorités de Bosnie ordonnaient la libération de six Algériens soupçonnés d’avoir préparé un attentat contre l’ambassade des Etats-Unis à Sarajevo, aucune preuve n’ayant été trouvée contre eux. Mais au lieu d’être relâchés, ils ont été envoyés dans le centre de détention de la base navale américaine de Guantanamo, à Cuba, où ils sont retenus depuis sans inculpation.
Selon des agences de presse, c’est aujourd’hui que la cour suprême des Etats-Unis examinera le cas de ces six hommes, considérés comme des combattants ennemis par l’administration Bush, et de quelque 300 autres prisonniers de Guantanamo, pour savoir s’ils peuvent aller devant des tribunaux américains pour contester leur détention qu’ils jugent trop longue. C’est la troisième fois que la Cour suprême se penche sur les droits de ces détenus. A deux reprises déjà, elle s’est prononcée contre l’administration Bush. Mais à chaque fois, le Congrès américain et la Maison Blanche ont modifié la loi pour essayer d’empêcher les prisonniers de Guantanamo de contester leur détention devant des juges américains.
Ces détentions sans limite de durée, justifiées par la lutte des autorités américaines contre le terrorisme, font l’objet de nombreuses critiques de la communauté internationale, avec des appels de plus en plus virulents en faveur de la fermeture de Guantanamo.
Mais l’administration Bush défend sa politique en la matière, affirmant que les étrangers détenus hors des Etats-Unis n’ont pas de droits constitutionnels. Ce que contestent de nombreux juristes et des organisations des droits de l’Homme. Ainsi, Jonathan Hafetz, un avocat qui défend plusieurs détenus, dénonce l’existence de ces «enclaves sans loi», ces «prisons au-delà de la loi». Les avocats des prisonniers assurent que la plupart d’entre eux n’ont pas été capturés sur un champ de bataille, mais ont été livrés, contre de l’argent, par des seigneurs locaux de la guerre en Afghanistan et au Pakistan. D’autres, comme ceux en Bosnie, ont été arrêtés loin des zones de combats en Afghanistan. Ils ont été emmenés sur la base américaine, début 2002, quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001.
Leurs avocats pensent que la cour suprême pourrait leur donner raison, en insistant sur le manque de preuves les concernant. Par exemple, l’administration Bush estime que l’un des Algériens, Mustafa Ait Idir, est lié «à un responsable connu d’Al-Qaïda» et qu’il a préparé un attentat contre l’ambassade des Etats-Unis à Sarajevo. Mais jusqu’à présent, le nom de ce responsable d’Al-Qaïda n’a pas été révélé et aucune preuve n’a été fournie liant Mustafa Ait Idir à ce complot présumé.
R. N. / Agences