Les hommes d’affaires américains «au bon moment et au bon endroit»

ERDMAN

Les hommes d’affaires américains «au bon moment et au bon endroit»

Le Quotidien d’Oran, 8 décembre 2005

« Vous venez au bon moment et au bon endroit». Ce sont-là les propos de l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique à Alger, Richard Erdman, aux hommes d’affaires américains à l’occasion du «Premier symposium algéro-américain sur les opportunités d’affaires en Algérie dans les domaines des travaux publics, des infrastructures et du logement» qui s’est tenu, hier, à Alger. Une rencontre qui a vu la participation d’une centaine d’entreprises relevant de ces secteurs et de représentants des ministères des Ressources en eau, de l’Habitat et des Travaux publics ainsi que de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI). Le but étant d’identifier les opportunités d’investissement et de coopération dans des secteurs stratégiques et auxquels l’Etat a consacré d’importants moyens financiers dans le but des les relancer.

L’ambassadeur des USA, qui d’emblée a précisé qu’il s’adressait aux hommes d’affaires de son pays, a longuement parlé du marché algérien et des opportunités d’affaires qu’il offre. Stabilité politique, ouverture sur l’économie mondiale à travers notamment la future adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), réformes économiques et bancaires en cours, sont autant d’éléments qui, selon lui, offrent aux hommes d’affaires américains un environnement propice pour investir dans d’autres domaines que ceux des hydrocarbures et sortir de l’emprise des échanges commerciaux. Il souligne, à ce propos, que «les USA ont été le premier partenaire commercial de l’Algérie en 2004 et confortent cette position pour cette année». «L’Algérie est en pleine croissance et a besoin de votre contribution pour poursuivre le processus de sa modernisation», ajoute-t-il.

S’adressant cette fois aux Algériens, il a appelé à la poursuite des réformes engagées, notamment celles bancaire et financière et assure du «soutien neutre» de son pays dans la cadre de mise en oeuvre du processus d’ouverture de capital de certaines banques publiques. «Notre appui est d’ordre technique et il n’y a aucun intérêt américain pour la reprise des banques algériennes», a affirmé l’ambassadeur. Parlant justement de conseil, il a estimé que «l’Algérie devait inclure la possibilité d’une privatisation complète des institutions bancaires», au lieu d’une ouverture partielle de capital et a mis l’accent sur «la transparence» qui doit entourer les réformes d’une manière générale.

Sur un autre plan et s’exprimant, hier, sur les ondes de la radio chaîne III, Richard Erdman a rappelé «l’intérêt stratégique des USA à ce que l’Algérie soit un espace de paix et de démocratie» dans la région. Il a notamment tenu à saluer «la coopération exceptionnelle, par ailleurs appréciée par Washington, de l’Algérie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme».

Il est utile de signaler que les plus importants des investissements américains en Algérie et qui avoisinent les 5 milliards de dollars sont concentrés dans le domaine des hydrocarbures. Ce n’est que ces deux à trois dernières années qu’ils commencent à se diversifier et toucher d’autres secteurs tels que l’eau avec la réalisation d’une station de dessalement d’eau de mer. Le 1er symposium algéro-américain sur les opportunités d’affaires a vu, également, la conclusion d’une joint-venture dans le secteur du logement entre l’EPLF Boumerdès et l’entreprise américaine Wink Global Ventures. L’accord prévoit une coopération pour la construction de logements dans les wilayas de Boumerdès et d’Alger. La conclusion d’un accord Open Sky, dans les prochaines semaines, est de nature à renforcer les échanges et la coopérations entre les deux pays, estime-t-on.

Lors des débats, les hommes d’affaires des deux pays ont abordé plusieurs questions dont celle de l’eau et se sont interrogés sur l’absence de sociétés américaines dans ce secteur laissant ainsi «le monopole aux entreprises françaises». En réponse, l’ambassadeur des USA s’est dit «pour la libre concurrence entre les entreprises». Il faut, juste, poursuit-il, que «tout se fasse dans la transparence». Le secrétaire général du département des Ressources en eau a, quant à lui, estimé qu’il n’existe nullement de monopole français. Ces derniers, précise-t-il, n’interviennent pas dans le dessalement. Un créneau où sont présents des Américains et des Espagnols. En matière de réalisation d’infrastructures également, «la présence française est très minime». Les sociétés françaises n’ont une importante participation que dans le traitement. Rappelons au passage la conclusion d’un premier accord portant gestion déléguée de l’eau de la wilaya d’Alger entre l’ADE et l’ONA et Suez.

Enfin, dans le secteur du logement, le représentant du ministère de l’Habitat a été interpellé sur les retards qu’accusent les programmes de constructions et les capacités de ce département à assurer la réalisation d’un million de logements d’ici 2009, alors que celui des 120.000 logements initié depuis 2000, dans le cadre du programme AADL, n’a pas encore été finalisé? Tout en annonçant la livraison de 16.000 logements avant la fin de l’année, le directeur de l’Habitat a expliqué que le retard et dû «à l’absence de main-d’oeuvre». Par ailleurs, le séisme de Boumerdès et l’obligation faite de construire antisismique ont obligé les maîtres d’ouvrages à réviser toutes les études techniques. Quant au programme d’un million de logements, ce même responsable a assuré que toutes les conditions sont réunies pour leur réalisation.

Ghania Amriout