Les Etats-Unis et les «amis» du Maghreb

LES AMERICAINS SE MELENT DU SAHARA OCCIDENTAL

Les Etats-Unis et les «amis» du Maghreb

Le Quotidien d’Oran, 20 août 2005

Au Maghreb, les Américains n’ont que des «amis». Ils le prouvent en réussissant à obtenir la libération des derniers prisonniers marocains chez le Polisario. L’implication «humanitaire» des Etats-Unis devrait se poursuivre par une tentative de résoudre le conflit du Sahara Occidental. Mais dans quel sens ?

Pas mécontente l’administration de George W. Bush de montrer que dans le monde arabe, elle ne se contente pas de faire la guerre mais qu’elle peut faire oeuvre «utile». C’est donc officiellement à la demande du président américain que le sénateur Richard Lugar, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, a supervisé le transfert vers le Maroc (dans des avions américains) des 404 derniers prisonniers marocains détenus par le Polisario. Un communiqué de la porte-parole de la Maison Blanche, publié depuis Crawford (Texas) où le président américain est en vacances, a souligné que cette libération est «le résultat d’efforts diplomatiques discrets mais intenses de la part des Etats-Unis, du Maroc et de l’Algérie». Le sénateur Richard Lugar et la délégation qui l’accompagne ont fait Alger et Rabat pour couronner ce «succès humanitaire». Sans doute est-ce la partie la moins difficile de ce qui apparaît comme une implication des Etats-Unis dans le dossier bloqué du Sahara Occidental. Une implication qui semble également motivée par des soucis sécuritaires comme le montrent les récentes manoeuvres militaires au Sahel. Et dans le domaine sécuritaire également tous les pays du Maghreb, y compris la Libye, ont un statut d’amis de l’Amérique.

Le coup diplomatique des Américains intervient quelques semaines après la désignation, le 26 juillet dernier, du Néerlandais Peter Van Walsum (71 ans) en qualité d’envoyé personnel de Kofi Annan au Sahara Occidental, en remplacement du Péruvien Alvaro de Soto, nommé coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et représentant personnel du secrétaire général de l’ONU auprès de l’Autorité palestinienne. Cela semble traduire une volonté internationale de contourner l’impasse qui règne sur le dossier du Sahara Occidental. Le secrétaire général de l’Onu, tout en veillant à la préservation du cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 au Sahara Occidental, n’a pas caché son pessimisme quant à la possibilité de trouver une issue au conflit.

Les tentatives menées par Paris et Madrid de réduire la crise à un «tête-à-tête» entre Alger et Rabat se sont soldées par des échecs. La tentation de faire «sortir» l’Onu du dossier, comme le souhaitait le Maroc, s’est révélée improductive et même Paris qui soutient totalement Rabat parle désormais d’une «solution politique» dans le «cadre de l’Onu». Position réitérée par l’Union européenne qui a indiqué, hier, soutenir les efforts de M. Kofi Annan «pour trouver une solution définitive et mutuellement acceptable au conflit du Sahara Occidental dans le cadre des résolutions onusiennes».

Les professions de foi n’ont pas empêché la perpétuation du statu quo fondé sur un «gel» du conflit sans perspectives de solution réelles. Les Américains paraissent aujourd’hui tentés de s’en mêler en fonction d’une vision sécuritaire globale qui place la région du Sahel comme une zone potentielle du développement d’un islamisme radical. Résoudre le conflit du Sahara Occidental et rapprocher les deux plus grands Etats du Maghreb, tous deux «amis», constituerait un élément important de cette politique de «containment» de l’islamisme radical.

Dans quel sens pèsera cette implication des Etats-Unis, les propos du sénateur Richard Lugar restent marqués par la prudence. Il a invité le Maroc et l’Algérie à «créer un climat régional propice à un règlement de la question du Sahara Occidental». La généralité délibérée du propos montre un souci de ne déplaire à aucune des parties et un souci d’éviter d’entrer dans le détail des choses. Il faut se rappeler que c’est un Américain, James Baker, ancien secrétaire d’Etat (républicain), qui a élaboré, dans le cadre de l’Onu, le plan de sortie de crise le plus détaillé et, croyait-il, le plus consensuel. Un plan soutenu par Alger et le Polisario mais rejeté par Rabat qui ne veut plus entendre parler de référendum d’autodétermination.

Les choses en sont là au Sahara Occidental: mettre en oeuvre le référendum d’autodétermination des Sahraouis qui est toujours l’objectif des Nations unies ou bien y renoncer. Il n’existe pas de solution médiane même si l’on fait des efforts d’imagination. Et dans ce domaine, le plan Baker a été très imaginatif, ce qui ne l’a pas empêché de buter sur l’intransigeance subite de Rabat. Si l’implication des Etats-Unis doit devenir plus grande, l’administration Bush devra nécessairement essayer d’infléchir la position de l’un ou de l’autre et elle ne pourra plus se permettre de vouloir satisfaire l’un sans déplaire à l’autre, même s’ils sont des «amis».

M.Saâdoune


LIBERATION DES PRISONNIERS MAROCAINS PAR LE POLISARIO

Satisfaction unanime

La décision du Front Polisario de libérer jeudi les 404 derniers soldats marocains qu’il détenait prisonniers a suscité un large sentiment de satisfaction à travers plusieurs capitales du monde, notamment à Alger et Washington.

L’Algérie a accueilli avec satisfaction la libération par le Front Polisario de 404 prisonniers de guerre marocains qui ont été effectivement remis ce jour au représentant mandaté par le président des Etats-Unis d’Amérique, le sénateur Richard Lugar, président de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain. L’Algérie se réjouit de ce geste humanitaire de grande portée par lequel le Front Polisario a, une nouvelle fois, fait preuve d’un sens élevé des responsabilités. Elle félicite également toutes les bonnes volontés qui ont contribué à la prise de cette décision ainsi qu’à sa mise en oeuvre. Avec ce développement bienvenu, le Front Polisario a parachevé un processus de libération de tous les prisonniers de guerre marocains et a ainsi permis qu’une page sensible du conflit fratricide du Sahara Occidental soit définitivement tournée», a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Les responsables sahraouis, de leur côté, espèrent que la libération des derniers prisonniers marocains par le Front Polisario amènera le Maroc à respecter la légalité internationale et à appliquer le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. «Nous n’attendons rien en échange, excepté d’amener le Maroc à respecter la légalité internationale et appliquer le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, sans contrainte ni militaire ni administrative», a dit M. Mohamed Isatis, délégué du Front Polisario pour les affaires européennes, dans une déclaration à la radio française RFI.

Il a rappelé que depuis le 21 mai dernier, les manifestations pacifiques dans les territoires occupés par le Maroc et dans nombre de villes marocaines ont «été une sorte d’alerte, surtout au regard de cette attitude du Maroc qui a répondu à ces manifestations par une répression brutale et sans précédent». «Je crois que cela a créé une nouvelle situation, d’autant plus que, désormais, le territoire vit sous un état de siège permanent (et) son accès est interdit aux étrangers et aux observateurs indépendants», a-t-il estimé. Isatis, qui souligne qu’aux yeux de la communauté internationale, «la situation ne cesse de se dégrader», appelle cette dernière à agir «pour éviter tout dérapage».

Les Etats-Unis, par la voix du président George W. Bush, ont exprimé leur satisfaction et salué «ce succès humanitaire qui a été réalisé en coopération avec le Comité international de la Croix-Rouge et le département de la Défense américain», a indiqué la porte-parole adjointe de la Maison-Blanche, Dana Perino, dans un communiqué.

«Les Etats-Unis sont pour une solution politique dans le cadre de l’ONU» du conflit du Sahara Occidental, a déclaré jeudi à Alger le sénateur américain Richard Lugar, président de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain. M. Lugar a réaffirmé «l’appui des Etats-Unis pour une solution politique dans le cadre des Nations unies» du conflit du Sahara Occidental, qui oppose depuis 1975 le Maroc au Front Polisario, dans une déclaration à l’issue d’une rencontre avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika.

La mêmes sentiments de satisfaction ont emprunt les déclarations des officiels espagnols. Le gouvernement espagnol a espéré jeudi que la libération des derniers prisonniers marocains détenus par le Polisario créera «une nouvelle dynamique» de règlement du conflit du Sahara Occidental. Madrid a salué les 404 libérations intervenues à Tindouf comme un «geste humanitaire» du Polisario, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Cette libération favorisera une «nouvelle dynamique dans le processus de règlement du conflit du Sahara Occidental dans le cadre de l’ONU», a souligne le ministère espagnol des Affaires étrangères.

De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a qualifié de «pas positif» la libération des 404 derniers prisonniers marocains , dans un communiqué publié jeudi. M. Annan espère que cette décision «va servir à favoriser de meilleures relations entre les parties», indique le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, M. Dujarric. Abondant dans le même sens, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso) s’est également félicitée de la décision du Front Polisario, en estimant qu’elle «met un terme à un aspect tragique du conflit (…) et apporte une conclusion heureuse à l’une des affaires de prisonniers de guerre les plus longues de l’Histoire récente». La Commission européenne, qui partage ce sentiment de satisfaction, a réaffirmé, hier, le souhait de l’UE d’un règlement négocié du conflit du Sahara Occidental dans le cadre des Nations unies. Bruxelles a salué dans une déclaration écrite «les efforts conjugués des autorités algériennes et marocaines pour faciliter» cette libération «qui permet le retour dans leurs familles de militaires détenus après une absence de plus de vingt ans pour certains». «La Commission souhaite également réitérer son soutien au secrétaire général des Nations unies dans ses efforts pour trouver une solution définitive et mutuellement acceptable au conflit du Sahara Occidental dans le cadre des résolutions onusiennes», a ajouté l’exécutif communautaire.

Un souhait que partage la France qui, de son côté, «s’est réjouie de ce geste positif effectué avec l’entremise des Etats-Unis, en liaison avec le Comité international de la Croix-Rouge» (CICR), a déclaré à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi. La France rappelle «son appui, avec l’Union européenne, à l’action humanitaire que mènent le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) et le CICR», a-t-il poursuivi. Paris réaffirme «son soutien constant à la recherche d’une solution politique agréée par l’ensemble des parties, dans le cadre des Nations unies», a souligné M. Mattéi.

Djamel B. Et Agences


SAHARA OCCIDENTAL

Le grand geste et le petit pas du Polisario

De Notre Envoyée Spéciale A Tindouf: Amel Blidi

Mission accomplie. Richard G. Lugar, chef de la commission parlementaire du Sénat américain, est un homme heureux. Jeudi dernier à Tindouf, il devait l’être presque autant que les 404 prisonniers marocains dont il a réussi à obtenir la libération auprès des autorités sahraouies. Une opération, a-t-il affirmé, qui n’aurait pu être réalisée sans l’appui du président Bouteflika.

Les derniers prisonniers de guerre marocains détenus par le Front Polisario ont ainsi quitté, jeudi dernier, l’aéroport «Commandant Ferradj» de Tindouf pour rejoindre leurs familles après près de vingt ans d’absence. Pour célébrer cette nouvelle initiative de paix, les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf étaient en fête jeudi dernier. Sous une chaleur assommante, les familles sahraouies ont scandé des slogans à la gloire de leurs martyrs et de la lutte pour la libération de leurs terres, brandissant fièrement les drapeaux sahraouis et des pancartes portant l’inscription «peace», «freedom» et «democracy».

A 15h, le sénateur américain était accueilli comme un chef d’Etat, un véritable héros. Les Sahraouis semblaient y voir le représentant des USA, la première puissance mondiale, celui qui pourrait trouver une issue favorable à leur situation. Les prisonniers, eux, restaient dans un coin à l’ombre, avec leurs tenues militaires neuves et ruminant leurs années perdues. La libération, ils en avaient tellement rêvé qu’ils n’osent pas y croire. Pour eux aussi, le sénateur Lugar est un «héros».

L’intérêt qu’a porté le Congress américain au conflit sahraoui avait débuté en juillet 2004, lors de la signature d’un accord commercial entre les Etats-Unis et le Maroc. Le Congress avait alors demandé au secrétaire d’Etat américain de définir sa position sur la question du Sahara Occidental avant la signature de l’accord. La réponse fut immédiate: «Il ne saurait y avoir une zone de libre-échange entre le Sahara Occidental et les Etats-Unis tant que cette région restera une terre de conflit». Le congressman américain s’est ensuite intéressé à la situation des prisonniers de la guerre du Sahara Occidental. Des démarches ont été entamées avec le Front Polisario et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui veille au respect des droits des détenus marocains et sahraouis depuis 1994. Des contacts auraient également été établis avec le président algérien.

Dans une allocution prononcée avant le départ des prisonniers libérés pour Agadir, le sénateur Lugar a insisté sur le rôle qu’a joué l’Algérie pour le relâchement des prisonniers marocains. «J’ai entrepris, a-t-il déclaré, de faire cette mission, au nom du président Bush, pour un objectif strictement humanitaire, cette libération est dans l’intérêt de tous». «J’aimerais également exprimer ma reconnaissance envers le président Bouteflika pour sa ferme autorité afin d’assurer le succès de cette mission humanitaire», a souligné Richard G. Lugar. Le sénateur américain a souhaité que cette «action humanitaire» puisse décrisper les relations entre l’Algérie et le Royaume marocain. «J’espère que cela contribuera à trouver une issue heureuse à ce conflit et que la réussite de cette mission humanitaire inspirera de nouveaux efforts pour oeuvrer en faveur d’une solution politique», martèle-t-il.

L’Algérie, quant à elle, s’est voulue très discrète sur le sujet. Pour des considérations compréhensibles, aucun représentant algérien n’a assisté aux cérémonies organisées dans les camps d’El Raybouni et à l’aéroport de Tindouf. Le ministre délégué des Affaires maghrébines et africaines n’est arrivé qu’en fin de journée pour saluer le sénateur Lugar et le chef de l’Otan, M. James L. Jones, avant leur départ pour Washington. Même si le sénateur américain s’est longuement étalé sur le rôle de l’Algérie dans cette mission, les autorités algériennes feignent de n’y accorder qu’une importance mineure. La médiation, indique-t-on du côté algérien, s’est déroulée uniquement entre le Polisario, Washington et Rabat. L’on n’en saura pas plus.

Le plus important dans cette affaire reste que les derniers prisonniers marocains ont recouvré la liberté. Certains, n’ayant peut-être pas cru à la nouvelle de leur libération, se sont enfuis à la dernière minute. C’est ce qui explique que le nombre de prisonniers relâchés est passé, en l’espace d’une nuit, de 408 à 404 personnes.

A l’aéroport de Tindouf, les prisonniers libérés ont troqué leurs habits militaires contre des survêtements aux couleurs du Croissant-Rouge sahraoui. La joie est palpable. Une grande partie des soldats marocains avaient la vingtaine lors de leur arrestation, ils sont aujourd’hui quadragénaires. L’un d’entre deux, Sridi Abderrahmane, qui est resté 20 ans, 1 mois, 18 jours et 10 heures en détention, reproche aux journalistes de ne pas s’être préoccupés de leur sort. «Nous avons vécu des moments tantôt pénibles tantôt moins difficiles, je ne peux même pas compter le nombre de tentatives d’évasion. Ça a malheureusement échoué à chaque fois», affirme Sridi sur un air enjoué. Il pense surtout à sa fiancée, qui avait 25 ans au moment de son arrestation, et dont il n’a plus aucune nouvelle. «Elle doit avoir 45 ans aujourd’hui, c’est tout ce que je sais d’elle», dit-il. Ses parents, confie-t-il, sont décédés quand il était encore en prison. «On est devenus «ghrab» au Moughrib, nous sommes étrangers au Maroc», lance Sridi, dépité.

Les histoires des prisonniers libérés se ressemblent: certains ont tout perdu, d’autres qui avaient laissé des enfants en bas âge vont se retrouver avec des gaillards d’une vingtaine d’années. Certains prisonniers prétendent avoir été maltraités par les autorités sahraouies. «C’était surtout avant que la Croix-Rouge ne s’occupe de notre cas. Dès 1994, les choses ont commencé à aller beaucoup mieux. Nous recevions même, une fois par an, des lettres et des colis de nos proches», affirme El-Hocine, qui a purgé une peine de 18 ans de prison.

D’autres se plaignent du fait que les travaux forcés étaient très pénibles. «Nous avons tout construit dans les territoires sahraouis et dans les camps des réfugiés», dit Yamha Mustapha, capturé à El-Aydat, qui souhaite se marier et avoir des enfants dès son retour à Béni Mellal, sa ville natale. Il est inconcevable pour lui que le Maroc laisse tomber les prisonniers de guerre. «Je suis un soldat, je défendrai quoi qu’il arrive le drapeau marocain», dit-il dans un sursaut patriotique.

Au départ de l’avion affrété à destination d’Agadir, les prisonniers serrent vigoureusement la main du sénateur Lugar. Ils l’applaudissent longuement. «Vive les Etats-Unis», crient-ils.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est félicité du fait que les 2.000 prisonniers marocains détenus durant la guerre de 1975/1991 soient aujourd’hui libres. Pour ce qui est de la situation sanitaire des prisonniers libérés jeudi dernier, les responsables du CICR utilisent un bel euphémisme: «Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’ils sont en mesure de voyager en avion», indiquent-ils. Les prisonniers que nous avons interrogés font état de 36 cas de détenus sous contrôle médical, mais qui peuvent encore prendre l’avion.

Maintenant que le problème des détenus marocains dans les camps sahraouis est réglé, les organisations humanitaires s’inquiètent du sort des personnes disparues. «Nous recevons régulièrement des listes de disparus. Pour l’heure, nous avons recensé 142 cas sahraouis non résolus, il y en a 262 du côté marocain. Le Polisario fait état de 262 civils sahraouis portés disparus. Ceci n’est peut-être que la partie émergente de l’iceberg, ce sont les cas que nous connaissons, il y a encore des familles qui n’ont pas transmis l’information», explique M. Marc Bouvier, responsable de la Croix-Rouge, coordinateur du département protection de la région Afrique du Nord.

Il poursuit en disant que la question des prisonniers sahraouis au Maroc reste posée. Même si le royaume de Mohammed VI affirme qu’il ne détient aucun prisonnier sahraoui dans ses geôles, il refuse opiniâtrement l’accès aux organisations internationales. «Nous avons obtenu une autorisation pour visiter les prisons tunisiennes, mauritaniennes et algériennes, il n’y a que le Maroc qui nous refuse l’accès», affirme M. Bouvier. Le représentant suisse reste optimiste. «Nous avons un dialogue avec les autorités marocaines qui avance positivement», déclare-t-il.

Pour les organisations internationales, les autorités sahraouies et le Congress américain, la question est de savoir si la libération des prisonniers marocains aura des retombées politiques importantes. Seule certitude: les Sahraouis font là un grand geste pour sortir de l’impasse.


JAMES L. JONES, CHEF DE L’OTAN ET REPRESENTANT DES FORCES ARMEES AMERICAINES

«L’Algérie est un pays stratégique pour la lutte contre le terrorisme»

De nombreuses personnalités étaient présentes à la cérémonie de libération des détenus marocains qui a eu lieu jeudi dernier à l’aéroport de Tindouf. L’on pouvait ainsi apercevoir l’ambassadeur des Etats-Unis en Algérie, M. Richard Erdman, des représentants de l’ONU et le chef de l’Otan, représentant des Forces américaines armées en Europe, M. James L. Jones. Ce dernier s’est dit très satisfait du fait que les prisonniers marocains aient enfin recouvré leur liberté. «La liberté, ça n’a pas de prix», affirme-t-il. La présence de L. Jones à Tindouf est doublement importante. «Je représente en même temps l’Otan et les forces américaines, nous dit-il, mais je suis là surtout parce que le congressman Lugar est un bon ami, je tiens à le soutenir dans cette très importante mission». Le chef de l’Otan a également tenu à souligner que l’Algérie est pays «stratégique» notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il s’est dit admiratif devant l’expérience algérienne dans ce domaine. «Votre pays a mené une longue bataille et il a tenu le coup», lance M. Jones.

Amel B.