Guantanamo: Un Algérien devant les juges militaires américains

Procès de prisonniers de Guantanamo

Un Algérien devant les juges militaires américains

par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 20 novembre 2005

Un Algérien, détenu depuis plus de trois ans dans la sinistre prison américaine de Guantanamo Bay, l’enclave cubaine, a été inculpé pour terrorisme et devait passer en procès devant les juges d’un tribunal militaire d’exception. L’accusation lui a été signifiée avant-hier par la direction carcérale, ainsi qu’à quatre autres détenus qui font partie de quelque 30 prisonniers déjà inculpés pour terrorisme, à la veille de l’ouverture des procès par les tribunaux d’exception mis en place par l’administration américaine.

Selon le dossier d’accusation présenté par le Pentagone, il est reproché à Sofiane Barhoum d’avoir monté «un complot visant des civils, des cibles civiles et la destruction de biens, comme il est accusé de terrorisme». Il lui est reproché aussi d’avoir «reçu une formation en électronique et en maniement des explosifs dans un camp d’entraînement en Afghanistan».

Il a été arrêté le 28 mars 2002 à Faisalabad, au Pakistan, après avoir quitté l’Afghanistan en compagnie de deux ressortissants saoudiens, en l’occurrence Bhassam Abdullah al Sharbi et Jabran Saïd ben al Qahtani, auxquels il a été signifié les mêmes accusations.

Les trois travaillaient pour une association caritative qui s’occupait des réfugiés afghans avant de quitter ce pays lors du déclenchement de l’invasion de l’Afghanistan. Les deux autres inculpés sont le Canadien, Omar Khadr, 19 ans, et l’Ethiopien, Binyam Ahmed Mohamed, accusés eux aussi de complot et de meurtre.

Les cinq avaient été arrêtés par des chasseurs de primes qui les avaient remis aux autorités pakistanaises pour être livrés aux services de renseignements américains. Emprisonné depuis cette date, Barhoum n’était sous le coup d’aucune accusation formelle jusqu’à récemment, lorsque ses avocats ont demandé à lui rendre visite.

Six autres Algériens, Bensayah Belkacem, Hadj Boudellaâ, Saber Lahmar, Mustapha Aït Idir, Boumediène Lakhdar et Mohamed Nechal, croupissent depuis janvier 2002 à Guantanamo, un centre de détention décrié par les associations des droits de l’homme, où actuellement 124 prisonniers avaient lancé, depuis fin août dernier, une grève de la faim illimitée pour réclamer leur libération.

Deux des six Algériens ont rejoint le mouvement de grève et se font relayer par leurs compatriotes, selon leurs avocats qui avaient révélé, jeudi passé, qu’ils étaient nourris de force par la direction carcérale. Lundi passé, un prisonnier a tenté de se suicider portant à quatre les tentatives de suicide chez les prisonniers de Guantanamo au cours des vingt derniers mois.

Une visite d’experts de l’ONU, chargés des droits de l’Homme, était annoncée pour le 6 décembre à la base américaine de Guantanamo à Cuba. Mais faute d’avoir obtenu l’autorisation du Pentagone de parler librement aux prisonniers, les inspecteurs onusiens ont renoncé à effectuer le déplacement.

Ils avaient donné à Washington jusqu’à jeudi minuit pour accepter leur cahier des charges qui stipulait notamment que les experts devraient pouvoir s’entretenir en tête-à-tête avec les 500 prisonniers. Par ailleurs, la Cour suprême américaine avait annoncé récemment qu’elle allait examiner, en début de 2006, la légalité des tribunaux militaires d’exception créés par l’administration de George W. Bush.

Z. M.