UPM, un an de presque rien…
par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 15 juillet 2009
Qui s’est souvenu de l’Union pour la Méditerranée une année après sa naissance en grande pompe à Paris ? Le président tunisien Zine El-Abidine Benali s’en est souvenu dans son message traditionnel au président français, Nicolas Sarkozy, à l’occasion de la fête nationale française. Un message hyperclassique sur le mode de «n’oublions pas d’avoir une petite pensée pour la chose…». Un an après, il n’y a pas matière à faire un bilan car l’Union pour la Méditerranée reste encore une idée informe, un presque rien…
La chose, accueillie avec beaucoup de froideur dans l’Europe «non-méditerranéenne», a été touchée de plein fouet par les bombes au phosphore qui brûlaient les enfants de Ghaza. Le martyre des Palestiniens et l’immense colère des opinions arabes ont passablement refroidi les ardeurs volontaristes des dirigeants arabes qui s’accrochaient à la fameuse «union des projets» pour essayer d’occulter la dimension politique de l’UPM, celle d’une normalisation rampante avec Israël.
Si l’on se souvient de la chose, c’est encore une fois pour noter qu’elle n’a rien d’évident, même si des économistes, alignant des chiffres abstraits, apportent la démonstration qu’on a tous à y gagner. Le problème est qu’en Europe même et alors que l’UPM était en gestation, on a multiplié les signaux pour dire qu’on n’en voulait pas. Le grand projet du président français a donc été «réécrit» par l’Europe. Ce qu’il y avait de positif dans l’idée initiale, un format raisonnable limité aux Méditerranéens, s’est retrouvé dilué dans l’optique du décevant Barcelone. Des pays du Sud qui ne sont fédérés par rien, discutant avec une Europe où même la lointaine Finlande doit être considérée comme un pays méditerranéen.
Quoi de plus normal que de constater que le petit informel des 5+5 de la Méditerranée occidentale est, sur certains dossiers, beaucoup plus efficace que les forums à grand format. La dilution de l’idée initiale a permis au colonel Kadhafi, qui soigne volontiers son image d’Africain, de relever que la négociation devait être entre l’Union africaine et l’Europe ou entre la Ligue arabe et l’Europe. Le plus piquant dans l’histoire est que dans les laborieuses péripéties de la mise en place de l’UPM, c’est Israël qui a refusé la présence de la Ligue arabe. Désormais, le discours officiel admet que le carnage de Ghaza a entraîné un «gel» de l’Union pour la Méditerranée.
En terme de bilan, ce sont quelques réunions qui se comptent sur les doigts d’une seule main et des tentatives récentes de relancer le processus à un niveau politique. Les dirigeants arabes, par conviction ou contraints, ont fait mine de jouer le jeu, comme si la blessure, encore bien purulente, de Ghaza était dépassée. Ils veulent «y croire» à l’UPM. Il leur reste à convaincre leurs opinions qui observent qu’à Tel-Aviv, un gouvernement raciste – il a décidé de gommer les noms arabes des villes et villages – se moque manifestement de leur naïveté.