UPM: Qu’en est-il un an après ?

UPM

Qu’en est-il un an après ?

Par :Merzak Tigrine Merzak Tigrine, Liberté, 23 juillet 2009

2 Officiellement lancée lors du sommet de Paris pour la Méditerranée le 13 juillet 2008, l’Union pour la Méditerranée (UPM) a pour objectif d’ouvrir une nouvelle ère de coopération entre les pays du pourtour méditerranéen et ceux de l’Union européenne qui ont émis le souhait d’en faire partie.

Officiellement lancée lors du sommet de Paris pour la Méditerranée le 13 juillet 2008, l’Union pour la Méditerranée (UPM) a pour objectif d’ouvrir une nouvelle ère de coopération entre les pays du pourtour méditerranéen et ceux de l’Union européenne qui ont émis le souhait d’en faire partie.

L’Union pour la Méditerranée a pour ambition de tisser entre les peuples des solidarités de plus en plus étroites autour de projets concrets. Elle pose les bases d’un nouveau partenariat euro-méditerranéen fondé sur la coresponsabilité et la mise en œuvre de projets d’intérêt commun. Cela a été confirmé par le sommet de lancement de Paris, qui a marqué la détermination et la volonté politique commune de l’Union européenne et de ses partenaires méditerranéens de concrétiser les objectifs partagés depuis 1995, que sont la création d’un espace de paix, de stabilité, de sécurité et de prospérité partagée, le respect total des principes démocratiques, des droits de l’homme et des libertés fondamentales et la promotion de la compréhension entre cultures et civilisations dans la région euro-méditerranéenne. À partir de là, les 43 chefs d’État et de gouvernement ont décidé la mise en œuvre d’un certain nombre d’initiatives prioritaires telles que la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes de la mer et les autoroutes terrestres, le plan solaire méditerranéen, l’enseignement supérieur et la recherche, la protection civile et l’initiative méditerranéenne de développement des petites et moyennes entreprises.

Les chefs de la diplomatie donnent le ton
Poursuivant les travaux du sommet de Paris, les ministres des Affaires étrangères de l’Union pour la Méditerranée, réunis à Marseille les 3 et 4 novembre 2008, ont prévu un programme de travail pour l’année 2009. Ils ont notamment décidé la tenue de la première réunion de l’Union pour la Méditerranée sur les projets de développement durable. Ainsi, une Conférence ministérielle sur l’eau, qui s’est tenue le 22 décembre 2008 en Jordanie, a confirmé l’importance du volet environnement dans le partenariat euro-méditerranéen. Cette réunion a défini les orientations de la stratégie méditerranéenne de l’eau ainsi que son calendrier d’élaboration et a permis la présentation d’une première liste indicative de projets. Dans le même cadre, la coprésidence franco-égyptienne de l’Union pour la Méditerranée a organisé le 25 juin 2009 à Paris la première réunion ministérielle sur les projets de développement durable. Il a été question de quatre enjeux majeurs : l’eau et l’environnement, les transports, l’énergie et le développement urbain. Les enjeux du développement durable se posent avec une particulière acuité dans la région de la Méditerranée confrontée à des dangers que ses gouvernements et ses peuples ne peuvent plus ignorer : alors que plus de 520 millions d’habitants y vivront en 2025, la Méditerranée subit de plein fouet les effets du changement climatique. Entre les pays du sud et de l’est de la Méditerranée et l’Union européenne, le rapport PIB/habitant est en moyenne de 1 à 10. La Méditerranée concentre déjà plus de la moitié de la population mondiale manquant d’eau. La Méditerranée, haut lieu de la biodiversité mondiale, est une mer martyre. L’augmentation inéluctable des besoins énergétiques doit respecter des impératifs de durabilité et de compétitivité. Cette question avait pour but de faire un point d’étape de l’avancement des projets. Ces derniers permettront non seulement de protéger l’environnement mais aussi de créer de l’emploi, de développer les territoires, de promouvoir des technologies ou des concepts innovants, de faire connaître les réalisations exemplaires de la Méditerranée à tous ses riverains. Les projets présentés concernent les domaines allant de l’efficacité énergétique, à l’eau et à l’environnement, au transport et au développement urbain dans chacun des pays de la Méditerranée, à travers une vision commune sur les méthodes de choix et de mise en œuvre de ces projets. L’objectif est également d’impliquer les institutions financières qui indiqueront leur niveau d’intervention et leur degré de coordination. Elles ont déjà participé à une réunion informelle sur le financement des infrastructures dans la région euro-méditerranéenne, le 30 avril dernier à Alexandrie.

Projets développement durable
À travers la “Stratégie méditerranéenne pour le développement durable”, soutenue par les membres de la Convention de Barcelone en 2005, et la “Stratégie européenne pour le développement durable”, adoptée en 2001, l’eau a été définie comme une ressource rare, fragile et inégalement répartie dans l’espace et le temps, dans un contexte où le changement climatique devrait accentuer l’irrégularité des pluies et diminuer leur volume. Le développement économique, la qualité de vie et la stabilité sociale de la région – son développement durable – sont fortement liés à la nécessité d’efforts sans précédent à mettre en œuvre pour la gestion durable des ressources en eau, la généralisation de l’accès à l’eau et à l’assainissement ainsi que l’adaptation au changement climatique. Bien qu’il ne soit pas fait mention de l’eau dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, le droit à l’alimentation et à la santé fait implicitement référence à son rôle en tant que ressource naturelle essentielle qui participe virtuellement à tous les secteurs économiques et affecte tous les organismes vivants. Les questions relatives à l’eau sont encore plus importantes dans la région méditerranéenne qui renferme de nombreuses disparités dans l’accès à l’eau et aux infrastructures et technologies ayant une incidence sur les questions économiques, environnementales et sociales de la région et sur ses citoyens.
La région méditerranéenne connaît l’une des plus fortes croissances du taux d’urbanisation. La croissance de la population indique une tendance forte et cohérente à l’accroissement de la demande de ressources naturelles sur les deux rives de la Méditerranée. Néanmoins, un nombre considérable de pays méditerranéens se situent dans des zones arides ou semi-arides et souffrent ainsi de la rareté de l’eau. De la même manière, les infrastructures d’irrigation étant inappropriées, les secteurs des eaux usées et de l’assainissement ont eu des effets néfastes sur l’environnement de la région et viennent s’ajouter à la pollution de la mer Méditerranée. Le développement imprévu du tourisme sur les littoraux et l’industrialisation sur les deux rives de la mer aggravent les risques de destruction de l’habitat, la perte de la biodiversité et les pressions sur les ressources.
Pour finir, la région est très vulnérable aux effets du changement climatique de plus en plus ressentis à travers la montée du niveau de la mer, la perte de terres arables, l’évolution des schémas des précipitations et des conditions climatiques extrêmes.

Un plan solaire méditerranéen et le transport
Le Plan solaire méditerranéen (PSM) est l’un des projets-pilotes de l’Union pour la Méditerranée. Le projet concerne précisément des projets concrets dans les domaines de l’efficacité énergétique, de l’amélioration des interconnexions et de la production d’énergie renouvelable. L’Union pour la Méditerranée place les projets transport au cœur de son initiative. Depuis le début du processus de Barcelone, le secteur des transports constitue une priorité du partenariat euro-méditerranéen. Un système de partenariat intégré, sécurisé et efficace est fondamental pour le développement et la stabilité de la région. Dans ce cadre, un important travail a été engagé entre les partenaires méditerranéens dans le secteur du transport, que ce soit par le biais de la coopération bilatérale, de la coopération sous-régionale, de la coopération régionale euro-méditerranéenne et de la politique d’extension des grands axes trans-européens de transport. Les structures de dialogue existantes, tel le Forum euromed transport, constituent une référence pour la consolidation et l’émergence de projets concrets dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. Ce forum, outre le développement de projets d’autoroutes de la mer et de nouvelles initiatives en matière de sécurité maritime, a eu l’occasion, lors de sa 9e réunion en décembre 2008, sous la coprésidence égyptienne et française de l’Union pour la Méditerranée, d’apporter un accord de principe sur l’établissement d’une liste d’environ 18 infrastructures de transport (1 à 2 projets par pays méditerranéen). La liste définitive sera adoptée par les ministres méditerranéens des Transports lors d’une prochaine conférence ministérielle. Ces projets d’infrastructures de transports ferroviaires, routiers, maritimes, qui favorisent l’intermodalité et une organisation raisonnée des échanges, s’inscrivent tous dans une stratégie de développement durable. Deux habitants sur trois du pourtour méditerranéen sont des citadins.

Développement urbain
Avec près de 100 millions de citadins supplémentaires entre 2000 et 2025, les villes du sud de la Méditerranée verront des changements sociaux et environnementaux majeurs. Vers 2030, ce sont les trois quarts des Méditerranéens qui habiteront les villes. En 2025, la population urbaine pourrait atteindre plus de 243 millions dans les pays est et sud de la Méditerranée (145 millions en 2000) et près de 135 millions dans les pays de la rive européenne. Plus du tiers de cette croissance aura lieu dans les zones côtières méditerranéennes déjà menacées. Tant historiquement que par ses implications environnementales (consommation d’espaces, ressources en eau et en énergie, pollution…), sociales (cohésion sociale, logement…) ou économiques (compétitivité, accessibilité…), la question urbaine est au centre de la problématique du développement durable de la région méditerranéenne. La dynamique du développement urbain durable, mentionnée dans le cadre de la Stratégie méditerranéenne pour le développement durable (Smdd), rejoint les orientations constantes de l’Union européenne, récemment portées par la présidence française de l’Union dans la continuité de la Charte de Leipzig. Elle est, par ailleurs, relayée par l’implication des réseaux de collectivités locales. Parallèlement, les questions du développement urbain durable ont aussi gagné en importance dans les pays du sud de la Méditerranée, notamment récemment sur la préservation de l’héritage culturel, la gestion des déchets urbains et le renforcement de l’ingéniérie. La déclaration finale de la Conférence des ministres des Affaires étrangères tenue à Marseille le 4 novembre 2008 soulignait l’importance de cette question pour les États membres de l’Union pour la Méditerranée. Elle fixait également des orientations générales pour sa prise en compte dans le processus.

Financement des projets
Au regard de la disparité entre les deux rives de la Méditerranée, les besoins de financement en infrastructures sont importants. Ils sont estimés à hauteur de 200 milliards d’euros sur les cinq prochaines années (assainissement, infrastructures, transports, énergie…). Les institutions financières multilatérales et nationales se sont montrées mobilisées de façon constante depuis le sommet de Paris. Les institutions financières ont fait de la Méditerranée un destinataire et un interlocuteur privilégié.
– Le Fonds pour l’environnement mondial a mis en œuvre un programme dédié au développement durable en Méditerranée, “Sustainable Med”, doté de 50 M$.
– La Banque européenne d’Investissement, à travers le rôle de la Femip (“Facility for Euro-Mediterranean Investment and Partnership”), dont la capacité de prêts s’élève à 7,5 milliards d’ euros pour la période 2009-2013 est toujours mobilisée.
– L’Agence française de développement prévoit d’ici 2013 un montant d’engagements annuels d’environ 1 milliard d’euros dans des secteurs au cœur de l’Union pour la Méditerranée : villes et transport urbain, plan solaire méditerranéen, autoroutes terrestres et maritimes, agriculture et sécurité alimentaire, divers.
– La KfW, la BEI et l’AFD ont décidé de consacrer 5 milliards d’euros au plan solaire méditerranéen.
Le soutien et la contribution des institutions financières sont la garantie que l’Union pour la Méditerranée est une union de projets. Dans le domaine des financements, la réunion du 25 juin 2009 fait suite à la réunion d’Alexandrie sur le financement des infrastructures dans la région euro-méditerranéenne du 30 avril 2009 sous la présidence de M. Rachid Mohamed Rachid, ministre égyptien de l’Industrie et du Commerce, en charge de la coordination interministérielle Union pour la Méditerranée en Égypte et de M. Henri Guaino, conseiller spécial du président de la République française Nicolas Sarkozy et chef de la mission interministérielle Union pour la Méditerranée. Cette réunion a été une étape importante depuis le sommet de Paris. Elle a impliqué les institutions financières au cœur du dialogue et du partenariat euro-méditerranéen pour lui assurer une réelle tangibilité. Elle a rassemblé les dirigeants des grands bailleurs de fonds internationaux et régionaux (Banque mondiale, Fonds mondial de l’environnement, BEI, BERD, CEB, Organisation pour le développement industriel des Nations unies, AFD et Caisse des dépôts/France, KFW/Allemagne, Casa depositi/Italie, Caisse de dépôts et de gestion marocaine, EFG Hermes/Égypte, Forum des banques méditerranéennes et fonds du Golfe…). A cette occasion, le Groupe caisse des dépôts/France, la Casa depositi italienne, la Caisse de dépôts et de gestion marocaine et le fonds Hermes égyptien ont officialisé le lancement du fonds Inframed pour les infrastructures urbaines, énergétiques et de transports en Méditerranée et signé un mémorandum d’entente. Ce fonds est doté de 350 milliards d’euros de fonds propres ; l’objectif est d’atteindre un montant de 1,5 milliard d’euros avec l’entrée de nouveaux contributeurs de capitaux, notamment du Moyen Orient. Par ailleurs, la Banque mondiale a rappelé son engagement dans le cadre du plan solaire méditerranéen, notamment à travers le Clean Technology Fund doté de 750 M $.

Synthèse
Merzak Tigrine