Obama ne sauvera pas l’UPM
par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 22 mai 2010
Le sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM), prévu le 7 juin à Barcelone (Espagne), a été reporté à novembre 2010. Selon les «explications» fournies par le porte-parole de la présidence égyptienne et le ministère des Affaires étrangères espagnol, le report a été décidé «pour donner du temps aux pourparlers indirects» entre Israéliens et Palestiniens.
Le ministre espagnol Miguel Moratinos était pourtant sûr, il y a quelques jours, à «90%», que le sommet aurait lieu. Avec l’UPM, une incertitude de 1% est suffisante pour faire bloquer un processus qui reste lointain pour les opinions, alors que les diplomaties ne l’ont adopté que du bout des lèvres.
En réalité, les dirigeants arabes ne savent plus que faire dans une UPM où Israël ne veut même pas que l’on fasse référence à des «territoires occupés» et où les Européens font mine d’être «neutres». Comme si la notion de «territoires occupés» était une invention et non pas un constat largement établi par les résolutions du Conseil de sécurité.
L’incapacité des Européens à dire des choses élémentaires à Tel-Aviv n’est pas de nature à redonner du souffle à une UPM suspectée par les opinions de n’être qu’une entreprise destinée à obtenir une normalisation gratuite des relations des Etats arabes avec Israël.
Cette incapacité met les Etats arabes dits «modérés» dans une situation des plus inconfortables. Ils ont beau essayer de faire oublier le carnage de Ghaza et l’épuration ethnique en cours en Cisjordanie, Israël se rappelle constamment à eux, une fois pour opposer un veto à la participation de la Ligue arabe à l’UPM, une autre pour empêcher de mentionner les territoires occupés.
La pusillanimité des Européens à l’égard d’Israël n’aide pas nos «modérés» à trouver des semblants d’arguments pour participer à cette messe aux côtés des dirigeants israéliens. L’annulation du sommet de Barcelone est, dans les faits et dans les formes, une suspension de l’UPM. Et le sommet de novembre est plus qu’incertain.
«Donner du temps aux pourparlers indirects». L’argument avancé par les diplomates égyptiens et espagnols est d’une très grande légèreté. Certes, le sommet de Barcelone, s’il s’était tenu, aurait été un échec. Son annulation leur évite de se donner en spectacle. Mais pourquoi en serait-il différemment en novembre ?
L’Union pour la Méditerranée dépendrait ainsi directement des capacités du président américain Barack Obama de faire bouger le dossier israélo-palestinien. Jusqu’à présent, le Président américain, hormis des déclarations d’intention, n’a pas fait bouger les choses. Et ce n’est même pas faire un pari que de pronostiquer que les choses n’évolueront pas de sitôt. Pour Obama, ni l’UPM ni les Palestiniens ne sont des priorités. Les désirs d’Israël d’en découdre avec l’Iran sont, par contre, très prioritaires.
Faire dépendre la tenue d’un sommet de l’UPM d’une improbable percée dans les «négociations indirectes» que réaliseraient les Américains est un cinglant aveu d’échec. L’UPM est bel et bien suspendue.