La Méditerranée peut être une chance
Des personnalités des deux rives lancent un appel aux chefs d’Etat et aux entrepreneurs
La Méditerranée peut être une chance
par M. Saâdoune, Le Quotidien d’Oran, 25 avril 2009
Alors que l’Union pour la Méditerranée a été pratiquement mise KO par le carnage subie par Ghaza, des personnalités politiques des deux rives, membres du Comité de parrainage politique de l’Institut de Prospective économique du Monde méditerranéen (IPEMED), ont publié un appel aux chefs d’État, dans lequel ils expriment leur conviction que l’espace méditerranéen peut être une « source de croissance durable pour l’économie mondiale, un nouveau modèle de développement et de relations internationales ». Mouloud Hamrouche, ancien chef du gouvernement, et Abderrahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque centrale, cosignent l’appel avec d’autres personnalités, comme Emma Bonino, vice-présidente du Sénat italien, Georges Corm, ancien ministre des Finances libanais, Kemal Dervis, ancien ministre des Finances turc, Oualalou Fathanlah, ancien ministre des Finances marocain, Romano Prodi, ancien président de la Commission européenne, Alain Juppé et Hubert Vedrine, respectivement ancien Premier ministre et ministre français des Affaires étrangères, et d’autres…
D’emblée, l’appel prend acte du fait que la « guerre à Ghaza a plongé l’opinion publique mondiale dans la stupéfaction et le pessimisme » et a remis sur le devant de la scène l’image « négative d’une Méditerranée source de problèmes pour l’ensemble du monde ». Les membres du comité de parrainage politique considèrent que cette image est erronée et que la « Méditerranée peut être une chance ! ». A l’appui de ce qu’il faut bien appeler une profession de foi, les auteurs de l’appel préfèrent, «au-delà de conflits… qu’il faudra solder», voir « l’énorme potentiel de croissance » que décèle le bassin méditerranéen.
L’Asie orientale comme modèle
Pour eux, le « grand dessein régional qui associe l’Europe à la Méditerranée puis, plus tard, à l’Afrique » pourrait trouver utilement exemple dans l’Asie orientale. Ces pays, note l’appel, ont su dépasser les approches classiques d’échanges Nord-Sud, fondés sur « la domination, la délocalisation et le partage inégal », et construire un « espace commun fondé sur une économie productive, partageant de plus en plus la valeur ajoutée ». A l’appui de cette démarche, ces pays ont fait jouer la proximité géographique et les « solidarités de fait — notamment environnementales ». Pour les auteurs de l’appel, la crise économique est annonciatrice d’une « mutation fondamentale de l’économie mondiale » qui devra réorienter l’économie vers la production de valeur dans l’économie réelle, une croissance économe des matières premières et une « géographie renouvelée par les solidarités de proximité, en lieu et place de la distinction obsolète entre Nord et Sud ». A l’évidence, on cultive l’optimisme. C’est dans ce cadre que l’Union pour la Méditerranée doit « être relue » avec, à la clé, une « redéfinition des relations entre les pays européens et les pays de la rive méridionale et orientale ». Ce qui manque au Nord – dynamisme démographique, marchés, énergie – se trouve au Sud et ce qui manque à ce dernier – technologie, organisation, et cadre favorable à l’investissement et la productivité – se trouve au Nord. Une conjonction idéale en somme pour que le Bassin méditerranéen puisse être « un laboratoire du nouveau modèle de développement, valorisant la diversité de ses civilisations, faisant face ensemble au terrible défi climatique de la région, inventant l’énergie de demain ».