L’Union pour la Méditerranée est une “coquille vide”
Le député socialiste français Arnaud Montebourg dans une conférence à Alger
L’Union pour la Méditerranée est une “coquille vide”
Par : Merzak Tigrine, Liberté, 28 avril 2010
Animant une conférence sous le thème “Quel avenir pour l’UPM ?”, à l’Institut diplomatique et des relations internationales d’Alger, le président du Conseil général de Saône-et-Loire (France), le député socialiste Arnaud Montebourg, a estimé que l’Union pour la Méditerranée (UPM) est une “coquille vide” qu’il est nécessaire de repenser.
Pour l’élu socialiste français, la France se trompe dans sa stratégie régionale, car estimant que l’Union pour la Méditerranée qu’elle a lancée est loin d’être une réussite pour l’instant et il faut la repenser. Arnaud Montebourg a affirmé, lors de sa conférence, qu’“aujourd’hui, nous avons une coquille vide (…). Toutefois, il faudra veiller à ce que nos relations bilatérales soient bonnes, notamment entre la France et l’Algérie, pour que nous puissions être la colonne vertébrale de cette alliance entre les deux rives de la Méditerranée”. Ainsi, selon lui, Alger et Paris doivent travailler à réactiver les relations bilatérales, notamment entre la France et l’Algérie. Relevant que “le couple franco-allemand a été fait de façon à ce qu’il soit le moteur de la construction européenne”, le parlementaire français a exprimé son espoir de voir “le couple franco-algérien être le moteur de la coopération des rives nord et sud de la Méditerranée”.
Toutefois, il fera remarquer que pour atteindre cet objectif, il faut une “volonté politique commune et engagée”, conditionnée par la “levée des problèmes issus ou résultant du passé afin d’aboutir à des relations bilatérales très fortes”.
Revenant sur l’avenir de l’UPM, il dira qu’elle ne pourra pas avancer tant que persistera “un véritable décalage entre les attentes des pays du Sud et du Nord par rapport à ce que devrait être le cadre de l’UPM”. Dans son analyse sur les positions des pays de la rive nord et ceux de la rive sud de la Méditerranée, il constatera que “les Européens parlent de libre-échange entre les pays méditerranéens, par contre, ceux du Sud veulent des investissements. On pensait que le libre commerce pouvait créer des richesses, il n’a fait, en fait, qu’augmenter les déséquilibres et créer des fractures sérieuses entre les pays des deux rives”.
Le président du Conseil général de Saône-et-Loire pense que pour que l’UPM puisse sortir de “l’impasse” dans laquelle elle se trouve, il faut que certains conflits entre pays membres de l’UPM, tel le conflit israélo-palestinien, soient résolus. Pour avancer, il proposera de revenir à une “formule plus simple” comme, par exemple, le groupe des 5+5, regroupant les cinq pays de l’Union du Maghreb arabe (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) et cinq pays de l’Union européenne (Espagne, France, Italie, Malte et Portugal), “qui ont des traditions de travail en commun et sont des voisins immédiats”.
Il ira jusqu’à affirmer que c’est “un cadre idéal pour repartir du bon pied. C’est ce qu’il y a de plus efficace et qui nous rapproche”. Arnaud Montebourg estimera également que “l’échec de l’UPM est dû également à l’accroissement du nombre de ses membres alors qu’au départ, il ne concernait que les pays du pourtour méditerranéen”.
Enfin, le député socialiste déplorera le programme français d’“immigration choisie”, en appelant à la mise en œuvre d’accords entre les pays des deux rives de la Méditerranée, mettant en avant le droit à une vie familiale normale, la possibilité d’étudier et de se former professionnellement.