Washington sème le doute sur un éventuel retrait de ses troupes
Alors que les présidents russe, turc et iranien appellent à un cessez-le-feu en Syrie
Washington sème le doute sur un éventuel retrait de ses troupes
El Watan, 5 avril 2018
Les trois pays ont pris en main le dossier syrien en imposant, fin décembre 2016, un cessez-le-feu entre armée et rebelles. Sept cycles de négociations ont depuis eu lieu et abouti à un accord sur la mise en place de quatre «zones de désescalade».
Les présidents russe, iranien et turc se sont engagés hier, lors d’un sommet à Ankara, en Turquie, à coopérer en vue de parvenir à un «cessez-le-feu durable» en Syrie, rapporte l’AFP. Les présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, russe, Vladimir Poutine, et iranien, Hassan Rohani, se sont réunis pour tenter d’avancer vers un règlement du conflit qui ravage la Syrie.
De leur côté, les Etats-Unis sèment le doute sur un éventuel retrait de leurs troupes. En effet, un peu plus tard dans la journée, la Maison-Blanche a ainsi estimé que la «mission militaire» visant à éradiquer le groupe Etat islamique (EI) en Syrie touchait à sa fin, mais n’a donné aucune indication sur un éventuel calendrier du retrait des troupes américaines.
Jugeant que l’EI est «presque complètement détruit», l’Exécutif américain souligne que les Etats-Unis et leurs partenaires restent déterminés «à éliminer la petite présence de l’EI en Syrie qui (…) n’a pas encore été éradiquée». «Nous continuerons à échanger avec nos alliés et amis concernant l’avenir», ajoute le communiqué, qui ne parle à aucun moment d’un retrait des troupes, évoqué à plusieurs reprises ces derniers jours par le président Donald Trump.
Dans un communiqué publié à l’issue du sommet d’Ankara, les présidents Erdogan, Poutine et Rohani «ont réaffirmé leur détermination à coopérer activement en Syrie en vue de parvenir à un cessez-le-feu durable entre les belligérants». Ils ont aussi relevé leur volonté d’«accélérer leurs efforts pour assurer le calme sur le terrain, protéger les civils dans les zones de désescalade et faciliter un accès rapide de l’aide humanitaire à ces zones».
Moscou et Téhéran, qui soutiennent Damas, et Ankara, qui appuie des rebelles syriens, constituent les parrains du processus d’Astana (Kazakhstan), qui a notamment permis la mise en place de quatre «zones de désescalade» censées réduire les affrontements en Syrie.
Lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet, le président Poutine a dénoncé un manque d’action de la communauté internationale pour trouver un règlement au conflit syrien. «Personne ne fait pratiquement rien, sauf l’Iran, la Turquie et la Russie», a-t-il observé. «Nous voyons de petites livraisons de l’aide humanitaire de la part de l’Organisation des Nations unies (ONU), mais cela ne suffit résolument pas», a-t-il ajouté.
De son côté, son homologue turc a évoqué les opérations militaires menées par la Turquie dans le nord de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme terroriste par Ankara mais alliée de Washington dans la lutte contre l’EI. «Nous ne nous arrêterons pas avant d’avoir fini de sécuriser ces régions, notamment Minbej», a-t-il déclaré en se référant à une ville stratégique dans le nord de la Syrie, où des soldats américains sont stationnés aux côtés des YPG. Quant à Hassan Rohani, il a affirmé que «l’avenir de la Syrie appartenait aux Syriens».
Visions inconciliables
Parrains du processus d’Astana, la Russie, l’Iran et la Turquie n’arrivent pas à trouver une issue au conflit syrien. Et cela du fait de leurs intérêts contradictoires et de divergences sur le sort du président syrien Bachar Al Assad. Le président iranien a estimé dans son discours que la ville d’Afrine, arrachée par Ankara aux YPG le mois dernier, «devrait être transférée au contrôle de l’armée syrienne».
La dernière rencontre entre les trois dirigeants sur le dossier syrien a eu lieu le 22 novembre à Sotchi, aboutissant à un congrès national syrien dans la station balnéaire russe, qui s’est soldé par un échec.
Un troisième sommet, dont la date reste à déterminer, aura lieu à Téhéran, selon le communiqué publié à Ankara. Grâce au soutien de Moscou et Téhéran, le régime de Damas a réussi à reprendre plus de la moitié du territoire syrien. Dans l’autre camp, Ankara a aidé des rebelles à mettre la main sur de larges pans du territoire dans le nord du pays à la faveur de l’offensive turque contre les YPG.
Amnay idir