Poutine met la pression sur la coalition anti-régime syrien
par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 13 décembre 2017
Quelques jours après avoir annoncé que la Syrie est totalement libérée de l’emprise du groupe terroriste l’Etat islamique, le président russe Vladimir Poutine a ordonné lundi le retrait de ce pays d’une partie significative du contingent militaire russe ayant participé à la lutte contre ce dernier aux côtés des forces du régime de Bachar El Assad. Poutine a néanmoins averti que le désengagement militaire qu’il a ordonné ne signifie nullement que la Russie restera sans réagir si les «terroristes relèvent de nouveau la tête».
Cette mise en garde, le président russe ne l’a pas adressée uniquement au groupe terroriste l’Etat islamique dont l’écrasante défaite ne fait pas entrevoir qu’il puisse à nouveau redevenir menaçant et offensif mais aussi aux autres groupes armés qui rêvent encore d’abattre le régime syrien et à travers eux à leurs parrains étrangers régionaux et occidentaux qui pourraient être tentés de réactiver la confrontation armée avec ce régime en profitant du retrait du gros du contingent russe. En signifiant qu’il a décidé de faire rentrer en Russie une partie significative de ses forces armées déployées en Syrie au constat que la collaboration militaire de son pays a permis de libérer la Syrie de l’emprise du terrorisme international et l’a préservée en tant qu’Etat souverain et indépendant, Vladimir Poutine a fait comprendre que la coalition occidentalo-arabe conduite par les Etats-Unis censée combattre l’Etat islamique en Syrie n’a plus cette raison pour justifier la poursuite de son intervention militaire dans ce pays.
Le message de Poutine a d’autant plus de pertinence qu’il a été émis quasi dans le même temps où le gouvernement irakien que cette coalition a aidé à combattre l’organisation terroriste a lui aussi annoncé en avoir fini avec elle dans son pays. Il en résulte pour la coalition arabo-occidentale qu’elle est sommée de tirer la conclusion qu’elle doit mettre fin à son intervention dans ces deux pays et d’admettre qu’en Syrie la donne créée par la défaite de l’organisation terroriste contre laquelle elle s’est constituée offre l’opportunité d’aller vers le règlement politique du conflit. Ce à quoi Vladimir Poutine essaie avec habileté d’ouvrir la voie par son offensive diplomatique en direction des parties internationales et régionales impliquées dans le conflit. Les rencontres et sommets sur la Syrie que la Russie est parvenue à organiser démontrent que les efforts de son président commencent à être payants car s’appuyant sur une vision que la réalité du terrain rend acceptable à ceux à qui il veut la faire partager.
Il est clair que les Etats-Unis et les autres membres de la coalition forgée au prétexte de la lutte contre le terrorisme international vont tenter d’entretenir le conflit syrien dont l’enjeu n’est nullement pour eux la défaite de l’organisation terroriste autoproclamée l’Etat islamique. Mais ce qu’ils entreprendront désormais dans ce pays constituera et sans possible maquillage ni plus ni moins qu’une agression militaire contre un Etat souverain et une violation irrécusable de la légalité internationale.