Le statu quo reconduit au Sahara occidental : On prend la même résolution et on recommence…

Le statu quo reconduit au Sahara occidental : On prend la même résolution et on recommence…

El Watan, 2 mai 2010

Ceux qui attendaient un sursaut d’orgueil et un esprit de responsabilité chez les membres du Conseil de sécurité à propos des souffrances du peuple sahraoui ont dû rester sur leur faim. La résolution 1920 est un chef-d’œuvre d’inaction, voire de non-assistance à peuple en danger.

Le document rendu public vendredi est un chapelet d’incantations qui n’obligent en rien le Maroc. Bien soudés autour de la France, les membres permanents du Conseil de sécurité sont encore une fois passés outre la légalité internationale pour produire une littérature, alors qu’il était question de solder les comptes d’une colonisation en bonne et due forme. Au final, c’est une résolution plutôt « sympathique » qui invite le Maroc et le Polisario à négocier encore. Exit les atteintes aux droits de l’homme dans les territoires occupés et motus sur le pillage des richesses du Sahara. Pourtant, la résolution souligne, à juste titre, qu’on est face à une « impasse ». Mais il fallait bien adopter un document…Ainsi, le Conseil de sécurité a appelé le Maroc et le Front Polisario à poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général de l’Onu en vue d’une solution pourvoyant à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.

« En adoptant à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 1920 (2010), parrainée par l’Espagne, les Etats-Unis, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni, et telle qu’oralement amendée, le Conseil demande aux parties de poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », souligne un communiqué rendu public vendredi soir.
La voie et la voix des humbles

Le Conseil de sécurité a également décidé de proroger d’une année (jusqu’au 30 avril 2011) le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), réaffirmant que les accords militaires de cessez-le-feu conclus avec la Mission doivent être « pleinement respectés » et exhorte les parties (Maroc et Front Polisario) à y « adhérer pleinement ». Prenant la parole à l’issue du vote, le représentant de l’Ouganda a rappelé que le Sahara occidental était un membre à part entière de l’Union africaine depuis 1982. « C’est le seul pays du continent qui attend toujours un processus de décolonisation », a-t-il dit.

Après avoir réitéré le mandat de la Minurso, qui est d’organiser un référendum sur l’indépendance du peuple sahraoui, le représentant ougandais s’est élevé contre toute tentative de s’écarter de ce « principe directeur ». Son homologue du Nigeria a regretté que seul un « nombre restreint » de membres du Conseil de sécurité ait participé aux consultations sur le projet de résolution. Il a fait état d’une tentative à « vouloir minimiser les abus en matière de droits de l’homme », soulignant que le minimum que le Conseil de sécurité puisse faire serait de « promouvoir le respect des droits de l’homme en toutes circonstances ». De son côté, le représentant du Mexique a déclaré que sa délégation aurait préféré un texte « plus équilibré », « plus direct », abordant toutes les questions, dont celles du principe d’autodétermination et du respect des droits de l’homme, qui constituent l’« épine dorsale » de la situation au Sahara occidental.

Par Hassan Moali

Ils ont plaidé la cause des Sahraouis : Des élus français dénoncent Sarkozy

Plusieurs élus représentant les trois forces influentes du paysage politique français (Parti socialiste, parti communiste et UMP) on tiré à boulets rouges, vendredi à Dakhla (camps des réfugiés sahraouis), sur les positions de Paris à l’égard de la question sahraouie.

Dakhla, de notre envoyé spécial

A l’occasion d’une conférence sur « l’expérience démocratique et de coopération », les débats ont viré vers une dénonciation unanime de l’attitude de la France au moment où ce pays venait d’opposer son veto sur la mise sur pied d’un mécanisme de surveillance et de protection des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés dans la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. C’est ainsi que les élus français ont signé une motion commune qu’ils ont adressée à l’ONU et au Conseil de sécurité dans laquelle ils demandent à la communauté internationale d’agir pour la mise en œuvre des résolutions pertinentes des Nations unies consacrant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et la tenue d’un référendum libre, régulier, transparent et la mise en place d’un mécanisme d’observation et de protection des droits de l’homme dans les territoires occupés et, enfin, plus de pression pour mettre fin à l’entêtement marocain et aux blocages du processus de négociation.

La maire-adjointe de Vitrolles a proposé, dans son intervention, une initiative collective qui sera débattue dans les 36 000 collectivités locales françaises et qui sera adressée à Sarkozy avant la fin de l’année, à l’issue d’une audience qu’elle réclame. Pour le maire de Villeneuve sur Yonne, Curil Boulleaux, « l’attitude du gouvernement français est opposée aux valeurs et à l’histoire de la France ». Le maire de Villeneuve a appelé la France à observer une « neutralité » qui, a-t-il dit, permettra à la communauté internationale d’aller vers la mise en œuvre de résolutions portant sur l’organisation d’un référendum libre et loyal pour l’autodétermination du Sahara occidental.

L’élu municipal de la ville de Rellieux, dans la région de Lyon, issu du parti de droite UMP, Jean-François Debiol, affirme pour sa part ne pas comprendre la position du gouvernement français vis-à-vis de la question sahraouie. Il s’agit-là, a-t-il expliqué, d’une question « juste » dont on ne parle que « peu » en France. M. Debiol a qualifié la situation dans les territoires occupés du Sahara occidental d’« inacceptable », tout en s’interrogeant, dans le même cadre, sur la position « peu honorable » des autorités françaises au sein du Conseil de sécurité de l’ONU sur la question sahraouie.

Tout en relevant le « peu d’intérêt » manifesté par les médias français au « combat juste » du peuple sahraoui, M. Debiol a assuré qu’il va interpeller les instances de son parti sur la position officielle française dès son retour à Rillieux. Pour sa part, l’élu de Givors, du Parti communiste français (PCF), Raymond Combaz, « la position du gouvernement français ne reflète pas l’opinion nationale dans ce pays ». « L’attitude de mon pays qui continue à appuyer la position du Maroc est condamnable du fait que la France a eu sa propre expérience dans la colonisation. »

Par Rabah Beldjena