Situation «préoccupante» au Sahara Occidental

LE SECRETAIRE D’ETAT AUX AFFAIRES ETRANGERES ESPAGNOL EN TOURNEE AU MAGHREB

Situation «préoccupante» au Sahara Occidental

Le Quotidien d’Oran, 8 juin 2005

Alors que les détenus sahraouis croupissent toujours dans les geôles marocaines suite aux manifestations sauvagement réprimées dans les territoires sahraouis occupés, l’Espagne a dépêché, hier, son secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères dans la région. Un geste salué par la RASD mais jugé néanmoins insuffisant. Le responsable espagnol a un programme chargé. Il doit rencontrer les responsables politiques des deux parties en conflit, la RASD et le Maroc, ainsi que ceux des deux pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie.

Leon Bernardino, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du gouvernement Zapatero, a eu hier une série d’entretiens avec les responsables politiques algériens et sahraouis. Première étape de ce périple express, Alger, où le responsable espagnol a eu des entretiens avec Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères, et Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. Si avec le ministre des Affaires étrangères, les discussions ont porté sur «le renforcement des relations bilatérales caractérisées notamment par les différentes rencontres entre responsables des deux pays», l’Algérie étant «un partenaire prioritaire pour l’Espagne», la question du Sahara Occidental et des derniers développements dans la région ne pouvait être occultée.

D’autant que l’itinéraire du responsable espagnol est plus qu’explicite concernant l’objectif de sa virée dans la région. L’entrevue a permis, a précisé le secrétaire d’Etat espagnol, l’échange avec Mohamed Bedjaoui d’idées sur «la situation de crise et de violence qui sévit au Sahara Occidental». Leon Bernardino a souligné que «cette situation est préoccupante pour les gouvernements des deux pays». Il a appelé «à trouver une solution politique au conflit qui oppose le Front Polisario et le Maroc». En fin d’après-midi, le secrétaire d’Etat espagnol s’est rendu à Bir Lahlou, dans les camps de réfugiés sahraouis, pour rencontrer le président Mohamed Abdelaziz et les membres de la direction politique sahraouie.

La visite du responsable espagnol, qui intervient suite à «la situation sanglante, alarmante en territoire sahraoui depuis le 20 mai à cause de la répression marocaine excessive», est appréciée à sa juste valeur par les responsables sahraouis. La République arabe démocratique sahraouie a salué, par la voie de son ambassadeur à Alger, Mohamed Yeslem Bissat, le «geste» espagnol. Cela reste toutefois insuffisant, a précisé l’ambassadeur, eu égard à la situation «dangereuse» qui prévaut dans les territoires occupés. «Les Sahraouis attendent de l’Espagne un engagement ferme, clair et radical. Nous espérons aujourd’hui que cette occasion permettra d’achever ce dossier de décolonisation», précisera le diplomate. L’Espagne a une «responsabilité très particulière» sur ce dossier du fait de l’histoire, de la géographie et de son opinion publique. «Elle doit défendre clairement et courageusement la légalité internationale», précisera Mohamed Yeslem Bissat. La dette historique de l’Espagne envers les Sahraouis ne peut être réglée, selon lui, que par un référendum libre et régulier d’autodétermination.

Le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères espagnol doit se rendre par la suite à Nouakchott et à Rabat pour des discussions avec les responsables politiques des deux pays.

Samar Smati