Le conflit du Sahara occidental évoqué en marge de la réunion des «5+5» à Malte
Le conflit du Sahara occidental évoqué en marge de la réunion des «5+5» à Malte
L’Espagne arrache un consensus pour une nouvelle intervention de l’ONU
par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 2 juillet 2005
Le conflit du Sahara occidental opposant le Maroc au front Polisario est venu s’incruster en parallèle à la réunion des chefs de la diplomatie du groupe des «5+5», un forum de coopération réunissant dix pays européens et maghrébins de la Méditerranée occidentale.
Selon des information de presse en provenance de la capitale maltaise La Valette, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a rencontré séparément, jeudi, ses homologues algérien et marocain pour relancer l’idée d’une intervention urgente des Nations unies dans le conflit du Sahara occidental et tenter de baisser, par ricochet, la tension entre l’Algérie et le Maroc.
Au terme de ses entretiens, M. Moratinos a affirmé que l’Algérie et le Maroc, ainsi que l’Espagne et la Mauritanie, «sont d’accord pour demander à M. Kofi Annan de nommer rapidement un nouveau représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental».
«Tout le monde est conscient que les Nations unies doivent s’atteler à trouver ce représentant pour donner une dynamique de paix et d’espoir à toute cette région et que le plus tôt sera le mieux», a souligné M. Moratinos. On ignore si le chef de la diplomatie espagnole a évoqué les relations bilatérales entre l’Algérie et le Maroc, à la faveur de la tension qui a éclaté entre les deux pays depuis le report sine die du sommet de l’UMA qui devait se tenir à la fin de mai en Libye, après la défection du roi Mohamed VI.
Ce conflit, vieux de 30 ans, le plus ancien d’Afrique, occupe les devants de la scène médiatique dans la région, suite à la sanglante répression menée depuis la fin de mai par les forces d’occupation marocaines pour réprimer les manifestations pacifiques dans les territoires sahraouis, notamment à El-Ayoun.
Ces manifestations, organisées pour réclamer notamment la tenue d’un référendum au Sahara occidental, se sont étendues à des régions du Maroc, par le biais d’étudiants sahraouis. La répression policière marocaine a fait au moins un mort et des centaines de blessés, alors que plusieurs Sahraouis ont été emprisonnés que ce soit dans les territoires occupés ou au Maroc.
Cette répression a été dénoncée par plusieurs organisations internationales de défense des droits de l’homme, notamment Amnesty international. Les relations entre l’Algérie et le Maroc se sont exacerbées depuis que le royaume avait refusé d’accueillir le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia qui devait effectuer une visite les 21 et 22 juin à Rabat.
L’Algérie avait dès lors pris acte de ce qu’elle a qualifié de «nouvelle volte-face marocaine», prenant à témoin la communauté internationale. Lors de la réunion des «5+5», qui regroupe les pays du flanc ouest de la Méditerranée (Portugal, Espagne, France, Italie et Malte) et ceux du Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye), les ministres des Affaires étrangères ont décidé de faire de la lutte contre l’immigration clandestine un point d’orgue de leur partenariat pour «sécuriser» leurs frontières maritimes.
La lutte contre l’immigration illégale est l’une des pierres d’achoppement dans les pourparlers entres les dix partenaires et qui constitue l’une des questions qui exacerbent les négociations entre l’Union européenne et les pays du Maghreb, plus particulièrement au sujet de la libre circulation des personnes, avec en toile de fond la politique de délivrance des visas Schengen.
Dans la perspective d’endiguer l’émigration clandestine, la Libye et Malte ont proposé conjointement qu’une réunion se tienne à Tripoli au début de 2006, englobant non seulement les pays d’accueil ou de transit des clandestins mais aussi les pays d’Afrique subsaharienne, grands pourvoyeurs en immigrants clandestins.
Il a été, dès lors, envisagé une série de mesures destinées à faire face à ce phénomène transfrontalier. Outre le contrôle aux frontières, le renforcement des patrouilles en mer et le rapatriement des clandestins interpellés, les «dix» ont convenu d’aider économiquement et socialement des pays dits «d’origine», comme le Soudan ou l’Erythrée, car un risque se présente pour des pays comme Malte ou la Libye, autrefois pays de transit, et qui deviendront à l’avenir des pays d’accueil lorsque l’Europe aura fermé hermétiquement ses frontières.
C’est dans cette optique que la France devrait abriter les 9 et 10 novembre prochain une réunion du groupe des «5+5» consacrée exclusivement au dossier de l’immigration. Il a été également abordé lors de cette rencontre la question de la lutte contre le terrorisme, un autre des dossiers phares de ce rassemblement mais qui ne cesse de faire l’objet de controverse, notamment en ce qui concerne l’amalgame sciemment entretenu entre terrorisme et islam.
Z. M.