Sahara Occidental : Les Sahraouis pour la reprise des négociations, sans Peter Van Walsum

Sahara Occidental : Les Sahraouis pour la reprise des négociations, sans Peter Van Walsum

par Ali Babes, Le Quotidien d’Oran, 17 août 2008

Le Front Polisario a confirmé samedi, son refus de voir l’envoyé personnel du SG de l’ONU, le Néerlandais Peter Van Walsum, conduire de nouveau le processus de négociations avec le Maroc.

Le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, a estimé que l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental s’est «totalement» disqualifié pour conduire toute négociation future entre le Front Polisario et le Maroc. «En adoptant une attitude délibérément pro-marocaine, puisqu’elle conforte la position du Maroc qui ne conçoit de solution que dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du royaume, l’envoyé personnel se départit de l’attitude d’impartialité qui doit être la sienne et foule au pied la légalité internationale, se disqualifiant totalement pour la conduite future des négociations entre le Front Polisario et le Maroc», a-t-il écrit dans une lettre adressée à M. Ban Ki-Moon.

Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a également exprimé la «stupéfaction» et la «désapprobation» du Front Polisario à la suite de la déclaration faite en avril dernier, par M. Van Walsum, devant le Conseil de sécurité, soulignant qu’elle se démarque d’une manière «radicale» et «inacceptable» de la position traditionnelle des Nations unies sur cette question.

Le président sahraoui a, en outre, renouvelé l’»entière disponibilité» du Front Polisario à continuer de participer de «bonne foi» aux négociations initiées par le Conseil de sécurité de l’ONU, et sa «volonté ferme» de parvenir avec le Maroc à un «règlement définitif (…) qui permettra au peuple sahraoui de décider, en toute liberté, de son devenir».

Le Front Polisario a ainsi réitéré sa volonté de poursuivre les négociations directes avec le Maroc, sous l’égide de l’Onu, pour déboucher sur une solution politique au conflit du Sahara occidental, mais qui respecte le droit de son peuple à l’autodétermination, a estimé de son côté l’ambassadeur sahraoui à Alger, M. Brahim Ghali. Actuellement, près de 85 pays ont reconnu l’existence de la RASD, a-t-il indiqué. Les négociations directes, sous les auspices de l’ONU, entre le Front Polisario et le Maroc, sont suspendues depuis le mois de mars dernier, du fait des graves déclarations de l’envoyé personnel du SG de l’ONU, Peter van Walsum, qui ont conduit au gel de ces négociations. «Van Walsum a pris position pour le colonisateur marocain, ce qui est inacceptable. Son rôle de médiateur fait partie désormais du passé», a souligné le diplomate sahraoui qui avait participé aux 4 rounds de ces négociations de Manhasset. En fait, la qualité d’envoyé personnel du SG de l’ONU n’a plus court en ce qui concerne Peter Van Walsum, qui s’est discrédité en estimant «irréaliste» l’option de l’indépendance du peuple sahraoui, et porté atteinte à la crédibilité du SG, Ban Ki Moon.

Plusieurs observateurs sahraouis estiment que la balle est actuellement dans le camp du SG de l’ONU, qui doit nommer au plus vite un représentant personnel au Sahara occidental qui devrait, à son tour, relancer les négociations entre les parties au conflit, c’est-à-dire le Maroc et le Front Polisario. Des sources proches des milieux sahraouis estiment que le SG de l’ONU devrait très probablement désigner un nouvel envoyé personnel au Sahara occidental vers les mois de septembre ou octobre, le mandat de M. Walsum expirant le 21 août.

Les responsables sahraouis, en tout cas, veulent que le changement soit opéré le plus vite possible, même si officiellement, le SG de l’ONU n’a pas encore mis un terme au mandat de M. Peter Van Walsum, coupable d’un véritable hold-up politique en favorisant les thèses de l’occupant marocain dans ce conflit, au détriment de sa mission qui est de faciliter le dialogue pour une solution démocratique et conforme aux résolutions du Conseil de sécurité.

Le Conseil de sécurité avait appelé dans sa dernière résolution (1813), adoptée au mois d’avril dernier, à une solution politique au conflit du Sahara occidental à travers des négociations entre les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, sous l’égide de l’Onu et qui respecte le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination à travers le processus référendaire. Selon le Premier ministre sahraoui, M. Taleb Omar, «le rôle de l’Onu est de faire appliquer la légalité internationale. Si elle devient l’outil de la consécration du fait accompli colonial, alors nous n’en avons pas besoin». Les négociations maroco-sahraouies sont actuellement au point mort. Le 5è round de négociations dans le cadre du processus de Manhasset, prévu au mois de mars dernier, n’a pas eu lieu du fait des déclarations de l’envoyé personnel du SG de l’ONU. Le Sahara occidental est une «question de décolonisation, et c’est ce que réaffirme chaque année l’Assemblée générale des Nations unies», a rappelé au mois de juin dernier le Premier ministre sahraoui.

Par ailleurs, l’ambassadeur sahraoui à Alger a souhaité une extension du mandat de la Mission de l’Onu pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) sur le volet des droits de l’Homme. Selon lui, «c’est la seule mission de paix onusienne dans le monde qui n’a pas cette prérogative», a-t-il relevé, avant d’annoncer que l’»intifadha pour l’indépendance», lancée le 21 mai 2005 dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc, «va se poursuivre et se renforcer».