Sahara occidental: Un redéploiement politique et des échéances

Sahara Occidental

Un redéploiement politique et des échéances

Le Quotidien d’Oran, 11 août 2004

Ce qui a été présenté comme une simple semaine culturelle de soutien au peuple sahraoui, s’est transformé en un véritable sommet politique entre l’Algérie et la RASD. Une occasion, souligne-t-on en coulisses, pour rappeler la position immuable de l’Algérie sur la question du Sahara Occidental.

Pour ce faire, c’est Ahmed Ouyahia qui a été chargé par le président de la République pour éclaircir, encore une fois, la position de l’Algérie sur le dossier et surtout rencontrer l’importante délégation qui a accompagné le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, à une réception lundi soir à Djnan El Mithak.

Le président sahraoui a dépêché à Alger une importante délégation composée du ministre des Affaires étrangères, Ould Salek, le coordinateur avec la MINURSO, Mohamed Khaled, le représentant de la RASD à New York, M. Boukhari, le représentant à l’UE, Mohamed Sidati, et enfin l’ambassadeur sahraoui à Alger, Med Yarslam Bessat.

De son côté, Ouyahia était accompagné de deux ministres, Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères, et Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines.

Même si rien n’a filtré des discussions entre les deux parties, les discours prononcés par le chef du gouvernement et le président sahraoui devant un important parterre d’ambassadeurs africains et d’Amérique Latine et des ministres du gouvernement donnent un aperçu sur le ton donné par les deux pays.

Ainsi, le chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, a réaffirmé que toute tentative de semer la confusion sur la position de l’Algérie sur la question du Sahara Occidental, en tentant de travestir sa volonté et son engagement sincères à consolider l’entente et la concorde dans notre sous-région, n’est et ne sera qu’une vaine manoeuvre dilatoire, rappelant au passage le récent message du président, M. Abdelaziz Bouteflika, envoyé au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Un message clair aux opposants du plan Baker, qui après le «geste» de Rabat de supprimer les visas pour les Algériens ont laissé planer le doute sur «un éventuel changement» dans la position de l’Algérie sur le dossier du Sahara Occidental.

Par ailleurs, Ouyahia a indiqué que l’Algérie est disposée à construire des relations exemplaires avec le Maroc frère et voisin.

Elle est résolument engagée dans l’édification de l’Union du Maghreb arabe pour une intégration régionale plus urgente que jamais.

Le chef du gouvernement ajoute que l’Algérie invite tout particulièrement les puissances et les pays intéressés par le règlement de ce conflit à emprunter la véritable voie susceptible de hâter la concrétisation de cet objectif tant attendu, et cela en encourageant les deux parties concernées, à savoir le Royaume du Maroc et le Front Polisario, à aller de l’avant vers l’exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination, conformément au plan de paix unanimement adopté par le Conseil de sécurité.

Une position politique algérienne saluée dans son fond et dans sa forme par le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, qui de son côté a affirmé, dans un point de presse hier matin, que «la RASD est prête à répondre à Rabat si les préoccupations du Maroc sont économiques, sécuritaires ou stratégiques», à condition, dit-il, que cela s’inscrive dans le respect de la légalité internationale, des principes du droit international, de la charte des Nation unies et des conventions y afférentes.

Le président sahraoui, qui a saisi l’occasion pour fustiger une nouvelle fois la France pour, dit-il, son soutien «avéré» à la politique d’extension territoriale du Maroc et sa volonté d’amender le plan Baker, a exprimé en parallèle ses remerciements au peuple espagnol qui a toujours manifesté son soutien à la cause du peuple sahraoui montrant ainsi son opposition aux positions du gouvernement Zapatero.

Ce redéploiement politique de l’Algérie sur la scène internationale, à propos de la question du Sahara Occidental, prépare surtout un mois de septembre décisif pour le règlement de la question et qui coïncide avec la visite de l’envoyé spécial des Nations unies, Alvaro De Soto, dans les camps sahraouis, mais aussi avec l’arrivée de l’Espagne à la présidence du Conseil de sécurité prévue pour le mois d’octobre 2004 et qui usera de «son poids dans la région» pour tenter d’amender «le plan Baker».

Salim Bey