Le gouvernement sahraoui adopte son programme pour 2008

Le gouvernement sahraoui adopte son programme pour 2008 :

Le Polisario renforce ses moyens de lutte

par Yassine Mohellebi, Le Jeune Indépendant, 10 février 2008

Le Conseil des ministres de la République sahraouie a adopté, vendredi dernier, lors de sa réunion au niveau de la présidence de la RASD, le programme du gouvernement pour l’année 2008. Ce programme vient renforcer, d’un degré supplémentaire, la donne du dossier sahraoui.

En effet, il est axé essentiellement sur le soutien de l’Intifada dans les territoires occupés du Sahara occidental, le renforcement des capacités humaines et matérielles de l’armée sahraouie et la consolidation de l’organisation politique du Polisario.

Cette feuille de route tranche on ne peut mieux avec ses précédentes, dans la mesure où le Front Polisario, incarnation des institutions de la République sahraouie, s’est toujours défendu d’adopter d’autres voies que celle diplomatique.

Or, depuis son 12e congrès tenu entre le 14 et le 20 décembre de l’année écoulée, dans la localité libérée de Tifariti, le Front Polisario a vraisemblablement fait le constat que les concessions et la lutte diplomatique n’ont en rien altéré l’entêtement du Maroc, conforté par l’absence de pressions effectives de la part de la communauté internationale, et ce malgré les pressions exercées par les populations sahraouies, tant à partir des camps de réfugiés qu’au niveau des territoires occupés par le Maroc où le cycle émeutes – répressions – intimidations est le lot quotidien de la vie des Sahraouis.

Ce soutien à l’Intifada pour l’indépendance et le renforcement des capacités humaines et matérielles de l’armée sahraouie semblent bien augurer un changement de stratégie de la part du Front Polisario. L’échec des négociations directes en cours entre les deux parties en conflit aurait «forcé la main» aux dirigeants du Polisario pour les mener à opter pour une nouvelle stratégie, sans toutefois fermer la porte de la lutte pacifique.

D’ailleurs, au cours de la réunion qui s’est déroulée sous la présidence du chef de l’Etat sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, il a été entendu des exposés des ministres en charge de l’information et des territoires occupés, respectivement MM.

Mohamed El-Mami Tamek et Khalil Sidi Mhamed, relatifs aux «violations systématiques des droits humains commises par le gouvernement marocain sur les Sahraouis, tant au Sahara occidental et au sud du Maroc que dans les universités marocaines», précise un communiqué de l’agence sahraouie SPS.

Peut-on négocier avec un régime qui réprime un peuple colonisé et qui n’accepte même pas les mesures de confiance établies par le facilitateur de l’ONU ? Le prochain round des négociations, prévu en mars à Manhasset toujours, risque de tourner court, à moins que l’envoyé spécial de Ban Ki-moon ne réussisse à convaincre les parties en conflit à aller vers des pourparlers sérieux pour la mise en œuvre de la résolution 1754 du Conseil de sécurité.

Ce qui semble peu probable et les négociateurs du Polisario ne l’ignorent certainement pas. Pendant ce temps, la cour coloniale marocaine d’El-Ayoun a condamné, mercredi dernier, deux prisonniers politiques sahraouis à un an de prison ferme chacun, a rapporté l’«Association sahraouie des victimes de graves violations des droits de l’homme commises par l’Etat marocain».

Y. M.