Sahara occidental: l’ONU adopte une résolution modérée
El Watan, 25 avril 2013
Il n’y a pas d’élargissement des prérogatives de la Minurso à la question des droits de l’homme, comme l’ont souhaité le Polisario et des ONG internationales dans la nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara Occidental, adopté ce jeudi. Le Conseil de sécurité de l’ONU a juste encouragé -comme dans la précédente résolution d’ailleurs- le Maroc à mieux respecter les droits de l’Homme au Sahara occidental mais sans charger la mission de l’ONU sur place d’enquêter dans ce domaine comme le voulait le Front Polisario, Washington et d’autres ONG internationales.
La résolution adoptée ce jeudi à l’unanimité « encourage les parties à poursuivre leurs efforts respectifs pour promouvoir et protéger les droits de l’Homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf » (Algérie). Elle « reconnait les mesures prises par le Maroc » dans ce domaine. Elle prolonge, comme tous les ans, le mandat de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso), jusqu’au 30 avril 2014.
Les Etats-Unis avaient d’abord présenté un texte qui, pour la première fois, chargeait la Minurso de « surveiller et de faire un rapport sur » le respect des droits de l’Homme.
Ceux-ci avaient réagi très vivement le Maroc, allant jusqu’à reporter sine die un exercice militaire conjoint avec des soldats américains et faisant pression sur le Groupe des amis du Sahara occidental (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Espagne). Un diplomate à l’ONU a évoqué une intervention décisive du roi du Maroc Mohammed VI qui a envoyé une lettre au président américain Barack Obama.
Finalement Washington a renoncé à inclure les droits de l’Homme dans le mandat de la Minurso, qui est une des rares missions de l’ONU dans le monde sans mandat dans ce domaine.
Il reste que la résolution souligne l’importance d’avancer dans les négociations, actuellement dans l’impasse, afin de « contribuer à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel ». Elle « demande à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la Minurso » et de garantir la liberté de mouvement et de communication de son personnel.
Le Conseil réaffirme son soutien à Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. M. Ross, un temps désavoué par le Maroc l’an dernier, vient d’effectuer une tournée dans la région. Depuis quelques années, le renouvellement du mandat de la Minurso donne lieu à des débats sur les droits de l’Homme, des ONG et un envoyé spécial de l’ONU ayant accusé les Marocains de torturer des militants sahraouis qui luttent pour l’indépendance du territoire.
L’an dernier, la résolution soulignait « qu’il est important d’améliorer la situation des droits de l’Homme » mais réclamait aussi des « mesures indépendantes et crédibles » dans ce sens, formule qui n’apparait pas dans le texte voté jeudi.
Celui-ci est « plus faible que l’an dernier », estime un diplomate, qui explique que les Etats-Unis se sont attaqués à un sujet extrèmement sensible pour Rabat et qu’ils ont dû « capituler en rase campagne ». « Le Maroc est désormais prévenu qu’on va surveiller de près son respect des droits de l’Homme », nuance le directeur pour l’ONU de Human Rights Watch Philippe Bolopion. Les Etats-Unis, estime-t-il, « doivent continuer de faire pression pour étendre le mandat de la Minurso » et leurs alliés devraient les soutenir.
Saluant « l’initiative louable » de Washington, le réprésentant du Front Polisario à l’ONU Ahmed Boukhari a affirmé que « l’extrême hostilité » manifestée par le Maroc en réaction tend à prouver « que des violations graves des droits de l’Homme ont lieu et que le gouvernement marocain veut les dissimuler ».
El Watan avec AFP