Les négociations entre le Polisario et le Maroc commencent demain

Retour aux hostilités en cas d’échec

Les négociations entre le Polisario et le Maroc commencent demain

par Djamel B., Le Quotidien d’Oran, 17 juin 2007

Les négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc, sous l’égide de l’ONU, s’ouvriront demain près de New York. Durant deux jours, les deux délégations seront accueillies par l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, Peter Van Walsum, dans une résidence privée à Manhasset, dans la banlieue de New York, pour des discussions que les diplomates qualifient de «très sensibles».

Les négociations devraient se dérouler en présence des représentants de l’Algérie et de la Mauritanie, ainsi que du groupe des amis du Sahara Occidental (France, Grande-Bretagne, Espagne, Etats-Unis et Russie), invités par l’ONU. Néanmoins ces derniers ne devraient pas participer aux discussions. La délégation du Front Polisario, composée de quatre membres, sera conduite par Mahfoud Ali Beiba, un membre du secrétariat national de l’organisation, alors que la délégation du Maroc sera dirigée par le ministre de l’Intérieur du royaume Chakib Benmoussa.

Jeudi, le Maroc a déclaré qu’il entendait «tourner la page» lors des prochaines discussions sur le Sahara Occidental. «Nous y allons avec beaucoup d’optimisme et avec la volonté de définitivement tourner la page», a dit le porte-parole du gouvernement marocain, Nabil Benabdellah. «Nous espérons que tout le monde affiche le même esprit positif et respecte la dernière résolution de l’ONU qui appelle à des négociations directes de bonne foi et sans pré-conditions», a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Rabat.

De son côté, le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, a affirmé, dans une lettre adressée au courant de la semaine écoulée au secrétaire général de l’Onu, M. Ban Ki-moon, que le Front Polisario engagera avec une «volonté sincère» les négociations avec le Maroc, en vue de la «décolonisation du Sahara Occidental». La partie sahraouie a une «volonté sincère d’aider le secrétaire général de l’Onu dans sa mission», relative à la «décolonisation du Sahara Occidental, dernière colonie en Afrique», avait écrit le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Le peuple sahraoui doit exercer «son droit légitime à l’autodétermination, conformément au Droit international, à la Charte et aux résolutions de l’Onu», a-t-il ajouté. «Le règlement juste de ce conflit qui a trop duré renforcera la crédibilité de l’Onu, consolidera les valeurs de la justice et du Droit international et confortera la paix et la stabilité dans la région» de l’Afrique de l’Ouest, a affirmé M. Mohamed Abdelaziz.

En avril, le Maroc a proposé un référendum sur l’autonomie qui envisage de donner aux Sahraouis «le contrôle sur leurs affaires grâce à des institutions législatives, exécutives et judiciaires» sous la souveraineté marocaine et appelle à des «négociations pour une solution politique acceptable pour toutes les parties».

Rabat a insisté pour que l’Algérie soit traitée par l’ONU comme une partie impliquée dans le conflit. Le Front Polisario, qui a rejeté la dernière proposition de référendum marocaine et a réitéré «le droit de la population locale à l’autodétermination», a indiqué qu’il était prêt à tester la proposition marocaine dans le cadre d’un référendum organisé par l’ONU.

Le 30 avril, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé le Maroc et le Front Polisario à lancer des discussions directes sous l’égide de l’ONU sans pré-conditions pour l’autodétermination du Sahara Occidental. Le Conseil a renouvelé pour six mois le mandat de la Mission de l’ONU pour le référendum au Sahara Occidental (MINURSO).

Hier, le responsable de la diplomatie sahraouie, M. Salem Ould Salek, avait indiqué qu’un échec des négociations entre le Maroc et le Polisario relancerait les hostilités au Sahara Occidental. «Le Polisario a choisi la voie pacifique pour une solution au conflit du Sahara Occidental, mais il ne peut rester les bras croisés. L’intransigeance du Maroc peut provoquer le retour aux hostilités», a-t-il dit.