Le Maroc annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Iran
Conflit du Sahara occidental
Le Maroc annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Iran
El Watan, 2 mai 2018
Rabat reproche à Téhéran de faciliter la livraison d’armes au Front Polisario par l’intermédiaire de l’ambassade iranienne en Algérie.
Le Maroc a annoncé, hier, la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Iran, rapporte l’AFP citant le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita. Téhéran est accusé par Rabat d’avoir facilité la livraison d’armes au Front Polisario par l’intermédiaire de son allié le Hezbollah libanais.
Une «première livraison d’armes a été récemment fournie au Polisario», via un «élément» à l’ambassade iranienne à Alger, a indiqué Nasser Bourita. «Le Maroc dispose de preuves irréfutables, de noms identifiés et de faits précis, qui corroborent cette connivence entre le Polisario et le Hezbollah contre les intérêts suprêmes du royaume», a affirmé le chef de la diplomatie marocaine.
L’ambassadeur du Maroc à Téhéran a «quitté mardi l’Iran et je vais demander au chargé d’affaires de l’ambassade d’Iran de quitter le royaume sans délai», a-t-il ajouté. Le ministre s’exprimait à son retour de Téhéran, où il dit avoir informé son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, de la décision du Maroc. Le royaume rejette toute solution autre qu’une autonomie sous sa souveraineté.
Un cessez-le-feu est intervenu en 1991 après des années de conflit. Vendredi, le Conseil de sécurité a adopté une résolution appelant les parties en conflit au Sahara occidental à des «négociations sans préconditions» et prolongeant de six mois seulement le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), qui a expiré le 30 avril. La résolution prolonge jusqu’au 31 octobre cette mission. Le dernier round de négociations entre le Maroc et le Front Polisario remonte à 2008.
Exactions
Par ailleurs, une vingtaine d’associations ont demandé au président français, Emmanuel Macron, de mettre fin aux violations des droits de l’homme au Sahara occidental et soutenir la mise en place d’un mécanisme de surveillance des droits humains, rapporte l’APS citant ladite lettre. «Les organisations signataires vous appellent, en outre, à intervenir auprès des autorités marocaines afin de mettre un terme aux graves violations des droits de l’homme au Sahara occidental.
Elles vous appellent à soutenir», au niveau de l’Organisation des Nations unies (ONU), «la mise en place d’un mécanisme international de surveillance des droits humains sur l’ensemble des territoires du Sahara occidental», ont écrit ces organisations de France, de Belgique, du Sénégal, de Tunisie et du Maroc, dans une lettre ouverte au président français.
Elles ont condamné dans ce contexte la privation du droit de visite de Claude Mangin-Asfari, lui demandant d’intervenir auprès des autorités marocaines pour que cette interdiction d’«accès au territoire du Maroc soit levée». «Il s’agit de faire respecter les droits fondamentaux d’une citoyenne française», ont-elles souligné, rappelant qu’elle vient, une nouvelle fois, d’être interdite d’entrée sur le territoire marocain à son arrivée à l’aéroport de Rabat le 16 avril 2018, «sans qu’aucun motif ne lui soit communiqué».
«Elle se trouve ainsi privée de visite depuis 21 mois, en violation flagrante des conventions internationales des droits humains et de la législation marocaine qui établissent le droit à une vie privée et familiale pour les prisonniers, en particulier à travers le droit de visite», ont affirmé ces organisations non gouvernementales (ONG), attirant l’attention du président français sur la grève de la faim qu’elle a entamée le 18 avril «afin d’interpeller l’opinion publique française et internationale sur la grave situation à laquelle elle doit faire face».
Le Maroc, soutenu par la France, interdit depuis des mois des visites aux prisonniers sahraouis détenus dans ses geôles, ainsi que celles des militants des droits de l’homme. On dénombre au total 350 personnes interdites de se rendre au Maroc. En février dernier, deux avocates, Ingrid Metton et Olfa Ouled, du groupe des 24 militants sahraouis de Gdeim Izik, détenus au Maroc depuis plus de sept ans, ont été interdites d’entrer au Maroc.
Les deux avocates du barreau de Paris, qui avaient défendu les militants sahraouis lors des audiences de leur procès en appel, entre janvier et mai 2017, à la cour d’appel de Rabat-Salé, ont voulu rendre visite à leurs clients suite à des informations faisant état de mauvais traitements qu’ils auraient subis en prison.
Dix-neuf militants sahraouis ont été lourdement condamnés le 19 juillet 2017, au terme de ce procès où les seules preuves présentées restent des aveux signés sous la contrainte. Les prisonniers politiques sahraouis ont été dispersés dans sept prisons à travers le territoire marocain.
Amnay idir