L’inoxydable voix du peuple sahraoui

Le Front Polisario célèbre son 45e anniversaire

L’inoxydable voix du peuple sahraoui

El Watan, 9 mai 2018

Le Front Polisario célébrera demain à Aousserd (camp de réfugiés sahraouis) le 45e anniversaire de sa création.

Le 10 mai 1973 est créé le Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro (Frelisario, aujourd’hui Front Polisario) qui revendique l’indépendance du Sahara occidental. Il déclenche alors la lutte armée contre la colonisation espagnole.

Après le départ des Espagnols, il a mené la guerre d’indépendance contre les forces d’occupation marocaine et mauritanienne. En 1979, un traité de paix est signé entre le Front Polisario et la Mauritanie : retrait des troupes, renoncement à toute revendication sur le tiers du Sahara occidental obtenu lors des accords de Madrid et reconnaissance du Front Polisario comme seul représentant du peuple sahraoui. En 1991, un cessez-le-feu est signé sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU), assorti d’un plan de paix qui prévoit la tenue d’un référendum d’autodétermination.

Comme est mise en place la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Depuis, le Maroc contrôle et administre environ 80% du territoire, tandis que le Front Polisario en contrôle 20%. Entre-temps, les négociations ont été entamées par le Front Polisario et le Maroc pour la mise en œuvre du processus de l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Mais ces pourparlers sont aujourd’hui au point mort en raison des blocages dressés par la partie marocaine visant à retarder le processus du règlement du conflit sahraoui. Le Front Polisario réclame l’indépendance du territoire à travers un référendum d’autodétermination, alors que le Maroc offre une autonomie sous sa souveraineté.

Envoyé spécial de l’ONU au Sahara occidental, James Baker présente un plan, en 2003, qui prévoit un régime d’autonomie pour une durée de 5 ans, suivi d’un référendum comportant l’option de l’indépendance. Les électeurs seront les Sahraouis et toute autre personne de plus de 18 ans vivant au Sahara occidental depuis au moins quatre ans.

Accepté par le Polisario, le plan est rejeté par le Maroc. D’où la démission de Baker en 2004. En mai 2012, le Maroc retire un temps sa confiance à Christopher Ross, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu, l’accusant de «partialité». L’émissaire onusien finit par démissionner après huit ans passés à tenter de régler le conflit entre le Maroc et le Front Polisario. Cette démission souligne l’échec des Nations unies à faire avancer ce conflit vieux de plusieurs décennies vers un dénouement.

De son côté, la Cour européenne de justice (CJUE) a invalidé le 27 février 2018 un accord de pêche signé entre le Maroc et l’Union européenne (UE) qui a inclus les eaux territoriales du Sahara occidental sans consulter le peuple sahraoui, jugeant que l’accord en question enfreindrait plusieurs règles de droit international, notamment le principe de l’autodétermination consacré par les textes fondateurs de l’ONU.

Négociations comme issue

Le 27 avril dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une nouvelle résolution (2414) portant sur le renouvellement du mandat de la Minurso pour une durée limitée, cette fois-ci à six mois au lieu d’une année, et appelant «les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, à reprendre les négociations directes sans préconditions et de bonne foi». La résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, tout en réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, a exigé des deux parties de «reprendre dans les meilleurs délais, leurs négociations directes» et exprimé son appui à Horst Kohler, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, dans sa mission d’amener les deux parties au conflit à la table des négociations. Pour des membres du Conseil de sécurité, le renouvellement du mandat de la Minurso pour un mandat de six mois constitue un «moyen de pression» sur les deux parties, en particulier sur le Maroc, «pour engager, sans délais, lesdites négociations».

Réuni lundi, le bureau permanent du secrétariat national (SN) du Front Polisario a réitéré sa volonté de coopérer de manière constructive pour la reprise immédiate des négociations directes avec le royaume du Maroc, sans conditions préalables et de bonne foi, pour permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, a rapporté hier l’APS, citant l’agence sahraouie SPS. Le bureau permanent du SN a exprimé son «soutien à l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Horst Kohler, pour la relance immédiate du processus de négociations en arrêt depuis 2012», souhaitant que le Conseil de sécurité agirait sur la base de la résolution 2414 adoptée récemment pour amener le royaume du Maroc à se conformer à la légitimité internationale.

Le Front Polisario a également appelé le Conseil de sécurité à agir pour «mettre fin aux politiques d’intransigeance, d’obstruction et de chantage du Maroc et accélérer ainsi l’aboutissement de la mission de la Minurso, à savoir organiser un référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui, à travers un référendum libre, juste et équitable».

Il a rappelé que «le royaume du Maroc, depuis son invasion militaire illégale du Sahara occidental le 31 octobre 1975, a toujours été «une pierre d’achoppement aux efforts internationaux, notamment l’entrave au référendum d’autodétermination, l’expulsion de la composante civile de la Minurso, sa violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu et de l’accord militaire n°1 dans la région d’Al Guerguerat et son refus de mettre en œuvre la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU (2351) concernant l’envoi dune mission technique».

Nadir Iddir